Zue Salim : Qu’est-ce qu’une bonne toile sans l’œil de l’observateur ?

Zue Salim : Qu’est-ce qu’une bonne toile sans l’œil de l’observateur ?
Zue Salim pendant l’exposé de la journée «foire des artistes»©Akeza.net

Zue Salim pendant l’exposé de la journée «foire des artistes»©Akeza.net

 

Ecoutez Zue Salim parler de peinture et de toiles peut s’avérer très contagieux. Elle y met tellement de passion…elle ne cherche pas à convaincre, elle prend plaisir à parler des contours d’un art qui la passionne, comme si elle se parlait à elle-même, comme si elle décrivait un paradis…

                   

Akeza.net : Parles-nous de tes tableaux, de la peinture…

 

Zue Salim : La peinture, j’adore ! Mes tableaux sont différents les uns des autres selon mon inspiration et le thème que je me donne. Cela  me permet de creuser au fond de moi, cogiter plusieurs jours avant d’avoir une idée de ce que je veux, c’est un art sans fin !

Tu ne veux pas prouver aux autres tes talents, tu te donnes des défis à toi-même et c’est ce que j’adore, l’expression !
Akeza.net : Comment as-tu commencé ?

 

Zue Salim : J’ai toujours dessiné depuis toute petite, ensuite on m’a introduit au collectif MAONI. C’est avec ce dernier que je me suis épanouie. Il y a tellement d’artistes talentueux dans le collectif. Cela nous encourage et  nous donne un espace d’expression.

La migration de mes papiers vers un tableau était un challenge et j’ai adoré.

 

Akeza.net : Cela fait combien de temps que tu fais des tableaux ?

 

Zue Salim : Je ne me rappelle pas très bien, je crois que j’ai migré aux tableaux en 2011. C’était juste avant l’exposition, de MAONI ‘’AMOUR’’.

 

Akeza.net : De quoi parlent tes tableaux ?

 

Zue Salim : De tout…donnez-moi un thème et je vous en ferai un tableau…rires. Non, en fait cela dépend de mon inspiration. Je fais beaucoup plus d’abstrait et de symbolisme, j’exprime ma perception des choses avec mes propres symboles, loin du réalisme, l’idéiste, et enfin ce doit être décoratif.

 

Akeza.net : Tu arrives à vendre ?

 

Zue Salim : Le premier tableau que j’ai fait a été acheté par l’ambassade de Belgique, c’était un encouragement. Mais j’expose rarement (avec le collectif). Ce n’est pas évident de vendre en dehors des expositions. Il faut avoir une clientèle fidèle, si non se lancer dans des expositions en solo pour se faire connaitre. Je me cherche encore, j’apprends et j’explore, c’est beaucoup plus une passion. Quand je ferai une exposition en solo, vous serez tous invités.

Akeza.net : Et là, tu as déjà combien de tableaux à ton actif ?

 

Zue Salim : Je ne sais pas trop. Parfois je peins, après un temps, je refais le tableau avec une autre inspiration. Certains je vends, d’autres je donne ou je garde. Je suis égoïste oui ! Rires…j’aime les décorer, les corriger ou m’en inspirer de temps à autre.

 

Akeza.net : Envisages-tu d’en faire une profession ?

 

Zue Salim : Vous voulez dire vivre de mes tableaux ? Non ! Combien de personnes connaissez-vous qui sont prêt à acheter un tableau qui vaut des centaines ?  Bien peu. En effet, c’est un métier qui demande courage et sacrifice. Je peins parce que j’aime cela , c’est un mode d’expression à un public , pour passer un message , partager une vision artistique. C’est cela qui est important.

 

Akeza.net : Qu’est ce qui fait un bon peintre ?

 

Zue Salim : Un bon peintre ? Cela peut prendre différents sens, subjectifs surtout. Un bon peintre est celui qui maitrise son art, connu ou pas. Maitriser son art est pour moi donner tout de lui-même afin de reproduire son imagination,  passer son message. Tout comme chacun a sa définition d’un bon musicien, un bon peintre est un sujet subjectif. Mais le message est aussi interprété subjectivement. Qu’est-ce qu’une bonne toile sans l’œil de l’observateur ?

 

Akeza.net : Quels sont les défis du travail de peintre au Burundi ?

 

Zue Salim : Les défis, il y en a beaucoup, à commencer par le matériel. Trouver de la peinture de qualité ici est mission impossible. Il  faut l’importer d’Europe, du Kenya. C’est ainsi que tu as le 2è grand défi : il faut un gros capital !

Tu as aussi la perception culturelle. Ce n’est malheureusement pas dans la culture d’aller voir une exposition ou d’acheter. Un papa dira ‘’pourquoi dépenserai-je autant d’argent pour ça ?’’.La jeunesse est par contre plus sensible, petit à petit.

 

Akeza.net : Comment faites-vous pour passer au travers ?

Zue Salim : Franchement, il faut faire des sacrifices et avoir du courage car ce n’est point facile. Une des solutions est de s’associer et ainsi avoir plus de poids et d’entraide.

 

Akeza.net : Merci pour cet entretien. Courage.

 

Zue Salim : il n’y a pas de quoi. Courage à vous aussi

 

Propos recueillis par Landry MUGISHA

 

 




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