Samantha INARUKUNDO (au milieu) avec des artistes du collectif TwoFiveSeven Arts ©Akeza.net
Ceux qui travaillent dans le domaine de la vente en ligne le savent, il est quasi impossible de lancer une boutique en ligne ouverte sur le monde depuis le Burundi. S’ils sont nombreux à avoir échoué, Samantha Inarukundo, fondatrice et directrice de TwoFiveSeven Arts a réussi à contourner la difficulté et à lancer la boutique officielle de son institution en ligne. Une démarche qui lui a coûté en termes de temps et d’efforts pour cracker le code et ouvrir les portes du monde à ses artistes.
Beaucoup de travail et de nuits blanches
Lorsqu’on lui demande comment elle a réussi à le faire, c’est avec un sourire soulagé qu’elle répond : « Vous savez que ce n’est pas vraiment possible au Burundi d’avoir une boutique en ligne, mais j’ai cru que c’était possible. J’ai donc fait beaucoup de recherches pendant plus de 6 mois, beaucoup de travail de fond, j’ai posé beaucoup de questions aux personnes qui sont dans le domaine des technologies de l’information (IT). Ce qui demandait à ce que j’apprenne beaucoup en rapport avec l’IT. J’ai passé beaucoup de nuits blanches. J’ai essayé plusieurs choses. Je me décourageais et 2 semaines plus tard je reprenais. C’est beaucoup d’essais et d’erreurs. Et il y une semaine, j’ai réussi à cracker le code. Aussitôt que j’ai su comment faire, j’ai directement commencé à tout mettre en ligne. J’avais déjà préparé en amont tous les détails concernant les produits »
Ce travail de longue lui a permis de réussir là où plusieurs ont échoués. Les amateurs d’art, où qu’ils soient dans le monde, pourront désormais acheter des œuvres d’arts d’artistes burundais. TwoFiveSeven Arts a trouvé un moyen de vendre et d’être payé via des moyens qui ne sont pas encore disponible directement au Burundi. Un client pourra acheter une œuvre de n’importe quelle partie du monde et TwoFiveSeven Arts pourra recevoir son paiement sans que cela ne soit compliqué
Ceci représente une avancée de taille pour les artistes de TwoFiveSeven Arts. Ces derniers peuvent espérer vendre à des prix plutôt abordables lorsque l’on sait ce que cela implique pour produire une œuvre.
En parlant de prix, un profane en matière d’art, trouverait que les prix de certaines œuvres frisent l’indécence. Mais pour Samantha INARUKUNDO, il ne serait pas encore à la hauteur lorsque l’on fait le rapport entre le talent créatif et la qualité des œuvres. « Par rapport à la qualité des œuvres et la créativité pour produire les œuvres artistiques, je pense personnellement que les prix ne sont pas encore ce qu’ils devraient être. Sur d’autres marchés les prix seraient bien différents. Je veux dire plus élevés. Mais on tient compte du marché dans lequel nous évoluons et celui que nous visons. TwoFiveSeven veut que les burundais apprennent à acheter des produits d’art et nous essayons d’avoir des prix abordables de manière à ce que cela puisse être avantageux pour l’artiste et la galerie. Donc les prix sont fixés après discussion avec l’artiste en tenant compte du contexte dans lequel on est », nous explique Mlle Samantha qui espère réussir à insuffler au public burundais la culture d’acheter des œuvres d’art.
Réussir à rendre l’art visuel attractif, comment fait-elle ?
Cela est une étape de plus franchie par TwoFiveSeven Arts depuis son lancement. Après sa première exposition d’art en 2018 et l’ouverture de sa galerie d’art permanente (la première du genre au Burundi) en 2019, TwoFiveSeven semble briser les barrières et amener l’art visuel burundais à un autre niveau. Dans un domaine qui depuis longtemps peine à se faire une réelle place dans l’univers culturel burundais, Samantha Inarukundo semble avoir trouvé « La Formule » gagnante. Comment fait-elle ?
La réponse à cette question pourrait se résumer en deux mots: « Passion et Dévouement ». Pour Mlle INARUKUNDO, l’essence même de ses actions n’est motivée que par son dévouement pour l’art visuel. Une chose à laquelle elle consacre tout son temps et tous ses efforts. « Depuis septembre 2018, je vis, respire et mange l’art visuel. C’est la seule chose à laquelle je pense. Je ne fais rien d’autre à part TwoFiveSeven Arts. Et donc toutes les idées innovantes que je peux avoir ne sont qu’en rapport avec cela. Dans le présent comme dans le futur. Et lorsque vous passez autant de temps sur une chose, elle finit par payer. C’est comme cela que ça marche. Donc pour quelqu’un qui travaille dessus depuis aussi longtemps, je me dis qu’il y a encore des choses à faire. Cependant je suis très contente de voir que ça marche », dit-elle.
« Le travail paie » dit l’adage. Et celui de Samantha INARUKUNDO et de tous les artistes au sein de TwoFiveSeven le prouvent bien. La volonté de porter loin l’art visuel burundais porterait ses fruits et permettrait aujourd’hui aux artistes de TwoFiveSeven d’entrevoir un avenir meilleur pour eux et également pour la profession d’artiste. De quoi montrer la voie aux jeunes artistes qui rêvent de vivre de leurs talents un jour.
Moïse MAZYAMBO