Natacha KASHIRAHAMWE, l’infatigable routière de la Banque Mondiale

Natacha KASHIRAHAMWE, l’infatigable routière de la Banque Mondiale

Natacha KASHIRAHAMWE ©Akeza.net

La Banque Mondiale emploie plus de 300 chauffeurs dans le monde. Parmi eux, il y a une seule femme : la Burundaise Natacha KASHIRAHAMWE. Habillée en pantalon bleu   et d’une chemise blanche, cheveux bien coiffés, environ 1m 80, Natacha n’a rien à envier à ses collègues masculins. Elle nous partage son quotidien de chauffeur de grandes personnalités.

 

Prendre le volant, prendre son destin en main

Avec ses 80 kg, cette femme de 39 ans au visage ceint enfile un masque sanitaire, se dirige vers sa jeep portant le drapeau de la Banque Mondiale, ouvre la portière, cale son smartphone sur un support collé au pare-brise et démarre le moteur.

Natacha a bousculé les habitudes. Elle  a choisi la profession de chauffeur. Au Burundi, on n’a jamais considéré qu’être chauffeur était un métier pour les femmes.  Natacha y voit  une profession.

« Les réactions des gens sont souvent cocasses, du moins visibles. Parfois, j’ai  des hommes qui me regardent étrangement  conduire une jeep pour VIP. D’autres fois, j’ai carrément droit à des compliments. Parfois, des personnes s’arrêtent pour me dire, c’est vous qui faîtes tout ça», se souvient encore Natacha.

Elle croit qu’être chauffeur ne doit pas être l’apanage des seuls hommes. « Ce travail  est réservé à tous les sexes. Je rêve d’être chauffeur de la première dame par exemple   », dit-elle en souriant.

Par son allure, sa prestance, sa prudence et la vivacité de ses gestes dans la conduite, cette mère de 2 enfants  a brisé tous les préjugés à l’égard des femmes dans le métier de chauffeur.

Elle affirme qu’elle n’éprouve aucun complexe vis-à-vis des hommes dans l’exercice de sa profession qui lui fait gagner correctement sa vie.

« Grâce à ce travail, je suis indépendante. Je n’attends pas un homme pour régler mes problèmes », a-t-elle dit, exhortant les jeunes filles à occuper tous les corps de métier. Du reste, Natacha se rappelle encore du jour où elle a réussi sans aucune entrave le test de recrutement organisé par le PNUD, le Programme des Nations Unies pour le Développement.

« Le concours avait réuni plein de mondes, hommes et femmes confondus. Lorsque j’ai vu que je pouvais les candidats masculins, je me suis sentie très honorée » révèle-t-elle avec fierté.

Courtoisie et ténacité

La journée commence chaque jour à 5 heures du matin pour Natacha. Une fois réveillée, elle fait le ménage et dépose les enfants à l’école.

« A 7 heures pile, je dois être à la résidence de la Représentante. Si elle a programme qui exige que j’arrive avant cette heure, elle m’avertit la veille ou m’appelle au téléphone », confie-t-elle.

Natacha KASHIRAHAMWE ne parle pas au volant. Elle conduit  depuis 25 ans.

« Mon père m’a appris à conduire quand j’avais 14 ans. J’étais  l’unique fille d’une famille de 4 enfants. Mon père voulait que j’imite mes frères qui conduisaient déjà », se souvient-elle.

Natacha KASHIRAHAMWE et la Première Dame. Madame Angéline NDAYISHIMIYE NDAYUBAHA ©DR

Au volant de sa jeep avec Madame la Représentante de la Banque Mondiale au Burundi, elle reste calme et garde ses réflexes.

« Je ne réponds qu’à une question qu’elle me pose. Là aussi je dois le faire  de façon laconique et mesurée », affirme t- elle.

Natacha est à la fois admirée par ses collègues masculins et d’autres femmes comme elle.  D’une voix émue et d’un regard profond, elle  se souvient.

« Une fois, Madame Véronique KABONGO, Représentante de la Banque Mondiale au Burundi m’a présentée à la Première Dame. Madame Angéline NDAYISHIMIYE NDAYUBAHA n’en revenait pas. Elle m’a aussitôt offert un cadeau », dit-elle.

 

Albéric NDAYIRUKIYE