Subversif à souhait, provocateur avisé, le rappeur Olègue a fait rebelote avec son dernier morceau qu’il a pris le soin de nommer « Pasta ». Une salve subtile sur la figure iconique du pasteur mais pas que. Un morceau et un clip que le public attendait avec impatience. Sorti le 6 avril dernier, la nouvelle chanson d’Olègue anime les débats et crée la polémique. On ne pouvait pas lui demander plus.
Un exercice de subtilité
Quand il s’agit de titiller les sensibilités, Olègue dit Délégué Général est rompu à l’exercice. Son dernier morceau en date en est la preuve. Après avoir dérangé, les artistes, les femmes et les coureurs de jupon, c’est sur les hommes d’église que le jeune rappeur jette son dévolu. Olègue envoie un nouveau pavé dans la marre en pointant du doigt les agissements de certains « serviteurs de Dieu ». Les fameux « Pasta », comme on a coutume de les appeler, qui sèment la pagaille dans les familles et les quartiers. Et si la chanson semble ne parler qu’aux pasteurs, c’est à l’ensemble de « l’Intelligentsia » chrétienne que le rappeur livre sa pensée. On en aura pour preuve, les éléments visuels utilisés pour son clip.
On pourra toujours reprocher à ce clip de ne pas être un exemple de qualité, mais ayons la décence de dire qu’Olègue et son équipe de réalisation ont tenté de proposer une chose qui sort de l’ordinaire. « L’essentiel est que le message soit passé », dira-t-on.
« Pasta » by Olègue ©DR
La logique aurait voulu que pour une chanson qui parle de pasteurs, le clip soit à l’image de ce que l’on sait d’eux. Costard et chaussure de luxe, belle voiture, grand hangar de culte et toute la panoplie de celui qui parle de la part de Dieu. Et pourtant c’est descendant d’un hélicoptère, entouré de religieuses et de prêtres qu’Olègue apparait dans son clip. Un œil peu avisé crierait à l’incohérence entre texte et éléments visuels. Mais le jeu est beaucoup plus subtil que ça. Sans la nommer, le rappeur touche du coin de l’œil la sacro-sainte institution catholique en empruntant ses codes. (Toque, soutane, cathédrale et j’en passe). Nous reconnaitrons là l’intelligence de l’artiste qui réussit à toucher du doigt une chose sans qu’il n’ait besoin de la nommer. Il invective l’église dans son entièreté, en nommant les uns et laissant les autres se nommer par eux-mêmes. Encore faudrait-il qu’ils aient le courage de le faire. Rares sont ceux qui s’accusent ouvertement pour peu qu’ils ne soient clairement cités. Olègue fait d’une pierre 2 coups, en évitant d’en prendre lui-même.
On serait tenté de questionner la grande puissance des uns face à la faiblesse des autres. Pendant qu’on évitera de faire affront aux premiers, les seconds essuieront des coups sans qu’il ne leur vienne à l’idée de riposter. Une chose qu’Olègue semble avoir compris.
On ne change pas l’équipe qui gagne ?
On a beau louer l’exercice de subtilité du morceau « Pasta », n la qualité de la musique est loin d’être la meilleure sur ce morceau. Au risque de s’attirer la foudre des inconditionnels du « Délégué Général » qui ont déjà élue cause pour « Pasta ». Au-delà du contenu de la chanson qui à sa manière trouve une forme de logique dans son énoncé, la musique souffre d’un manque de « Peps » comme sur les précédents morceaux. Le côté entrainant, qui prend souvent le dessus sur le fond manque. Un goût d’inachevé ou d’insatisfaction plane. C’est un peu comme boire un cocktail au citron un peu trop acide. Le goût y est mais le côté jouissif du mélange se cherche encore. La formule gagnante d’Olègue a-t-elle pris un coup dans l’aile ? Serait-ce le temps pour lui de modifier sa formule ou de carrément la changer ? La question reste posée.
Toujours est-il que, pour l’heure, Olègue reste un phénomène, URWEGO. Plaisant, troublant ou exaspérant mais un phénomène tout de même.
Moïse MAZYAMBO