Mode : Elsa KEZAKIMANA et « The HAK Brand » réinventent les codes de l’accoutrement à Bujumbura.

Mode : Elsa KEZAKIMANA et « The HAK Brand » réinventent les codes de l’accoutrement à Bujumbura.

Elève en classe terminale à la « Kigutu International Academy » de Bururi, Elsa KEZAKIMANA consacre ses vacances et le gros de son temps libre à sa passion pour le design de mode. Une passion qu’elle porte depuis le seuil de son adolescence. Cette jeune styliste de 18 ans, évolue dans l’industrie de la mode depuis 2022. Fondatrice de la jeune marque « The HAK Brand », elle s’agite entre ses prototypes vestimentaires et le travail de son couturier pour combler les attentes des épris de la mode à Bujumbura et ailleurs.

Inspirée par Yaku Stapleton, un des illustres créateurs de mode d’Angleterre, la jeune créatrice de mode Elsa KEZAKIMANA n’aurait pas tenu des lustres face à la monotonie de choix qui emprisonne le désir d’un paraître chic et digne d’une célébrité. Au regard de sa collection des Streetwear lancé en mi-juillet 2023, cette jeune adapte de la « sapologie », nous explique ses motivations.

« Le monde d’aujourd’hui vous donne de la valeur parce que vous êtes un être humain comme d’autres. Il faut une allure qui impose l’admiration. Dans ce cas, certains d’entre nous se sentent prisonniers dans des styles qui ne communiquent point. D’où mon idée d’agir pour inspirer les victimes de cette situation et créer un monde d’une tendance vestimentaire décontractée ».

 

Les prémices d’une marque vestimentaire

« The HAK Brand » est une nouvelle marque vestimentaire de Bujumbura créé en 2022 par Elsa KEZAKIMANA. Avec sa jeune marque, la styliste du quartier Kinanira ne rêve que d’une seule chose : « Développer un sentiment de confortabilité et de confiance chez les fanatiques d’un style d’habillement qui dégagent du swag », dit-elle. Elle souligne que l’appellation de sa marque dérive du nom de son père, HAKIZIMANA, à qui elle a voulu rendre hommage.

À base de différents tissus, en particulier, le denim (jeans), la jeune créatrice de mode fait confectionner du « Streetwears » tout comme des vêtements pour les « Red Carpets » en fonction des circonstances. Pour ses créations, Elsa collabore avec un couturier de son quartier qui se retrouve souvent dépassé par la créativité et l’imagination de la jeune styliste. Elle explique : « Souvent, mes créations semblent dépasser son entendement. Il arrive qu’il m’assure avoir tout compris et revient plus tard me reposer une nuée de questions. Il est capable de me donner ce que je veux. C’est ce qui le rend spécial ».

Cet émerveillement a également eu raison de sa mère, qui tombait des nues devant les créations d’Elsa. « Mais qui porteront ces trucs », lui a-t-elle lancé, sous un large éclat de rire, quand elle a vu pour la première fois les prototypes des vêtements streetwear imaginés par sa fille.

Les collections de sa marque représentent, pour elle, un parfait outil de communication et d’apaisement. Elle affirme trouver du temps pour la création de ses styles vestimentaires qu’elle soit à l’école ou à la maison. « A l’école, on nous donne du temps pour explorer et développer nos talents. J’en profite pour travailler sur mes créations lorsque j’ai des commandes. Je réalise des dessins que je présente à mes clients. À mon retour à la maison, pendant les vacances, mon couturier passe à l’action et je les livre », explique Elsa KEZAKIMANA.

 

Au stade où tout appuis compte

Pour lancer sa nouvelle collection des vêtements streetwear, la styliste a fait appel à certains de ses camarades mannequins pour une séance photo de présentation de ses vêtements.

Derrière leur serviabilité, des cœurs conquis par la finesse de son talent et son magnifique travail s’expriment. « C’est une marque qui fait voyager » dit Lionel NISHIMWE, jeune cinéaste de burundais.

« Porter cette marque me fait du bien. Ses styles en jeans peuvent être portés par les hommes et les femmes. Pour moi, c’est une marque de liberté », renchérit le mannequin Créôlla Dialla IZERE.

Même si les premières avancées de sa jeune marque sautent aux yeux d’après certains adeptes de la sapologie, Elsa KEZAKIMANA, n’a personne sur qui compter pour financer ses projets et élargir la production de sa marque. Depuis 2022, elle compte uniquement sur l’appui financier de sa mère qui n’a pas eu d’autres choses à faire que soutenir ses projets. Cela, après avoir réalisé combien sa fille est prête à tout pour réussir sa carrière de créatrice de mode. « Les défis sont énormes. L’industrie de la mode est au plus bas dans mon pays. Je travaille toujours à la maison sans aucun partenaire, mais je ne fléchis pas » confie-t-elle.

 

Africa INTUNUMUKAMA