Madame Lydia Mizero, Psychologue de formation et Directrice Exécutive de l’AST Magarayacu dans son bureau.©akeza.net
L’Association Santé pour Tous (AST) Magarayacu intervient dans cinq provinces du Burundi dont Bujumbura Mairie, Kirundo, Makamba, Mwaro et Ngozi. Cette association a différents domaines d’intervention parmi lesquels figurent l’appui psychosocial et la santé mentale. Via ce domaine, elle opère la réinsertion sociale et professionnelle des malades mentaux. Depuis sa création en 2011, 96 malades mentaux, 64 femmes et 32 hommes ont bénéficié de la réinsertion sociale et professionnelle.
Quelle est l’origine des troubles mentaux ?
D’après Madame Lydia Mizero, Psychologue de formation et Directrice Exécutive de l’AST Magarayacu, il est difficile d’identifier l’origine d’un trouble mental. « On peut penser que telle ou telle autre chose est à l’origine d’un trouble mental, alors que c’est juste un élément déclencheur », explique-t-elle. Il faut donc procéder à l’écoute du patient pour s’enquérir de son présent et de son passé afin de trouver le nœud du problème.
Et de souligner : « Le trouble mental le plus répandu est la dépression. Ça dérive souvent d’une série d’événements qui sont arrivés au patient en l’occurrence la perte d’un membre très utile dans la famille, la séparation, le divorce, … C’est pourquoi, lors du processus de la réinsertion sociale, avant toute autre chose, on doit d’abord le stabiliser pour qu’il retrouve son état».
Qu’est-ce que la réinsertion?
La réinsertion, selon le Psychologue français Jean Luc Chevalier, « c’est la résultante de deux processus de réadaptation et de réhabilitation qui se décrit comme l’introduction d’un élément dans un système cohérent, éventuellement complexe. Il s’agit du rapport de la personne à son entourage familial, à son voisinage et du partage et de la participation à la vie sociale de façon plus ou moins harmonieuse, plus ou moins satisfaisante ».
Donc, la réinsertion sociale d’un malade mental suppose sa réintégration dans sa famille et sa communauté.
« La société est en même temps une source et un remède aux troubles mentaux»
« On ne peut pas soigner un malade mental sans soigner sa communauté », dit Mme Lydia Mizero, psychologue de formation et Directrice Exécutive de l’AST Magarayacu. La famille ou la communauté doit donc comprendre qu’un malade mental n’est pas toujours celui ou celle qui est violent (e), qui crée du désordre ou chambarde tout à son passage.
Madame Lydia confie que l’AST Magarayacu fait le suivi de malades mentaux depuis l’hôpital qui les soigne. « On commence à suivre tel malade mental depuis l’hôpital. Par la suite, on prépare sa communauté et sa famille pour s’assurer qu’elle est prête à l’accueillir», indique-t-elle.
Comme le fait savoir Mme Mizero, la réinsertion sociale faite par l’AST Magarayacu va de pair avec une réinsertion professionnelle. « On repère le travail que le patient avait avant pour trouver ses collègues et les préparer à l’accueillir sans toutefois le stigmatiser. De même, quand il s’agit d’un élève ou d’un étudiant, on prépare ses camarades à l’accueillir. Et lorsque le patient n’avait pas de travail, l’AST Magarayacu l’intègre dans un groupe de caisse et d’épargne et enseigne les membres de ce groupe qu’un malade mental peut participer à l’exécution de pas mal d’activités comme les autres», confie Mme Lydia.
Il est à noter que l’AST Magarayacu ne paie pas les frais d’hospitalisation des patients. Par contre elle apporte son appui à leur réinsertion au sein de leur famille et leur communauté ainsi qu’à leur autonomie financière à travers des activités génératrices de revenue qu’ils sont capables d’exécuter.
Melchisédeck BOSHIRWA