Originaire de la colline Mutobo en commune Mukike dans la province de Bujumbura, Félix NIZIGIYIMANA est né dans une famille de parents cultivateurs. Animé d’une passion pour la terre et sa rentabilité, il n’a pas hésité à démissionner de son travail pour devenir multiplicateur des semences. Aujourd’hui, ce jeune entrepreneur de 34 ans, fait partie de cette élite du secteur agricole burundais qui secoue la terre avec la houe pour gagner sa vie.
« Redécouvrons la terre avec FELASO » est la devise de l’entreprise FELASO fondée par Félix NIZIGIYIMANA en 2020. Son but : exploiter ses terres et multiplier les semences de pommes de terre en particulier mais aussi celles du blé et du maïs. Depuis quelques années, Felix cultive de façon intensive des pommes de terre de variété Kirundo, Victoria, Ndinamagara et Changi. Avec 17 hectares de terre, situés en commune Mugongomanga, et 13 autres en commune Mukike de Bujumbura rural, sa récolte s’estime à 15 tonnes de pommes de terre par hectare aujourd’hui.
Une passion héritée
Né dans une famille d’agriculteurs, Félix NIZIGIYIMANA a développé son amour pour la terre dès son jeune âge. Petit à petit, il va se lancer dans l’exploitation de petites étendues de champs par pur amusément, avant de se lancer définitivement. « C’est à partir de 2009 que j’ai commencé à prendre au sérieux le métier de la houe afin d’en faire une profession plus tard » dit-il.
Félix NIZIGIYIMANA a fini ses études supérieures à l’ITABU de Gihanga en Province de Bubanza dans la section des sciences Agronomiques. A son début dans l’agri business, il n’avait que 1 ha de terre arable. Pour avoir cette superficie à partir de laquelle son rêve a pris son envol, il a dû compter sur lui-même et sa famille.
En 2020, grâce à de belles saisons agricoles et une détermination inébranlable, l’entrepreneur de Mukike parvient à avoir en sa possession 7 hectares de terres cultivables. Mais ce n’est pas encore assez, car il rêve de beaucoup plus grand.
Vue des champs de pommes de terre de FELASO ©Akeza.net
Le choix d’une vie
En 2020, FELASO, son entreprise agricole, va voir le jour. Deux ans plus tard, Félix NIZIGIYIMANA va déposer sa démission auprès de son employeur pour se concentrer uniquement sur son rêve de champs dans ses plantations à Mukike et Mugongomanga. Aujourd’hui, il reconnait avoir fait un choix difficile mais reste motivé que jamais.
« Pour me focaliser à plein temps sur l’agri business, j’ai dû quitter mon ancien poste de travail au sein d’une entreprise qui m’avait embauché à Bujumbura. Il fallait que je choisisse entre le rêve et le boulot. Ma plus grande ambition a toujours été de contribuer à améliorer la qualité des semences pour aider la population à maximiser la production et en même temps gagner ma vie ».
La décision de changer de métier pour se consacrer à l’agriculture va surprendre plus d’un. Selon Félix NIZIGIYMANA, le problème n’est pas la destination. C’est plutôt la mentalité. « Personne ne semblait comprendre ma décision. Il existe toujours des gens qui pensent que cultiver n’est pas propres aux gens qui ont des diplômes. Pourtant, dans les pays développés où j’ai déjà voyagé, ce secteur représente une économie réelle et les fermiers sont des gens puissants », affirme-t-il.
Focus sur les réalisations et les avantages
Passer de 1 ha à 30 ha depuis 2009 à 2023, Félix NIZIGIYIMANA assure vivre de sa profession de multiplicateur de semences depuis plusieurs années. Sa détermination et les bénéfices réalisés, lui ont permis de franchir le cap, accroitre l’étendue de ses champs et hausser sa production. Jusqu’alors, il a pu s’acheter sa propre maison, une voiture qui facilite ses allers et retours entre ses champs et son domicile sans oublier la scolarité de ses enfants qui en dépend largement comme il l’indique.
Toujours dans le souci d’atteindre concrètement sa vision, Félix NIZIGIYIMANA a aménagé 3 hangars de stockage et une dizaine de vaches achetées petit à petit, l’aident à avoir un accès facile sur la fumure pour fertiliser ses champs. Quant aux avantages pour la population, Felix assure que sa main d’œuvre y gagne plus que l’argent.
« Je ne travaille avec pas moins de 500 personnes. A part l’argent,mes employés gagnent aussi des pratiques modernes agricoles et les expérimentent chez eux. Je leur prête aussi des semences de pommes de terre. En retour, ils viennent travailler plus tard dans mes plantations car la plus part n’ont pas de moyen pour payer en espèce sur le champ » explique-il.
Les voyages forment la jeunesse.
Félix NIZIGIYIMANA a eu le privilège d’aller au Pays-Bas, avec une délégation burundaise qui a participé aux travaux du « Invest in Africa Summit 2023 ».Ce sommet qui met en contact les entrepreneurs africains et les investisseurs issus des pays développés s’est tenu les 16 et 17 mai 2023.
« Ce sommet m’a permis de voir comment les autres travaillent et les échanges ont été fructueux. Je rencontré des investisseurs et d’autres entrepreneurs engagés dans le même domaine que moi et nous avons parlé des opportunités du secteur agricole burundais », dit- il.
Au regard de sa production, qui s’estime à 1 tonne de pommes de terre/ha, l’entrepreneur affirme avoir discuté avec des investisseurs étrangers à l’occasion dudit sommet sur une possibilité de collaboration, susceptible d’élever sa production à 30 tonnes/ha. Ensemble, ils ont aussi échangé sur des stratégies de valorisation des pommes de terre par la transformation pour éviter de subir des cas de surproduction et de baisse de prix sur les marchés pendant les périodes de récolte.
Africa BINTUNUMUKAMA