Trésors de la culture : Les berceuses, une coutume chère à la maman burundaise qui tend à disparaître

Trésors de la culture : Les berceuses, une coutume chère à la maman burundaise qui tend à disparaître

Dans le Burundi traditionnel, bercer son bébé était une habitude chère au cœur de la femme burundaise. Cette dernière portait son bébé sur le dos tandis qu’elle vaquait à ses activités journalières dont cultiver, puiser de l’eau, piler le manioc ou faire la cuisine. La mère portait l’enfant sur le dos, emmitouflé dans une peau de chèvre ou d’antilope ou encore dans un petit pagne en ficus qu’on appelait « impetso » (le berceau). Il arrivait aussi que la mère berce son enfant en le portant sur ses épaules.

En berçant son bébé, la mère se promenait avec une petite branche d’arbre à feuilles ou une fleur dans sa main gauche ou droite qu’elle secouait en fredonnant des mots pleins d’affection « Calme-toi ! Calme-toi ! (…) Tu as fait de moi une mère, alors qu’avant j’avais peur d’elles (…) Si je rencontre Dieu, qui t’a donné à moi, je me prosternerai pour prier et lui demander des enfants (…).  Laisse-moi t’emmener chez ton père, ton père qui n’est pas ton oncle, c’est lui qui connait le biberon qui calme les enfants », disait la maman en berçant son enfant. Ces mots d’amour, prononcés d’une voix suave et mélodieuse par la mère exprimaient sa fierté. Son enfant, porté de musique, de douceur et d’affection cessait de pleurer et s’endormait.

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Une bonne pratique connue sur tout le territoire burundais

Dans le recueil de l’UNESCO (2009) sur la culture burundaise intitulé « Imico n’imigenzo ndangaburundi n’abayitirirwa : Icegeranyo c’ivyatohojwe », il a été écrit que les berceuses étaient plus fréquentes à la colline Tora de la commune Mugamba en province de Bururi et à la colline Jenda en commune Mugongo-Manga de la province Bujumbura. Toutefois, les berceuses sont bien connues sur tout le territoire du Burundi. Parfois, elles sont spécifiques à l’une ou l’autre région. De manière général, elles sont similaires dans toutes les provinces, sauf pour de rares exceptions qui se remarquent au niveau de quelques vocables propres à certaines régions.

Les thèmes qu’on aborde sont les mêmes et reviennent dans presque toutes les berceuses. Le mot « Imana », être suprême pour le Burundi et la famille, n’y manque pas. De même que le mot « mama » qui est utilisé pour bien créer un rythme mélodique. En plus d’un langage métaphorique et allégorique, les berceuses sont pleines d’images décrivant et embrassant l’amour maternel, la vie intime, familiale, sociale et publique.

Une bonne coutume qui tend à disparaître

En réalité, dans les milieux ruraux, encore moins les milieux urbains, rares sont les mamans qui bercent leurs bébés encore de nos jours. Serait-ce par ignorance ou est-ce la faute d’une modernité exacerbée si cette bonne coutume des mamans burundaises d’autrefois s’éteint petit à petit ?

Les berceuses font partie de la tradition orale du Burundi. Cette dernière se transmet de bouche à l’oreille. Actuellement, elles s’oublient de plus en plus. Il faut dire que le temps que les enfants passent avec les parents tout au long de la journée et lors des regroupements du soir facilitaient une transmission de la culture orale. Aussi, c’est un patrimoine culturel burundais qui n’attire pas beaucoup l’attention de la jeunesse burundaise actuelle.

Les défenseurs de cette pratique estiment que les berceuses nouent de bonnes relations entre le bébé et sa maman. Comment faire dans le contexte actuel pour les protéger de toute disparition ?

 

Melchisédeck Boshirwa