Pour une éducation plus inclusive pour les personnes en situation d’handicap au Burundi

Pour une éducation plus inclusive pour les personnes en situation d’handicap au Burundi

Permettre aux personnes en situation d’handicap d’avoir accès à une éducation inclusive, tel était le sujet de l’atelier de réflexion organisé par le magazine Jimbere en partenariat avec l’Ambassade de France au Burundi ce mercredi 18 septembre 2019 à Martha Hotel.

Cet atelier a réuni des représentants de différentes associations de personnes en situation d’handicap et des autorités publiques, notamment le ministère de l’éducation et de l’enseignement supérieur. Le but étant de répertorier ce qui a était déjà fait dans le domaine de l’éducation des personnes vivant avec handicap, ce qui reste encore à faire pour que les jeunes en situation d’handicap intègrent complètement les systèmes éducatifs burundais.

Un atelier qui devrait à termes donner sur des propositions effectives permettant de véritablement ouvrir les portes de l’éducation à ces personnes souvent mis à l’écart et vivant en marge de la société.

 

La situation actuelle

A l’heure actuelle, on dénombre 1400 jeunes en situation d’handicap ayant fait le post fondamental, cependant seulement 3 ont pu atteindre l’examen d’état. Des chiffres qui dénotent la situation plutôt particulière que connaissent les jeunes en situation d’handicap. Des jeunes qui, comme la plus part des personnes en situation d’handicap, font face à de nombreuses difficultés.

Parmi les difficultés rencontrées figurent les problèmes liés à l’environnement physique et social. En effet, pour le volet social, il est très difficile pour les personnes en situation d’handicap de véritablement s’intégrer à la communauté. Considérées comme des marginaux, elles sont souvent rejetées et oubliées. Une situation qui est le résultat d’une forme d’ignorance de la véritable nature du handicap, aussi bien par la famille que par le reste de la communauté. Des situations qui débouchent très souvent sur un problème d’affirmation et d’estime de soi dont souffre de nombreuses personnes en situation d’handicap.

Du côté de l’environnement physique, c’est le manque d’infrastructures adaptées aux personnes en situation d’handicap qui fait défaut. Les écoles, les hôpitaux, les marchés et bien d’autres infrastructures offrent peu d’alternative pour les personnes en situation d’handicap. Ce qui constitue un frein pour ces derniers. On ajoutera à ceci, le fait que le système éducatif reste encore inadapté à l’accueil des personnes en situation d’handicap. Les enseignants n’étant pas été formés dans la prise en charge des élèves vivant avec handicap, leur insertion et inclusion effective au système éducatif. Ajoutons à cela la difficulté d’avoir de véritables débouchées professionnelles à la fin de leurs études. Le chômage étant très élevé chez les personnes en situation d’handicap.

Une des dernières difficultés est la difficulté d’accès aux matériels adéquats pour les personnes en situation d’handicap. Aussi le matériel didactique que celui d’usage pour le quotidien.

 

 

Ce qui devrait être fait

Comme on peut bien l’imaginer, les besoins sont multiples pour les personnes en situation d’handicap. Des besoins que les participants à cet atelier ont formulé en insistant sur leur importance du caractère indispensable pour leur épanouissement. On citera notamment le besoin de sensibilisation des populations sur le fait de vivre avec un handicap. Il est important de faire comprendre aux populations que les personnes vivant avec un handicap sont loin d’être des êtres inférieurs ou inutiles.

Bien évidemment, l’adaptation des infrastructures aux personnes en situation d’handicap serait un moyen efficace de les intégrer à la vie de la société.

Dans le même ordre, il serait important de former le corps enseignant à la prise en charge des élèves en situation d’handicap, de manière à favorisé leur insertion dans le système scolaire. Par ailleurs, la proposition a été faite à Mme Hassan Nusura, Directrice de l’Ecole Normale Supérieure, d’intégrer une formation en prise en charge de personne ne situation d’handicap dans le cursus des futur enseignant burundais.

En parallèle, militer pour que l’éducation pour les personnes en situation d’handicap soit considérées comme un droit à part entière et non comme une faveur ou de la charité. En définitive, trouver des moyens d’équiper les institutions spécialisées, mais également les écoles, en matériels adaptés pour les personnes en situation d’handicap.

 

Ce qui a déjà était fait

Répondant à la presse sur la question de l’action gouvernementale sur la question des personnes en situation d’handicap, Mr Ruben Karorero, représentant le Ministère de l’Education et de l’Enseignement Supérieur, affirme qu’une série de mesures sont prises pour permettre une réel inclusion dans l’éducation pour les personne en situation d’handicap. Il s’agit notamment de l’établissement 9 écoles pilotes dans lesquelles sont accueillis les élèves en situation d’handicap. Et ce depuis 2010. Des écoles qui sont épaulées par 22 écoles satellites. Tout cela pour permettre une meilleure insertion de ses jeunes dans le système éducatif et leur offrir des débouchés leur ouvrant les portes du marché de l’emploi.

Notons par ailleurs que pour le volet social, le ministère de l’éducation a formé ce que l’on nomme des « Parent Paires » qui ont la mission de sensibiliser les familles et les communautés sur la prise en charge des personnes en situation d’handicap, en mettant l’accent sur le caractère complètement humain des personnes en situation d’handicap.

Il est également important de signaler que le budget alloué par le ministère pour les personnes en situation d’handicap a connu une hausse passant de 30 millions FBu à 140 millions FBu. De quoi permettre de faire un travail plus poussé. En ce qui concerne le matériel didactique, le ministère plaide pour une exonération des taxes sur ces matériels pour faciliter l’accès à ces produits d’importation accessibles à des prix souvent élevés.

 

La question de l’accès à l’éducation pour les personnes en situation reste vaste et  nécessite que tous les acteurs doivent travailler main dans la main pour en venir en bout et réussir à instaurer un système éducation inclusif pour tous.

 

Moïse MAZYAMBO