Révolutionner la chaine de valeur avicole au Burundi

Révolutionner la chaine de valeur avicole au Burundi

D’après un récent rapport de la FAO sur l’alimentation dans le monde, chaque personne devait consommer en moyenne 42,8 Kg de viande par an.  Ainsi, le Burundi qui compte plus de 12 millions d’habitants, a besoin de plus de trois cent tonnes de viande pour satisfaire la demande. En cette période où le pays fait face à l’épidémie de la Fièvre de la Vallée du Rift (FVR), les consommateurs recourent à la consommation de la viande aviaire. Or, le pays compte actuellement moins de trois millions de têtes de volaille d’après les statistiques du ministère en charge de l’élevage.

 

Un secteur à l’état embryonnaire

Les différents acteurs de la filière avicole agissent toujours en solo, d’où une faible productivité.

Dans le cadre du Projet d’Appui à la Résilience Communautaire  PRARECOM-TUBEHONEZA, financé par l’Union Européenne, l’ONG Vétérinaires Sans Frontières Belgique du consortium AVSI en collaboration avec le Ministère de l’Environnement de l’Agriculture et  de l’Elevage   a organisé un atelier d’échanges sur les conditions de développement de la filière avicole au Burundi.

L’atelier qui a eu lieu le 4 juillet  2022  à l’Hôtel Source du Nil de Bujumbura a réuni  les principaux acteurs de la filière avicole afin d’échanger sur les grands défis et de dégager des ébauches de solution.

« Vétérinaires Sans Frontières est  prête à apporter son soutien au ministère de l’Environnement, l’Agriculture et de l’élevage pour développer ce secteur qui contribue énormément à la sécurité alimentaire et économique de la population burundaise »

Cette rencontre a rassemblé les aviculteurs, les producteurs et importateurs des poussins et d’autres intrants avicoles, les producteurs d’aliments pour volailles, les vendeurs des produits avicoles ainsi que les experts en santé animale relevant du ministère de tutelle.

« Face à une absence de structures de coordination de cette filière, le ministère de l’agriculture, de l’élevage et de l’environnement  est prêt à soutenir toute initiative allant dans le sens de son développement », a déclaré Dieudonné NSABIYUMVA, directeur des filières animales.

De son côté, Patient BURUME, Directeur Pays de l’ONG Vétérinaires Sans Frontières Belgique a indiqué que le Burundi dispose de tous les potentiels pour développer la filière avicole dans un court délai.

« Vétérinaires Sans Frontières est  prête à apporter son soutien au ministère de l’Environnement, l’Agriculture et de l’élevage pour développer ce secteur qui contribue énormément à la sécurité alimentaire et économique de la population burundaise », ajoute-t-il.

Des innovations spontanées dans la chaine de valeur avicole

Alors que les volailles élevées au Burundi à l’exception des races locales, étaient importées des pays étrangers jusqu’en 2019, la situation change progressivement.

Un approvisionnement local est désormais possible. Les poussins sont produits grâce à l’utilisation des machines d’incubation localement fabriquées par des jeunes Burundais soutenus par l’ONG Vétérinaires Sans Frontières via  le projet PRARECOM, financé par l’UE et mis en œuvre par un consortium de trois ONG  à savoir  AVSI, CARITAS Belgique et VSF.

Avec plus 600 machines d’incubation vendues par les jeunes depuis 2019, chaque province dispose d’au moins 5 entrepreneurs producteurs des poussins.

Plus ou moins 1 million de poussins sont produits chaque mois. Cela contribue à renforcer l’indépendance des aviculteurs vis-à-vis des intrants en provenance de l’étranger.

Toutefois, le secteur avicole reste confronté à d’énormes défis.  Il s’agit de  la dégénérescence des poules, de  la mauvaise  qualité des œufs fécondés, de la carence d’aliments et médicaments pour la volaille ou encore d’une règlementation  quasi absente du secteur.

A l’issue de l’atelier, les représentants du Ministère de l’Environnement de l’Agriculture et  de l’Elevage, l’ONG Vétérinaires Sans Frontières ainsi que les autres  acteurs ont arrêté une série de mesures de nature à promouvoir la chaine avicole au Burundi.

C’est  entre autre la mise en place d’une plateforme nationale, la digitalisation  qui permettra le partage d’informations utiles entre les différents acteurs, ainsi que la règlementation du domaine.

Albéric NDAYIRUKIYE