Vijaya SOURI, Chef de mission de l’OIM Burundi .©OIM
En vue d’identifier toutes les zones à risques de catastrophes naturelles au Burundi, l’Organisation internationale pour la Migration (OIM) en partenariat avec la Plateforme Nationale de Prévention des Risques et Gestion des Catastrophes (PFN), ont organisé un atelier méthodologique participatif et consultatif pour démarrer la cartographie multirisque qui couvrira tout le territoire burundais. Celle-ci est l’une des activités couvrant l’ensemble du projet de l’OIM sur le Renforcement de la résilience face aux risques liés aux catastrophes naturelles au Burundi qui s’étend sur une période de trois ans (2020-2022), grâce à un appui financier de l’Union Européenne (UE).
Il s’agit d’un projet qui vient à point nommé, car chaque année, le Burundi est frappé de plein fouet par les aléas naturels : inondations, glissements de terrain et des berges au niveau des rivières, pluies torrentielles, vents violents, et sècheresses. Ces catastrophes naturelles sont responsables de plus de 80% des déplacements de populations selon l’OIM Burundi (source DTM, Juin 2020). Des maisons sont détruites (d’autres sont menacées de destruction) et des champs agricoles sont dévastés par des intempéries pendant la saison des pluies.
Malgré l’implication et l’engagement du Gouvernement burundais, qui a intégré dans le Programme National de Développement (PND :2018-2027) la Réduction des Risques des Catastrophes et l’Adaptation aux Changements Climatiques, beaucoup de choses restent à faire. L’emplacement géographique du Burundi dans le prolongement de la Rift Valley l’amènerait à faire face aux risques de tremblement de terre et le changement climatique exacerbe l’intensité et la fréquence des phénomènes hydrométéorologiques.
« C’est la raison pour laquelle l’OIM a mis en œuvre ce projet afin de minimiser ces risques de catastrophes naturelles qui entravent les moyens de subsistances des populations rurales et impactent les efforts du Burundi dans l’atteinte des Objectifs de Développement Durable. C’est un projet qui va couvrir toutes les 18 provinces et 119 communes pour permettre une bonne localisation des zones les plus à risques et leur impact potentiel à travers l’élaboration d’une cartographie, d’un atlas des risques et d’un portail en ligne sur l’information du risque », a indiqué Vijaya Souri, Chef de Mission de l’OIM Burundi.
Dans son discours, le Ministre de l’Intérieur, du Développement Communautaire et de la Sécurité Publique Gervais NDIRAKOBUCA a indiqué que ces catastrophes naturelles méritent une attention particulière. « Cette cartographie constitue un outil essentiel non seulement dans la planification pour une meilleure gestion des risques des catastrophes mais également pour l’orientation optimale des investissements visant à prévenir les risques et à gérer les catastrophes qui en découlent ».
Un danger imminent
Différentes institutions nationales (IGEBU, PFN) et organisations internationales (UE, OIM, OXFAM, GIZ/ACCESS, PNUD, ), ainsi que des experts ayant des programmes dans le domaine de la Réduction des Risques des Catastrophes (RCC) au Burundi ont tour à tour effectué une brève présentation sur les projets réalisés en la matière. Elles ont montré que le travail actuel de la cartographie multirisques peut se baser sur plusieurs actions existantes à valoriser, et que la prévention, préparation, mitigation et gestion efficiente sont les socles d’un développement économique et social.
Quid des attentes ?
« Cultiver la culture du risque, réduire et renforcer la résilience des communautés locales par le biais d’interventions en matière de prévention, préparation et mitigation (la gestion des risques avant, pendant et après), renforcer les capacités à tous les niveaux du pays à se préparer à faire face aux catastrophes afin d’atténuer leur impact », relève l’OIM.
Pour mener à bon port ce travail de recherche et d’analyse, l’OIM a établi un partenariat avec un consortium d’experts burundais et internationaux, qui regroupent toutes les diverses expertises nécessaires dans le domaine. Ces derniers vont mettre ensemble leurs compétences scientifiques en matière de modélisation climatique, imagerie spatiale et analyse de la vulnérabilité socio-économique, nécessaires à la réalisation d’une telle évaluation multi-aléas. Et ce, en dépit d’une problématique de manque et d’accès aux données qui se montre récurrente lors des recherches initiales, raison pour laquelle un appel est lance’ aux différentes institutions et organisations afin de contribuer avec leurs données. Les résultats de l’évaluation et de la cartographie seront à la portée du Gouvernement et tous les autres partenaires au niveau national, provincial et communal pour prendre des décisions stratégiques en matière de RCC.
La dernière séance de cet atelier de démarrage de la cartographie multirisques a été marquée par des travaux en groupes. La restitution a notamment relevé un manque de coordination entre l’IGEBU et les plateformes nationales, provinciales et communales dans la communication et la transmission des alertes et prévisions météorologiques. De là, les participants ont émis quelques suggestions et recommandations entre autres : le renforcement des capacités des élus locaux par-delà les leaders communautaires, l’inclusion d’un module sur la Gestion des Catastrophes au sein du Curriculum de l’Enseignement, la valorisation du Schéma Directeur de l’Aménagements du Territoire, développer une culture du risque au niveau des communautés et des médias : sensibilisation et formation de la population burundaise sur des faits réels ainsi que la création d’un système national d’alerte précoce sur les aléas.
Financé par l’U.E à hauteur de 13 millions d’Euros dans le cadre de son programme sur le renforcement de la résilience des communautés, ce projet d’élaboration de la cartographie multirisques fera partie d’un portail en ligne d’informations sur les risques des catastrophes ainsi qu’un atlas des risques.
Fleurette HABONIMANA