Saviez-vous que le professeur et historien Emile MWOROHA est le créateur du Musée Vivant de Bujumbura ?

Saviez-vous que le professeur et historien Emile MWOROHA est le créateur du Musée Vivant de Bujumbura ?

Le professeur Emile MWOROHA a créé le Musée Vivant de Bujumbura en 1977. A l’époque, il était Ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture. L’éclosion de l’idée du Musée Vivant est arrivée une année après la création de ce ministère. Sur base de diverses idées pour l’organisation de ce ministère, notamment la culture, qui a beaucoup de domaines, certaines sont ressorties du lot, entre autres, l’idée des archives nationales et celle de la collecte des traditions orales du Burundi dans différents domaines. Objectif visé : faire connaitre les éléments de la culture mais aussi de l’histoire du Burundi.

Le professeur Emile MWOROHA nous raconte…

 

Akeza.net : D’où est venue l’idée de la création du Musée Vivant ?

 

« Mon souhait est que cette institution se développe et se diversifie pour qu’elle soit vraiment à la fois un lieu de découverte et de loisir »

Professeur Emile MWOROHA au bureau de son Hôtel de l’amitié sis à l’Avenue de l’Amitié au centre ville de Bujumbura. ©Akeza.net

 

Prof Emile MWOROHA : Tout d’abord, en Afrique, le seul endroit où l’on trouvait un Musée Vivant, c’était à Niamey, au Niger. C’est ainsi que j’ai eu l’idée de créer le Musée Vivant de Bujumbura afin de restituer un certain nombre d’éléments de la culture traditionnelle, non seulement pour les visiteurs mais aussi pour le public de Bujumbura, notamment la jeunesse, pour qu’elle puisse connaître la culture traditionnelle.

 

Akeza.net : Quels étaient les débuts du Musée Vivant ?

 

Prof Emile MWOROHA : On a commencé par la reconstitution du rugo-«Urugo »,  parce que la civilisation du Burundi, c’est une civilisation de la colline et de l’enclos. Alors on a construit le rugo à la manière traditionnelle. On a aussi construit la case traditionnelle telle qu’elle était connue au XIXème siècle parce que, comme vous le savez déjà, la case traditionnelle que les Burundais avaient, a disparu progressivement à l’époque coloniale sauf dans la région d’Ijenda etc.

 

Il fallait donc reconstituer la case traditionnelle pour que l’on puisse voir comment nos ancêtres vivaient, les différents lieux qui composaient cette case notamment l’entrée, la place où l’on faisait le feu le soir, là où on préparait le repas, l’endroit où logeaient les parents, les enfants, l’endroit où on conservait le matériel traditionnel nécessaire comme les pots à lait, les barattes, les paniers, … en montrant aussi l’endroit où se trouvait le bétail.

 

Comme au Burundi il y avait beaucoup d’oiseaux, on a pensé à rassembler les oiseaux traditionnels du Burundi que les gens pouvaient venir observer. On a alors fait une grande fête, on a bu la bière de sorgho, pour inaugurer le musée vivant en 1977.

 

Akeza.net : Comment le Musée Vivant a-t-il évolué ?

 

Prof Emile MWOROHA : Il faut dire que la création du musée vivant était une idée provisoire. On pensait que c’est un musée fait de manière provisoire. Mais progressivement les gens de Bujumbura, même les visiteurs ont été séduits par ce qu’on reconstruisait dans l’enclos traditionnel. C’est dans ce cadre-là qu’il y a des ambassades qui s’y sont intéressés, notamment l’ambassade de France. L’ambassade de France a voulu participer à la valorisation du Musée Vivant. Dans ce cadre, on a construit des espaces réservés à l’artisanat traditionnel pour qu’on trouve quels objets étaient faits dans l’art burundais.

 

On a aussi créé un espace de théâtre. Il y a eu beaucoup d’autres initiatives notamment la venue des chimpanzés, les reptiles qu’on trouve au niveau du Burundi mais aussi les crocodiles du Nil, c’est-à-dire les crocodiles qu’on trouve dans le lac Tanganyika. Les crocodiles sont des animaux spéciaux qui vivent longtemps. Un crocodile peut vivre plus de 100 ans. A 35 ans, 40ans il est plutôt jeune.  Les visiteurs peuvent venir observer. Ces crocodiles font partie de la richesse touristique du Burundi.

 

Progressivement le Musée vivant est devenu une institution culturelle nationale. A un moment, on voulait supprimer le Musée Vivant parce que comme je vous ai dit, au départ, c’était une idée provisoire.  Mais le gouvernement a trouvé que c’est vraiment important qu’on trouve au niveau de la capitale politique du Burundi (maintenant capitale économique) un espace dédié à de telles expositions, un certain nombre d’animaux typiques (les singes, les crocodiles, le léopard, …)

 

Akeza.net : Comment le Musée Vivant peut-il attirer le plus de visiteurs ?

 

Prof Emile MWOROHA : Il faut maintenant qu’il y ait beaucoup d’efforts pour qu’on l’enrichisse davantage, pour que ce soit vraiment un lieu de découverte de la culture traditionnelle du Burundi, un lieu qui fait aussi partie du patrimoine culturel. Comme ça, les visiteurs pourront davantage apprécier le patrimoine culturel du Burundi dans tous ses aspects.

 

Akeza.net : Faut-il préserver et améliorer le Musée Vivant ?

 

Prof Emile MWOROHA : Je me souviens qu’à un certain moment, on voulait construire une route reliant Gisenyi, Cibitoke et Rumonge. La route devait passer par le Musée Vivant mais le gouvernement du Burundi a refusé. Le gouvernement trouvait qu’il fallait coûte que coûte préserver le Musée Vivant. Comme vous le voyez, le statut du Musée Vivant a beaucoup évolué : d’un projet provisoire, il est devenu un projet défendu par le gouvernement.

 

Aujourd’hui, mon souhait est que cette institution se développe et se diversifie pour qu’elle soit vraiment à la fois un lieu de découverte et de loisir.

 

Propos recueillis par Melchisédeck BOSHIRWA