Qu’est-ce que Sat-B nous ramène de la Tanzanie ?

Qu’est-ce que Sat-B nous ramène de la Tanzanie ?

Sat-B en interview à Wasafi FM ©DR

Après un mois en Tanzanie, la star burundaise Sat-B est revenue au pays avec un air conquérant. On serait tenté de croire que sa campagne tanzanienne lu au permis de s’ouvrir une brèche dans l’univers du « Bongo Fleva ». Mais comme on le sait, les apparences s’avèrent parfois trompeuses. Une petite analyse est donc de rigueur, histoire de démêler tout cela et surtout de vraiment prendre la mesure des bienfaits de ce voyage sur les ambitions artistique de Sat-B. Il est parti, il a vu et qu’a-t-il ramené ?

 

Montrer « Patte Blanche »

Si à Bujumbura nous connaissons le « Général Magonde », l’un des cadors de l’industrie burundaise ; c’est un simple Sat-B qui s’est rendu en Tanzanie. L’artiste semblait ne pas être allé pour parader. On en aura pour preuve ses sorties médiatique où l’artiste est apparu humble, même trop humble selon certaines langues. Presque « timoré » dira-t-on. Il faut dire que les disparités entre les 2 industries auront inspirés Sat-B à adopter une posture moins opulente que de coutume. Préférant la simplicité. Pourtant, on aurait pensé qu’il s’afficherait comme un grand, du moins c’est ce qu’attendaient certains fans qui, fier de la star qu’il est, espéraient qu’il fasse étalage de sa notoriété et certainement de son talent. On lui reprochera, par ailleurs, le fait de s’être présenté dans les médias en mettant en avant la chanson « Mu Gacerere », morceau du tanzanien Q-Boy sur laquelle Sat-B a chanté le refrain. Mauvais calcul, diront certains qui auraient aimé qu’il mette en avant des chansons comme « Feel Love » ou « No Love ». Des morceaux qui ont connu un vrai succès.

Interrogé par les médias tanzaniens sur sa place dans le Buja Fleva, la réponse de Sat-B a été des plus sages. « Je suis un artiste important au Burundi. Si je dis que je suis numéro 1,2 ou 3 ce serait ne pas respecter les autres artistes. C’est le rôle des fans de nous classer », dit-il sur les ondes de la radio Wasafi FM. Et d’ajouter, « Le plus important c’est de travailler parce que c’est grâce à cela que le public nous aime ». Cependant, il ne s’est pas caché de faire partie de la nouvelle génération d’artistes burundais qui réussissent. « Nous avons la chance de faire partie de ces artistes qui arrivent à trouver les moyens d’aller de l’avant contrairement au passé », affirme-t-il sur la même radio. Une affirmation qu’il justifie par la progression de sa carrière depuis ses débuts. « Entre le Sat-B de l’époque Satura ama baffle et celui d’aujourd’hui, je pense qu’il y a une bonne dose d’expérience. Nous arrivons à donner au public ce qu’il veut vraiment », nous dit Sat-B.

Il n’a pas non plus manqué d’encenser l’industrie tanzanienne qu’il considère comme une source de connaissances pour les artistes burundais. « L’industrie tanzanienne nous enseigne beaucoup de choses, d’autant plus que c’est un vrai marché qui a plus de visibilité. La diffusion de la musique est forte et nous apprenons de cela », confie-t-il au journaliste. Sat-B montre « Patte Blanche » à une industrie qui fait aujourd’hui office de modèle pour de nombreux artiste burundais.

 

Qu’aurait-il appris en Tanzanie ?

Un mois durant dans le pays de Julius Nyerere, Sat-B semble avoir appris beaucoup de choses. L’artiste aura eu l’occasion d’observer le fonctionnement de cette industrie qui a donné des artistes de renom tels que Diamond Platnumz ou Vanessa Mdee. La première des choses est certainement le travail de l’image ou comme on dit dans le jargon, « Le Branding ». « Travailler son image est une des choses primordiaux. Avoir 5 agents de sécurité autour de moi ou arriver dans un concert à bord d’un bateau est une manière de se vendre, de se donner une image de marque. Comme le dit Diamond, c’est ajouter un plus. Et c’est très important », dit Sat-B lors de la conférence de presse donnée lors de son arrivée à Bujumbura.

Autre chose que Sat-B a retenue de son voyage : les artistes devraient éviter de se renfermer sur eux-même en espérant n’attirer que le meilleur. Et il l’explique : « Je peux être en difficulté financière et refuser un contrat de 2 millions simplement parce que j’en veux un de 5 millions. Ou encore refuser de répondre à des invitations parce que je préfère rester chez moi. Des choses qui freinent », dit-il.

L’artiste va plus loin en conseillant aux artistes de s’ouvrir mais également d’avoir l’humilité d’aller vers ceux qui d’entre eux ont un plus à offrir. « Je demanderai aux artistes une chose, que l’on soit d’accord que s’il y a un artiste qui est plus avancé que nous, c’est sage et intelligent d’aller vers lui. Personnellement, j’apprends beaucoup des personnes plus petites que moi car je sais que personne n’a le monopole du savoir. Alors nous les artistes mais aussi les journalistes devraient nous réunir et discuter de notre travail. Que nous discutions par exemple de cachets des artistes en tenant compte de la place de chacun dans l’industrie. Cela nous permettra d’être soudé et de faire avancer l’industrie », explique l’artiste. Une vision unificatrice de la musique que Sat-B souhaite pour le Burundi.

Dans ces propos, Sat-B est revenu sur le soutien de la musique burundaise par les mécènes et les entreprises. Décriant ainsi le manque de moyens dans l’industrie burundaise. « Souvent les gens pensent que parce que j’ai touché 3 millions pour un concert, je dois avoir beaucoup d’argent. Ce qui n’est pas le cas. Je loue une maison, je dois me nourrir, me vêtir, j’ai des enfants et bien d’autres charges. Nous avons besoin de personnes qui investissent dans la musique. Des personnes qui sont capables de mettre plusieurs millions. Mais également des entreprises qui sont capables de travailler avec des artistes et leur proposer des contrats », dit-il. Le modèle étant certainement un exemple pour lui.

Et si l’on doit résumer le bilan de Sat-B Tanzanie, nous pourrons le résumé en 3 points importants : La visibilité, la collaboration entre artistes et bien évidement générer de l’argent à travers les contrats de promotion et les cachets. Cette campagne tanzanienne lui aura donc permis d’avoir un réel aperçu de ce qui peut être fait lorsque l’on se donne les moyens de ses ambitions. Par ailleurs, la Tanzanie semble ne pas être la seule destination d’apprentissage pour Sat-B. « Nous avons commencés par la Tanzanie mais ma vision est de visiter beaucoup d’autre pays. Ce n’est que le début »

Reste à voir si l’expérience tanzanienne de Sat-B aura un écho positif dans le Buja Fleva qui aurait bien besoin d’un coup de pouce.

 

Moïse MAZYAMBO