Dans la soirée du 5 Novembre 2020, le cercle des auteurs burundais enregistrait un nouveau nom parmi ses membres : Mme Jeanne d’Arc NDUWAYO qui lançait solennellement son roman intitulé « LES PAILLETES ». Le Vernissage de ce livre a eu lieu au Mount Zion Hotel en présence de différentes personnalités.
D’emblée, Jeanne d’Arc NDUWAYO introduit le livre en prenant le bon soin d’expliquer le choix du titre : ‘’Les paillettes sont de petites brindilles utilisées pour embellir. Dans le roman, les paillettes sont ces femmes qui arrivent à atteindre leurs objectifs dans cette société injuste et pragmatique à leur égard ».
« Le récit de la narratrice fait le portrait d’une femme brave, « Martha ». Elle rencontre les problèmes de la vie mais reste dévouée et concentrée pour atteindre ses objectifs en dépit d’une société qu’elle nomme ‘’phallocratique’’ ne lui permettant pas de s’épanouir », nous dit l’auteure.
L’écrivaine Jeanne d’Arc NDUWAYO , en pleine présentation de son roman ©Akeza.net
Un roman pour la cause féminine
Passionnée de littérature, Mme Jeanne d’Arc NDUWAYO est depuis quelque temps salonnière à l’Institut Français de Bujumbura. Elle réunit les amateurs des lettres au salon littéraire pour partager leurs passions autour du livre.
C’est dire que des sources d’inspiration, elle n’en manque pas. Mais quel message véhicule-t-elle donc dans ce roman ? Elle explique : « Sensibiliser la femme à l’estime de soi pour améliorer ses capacités afin d’atteindre ses objectifs est le principal message véhiculé dans le roman. Ce livre lance un appel aux femmes à ne pas rester cloitré dans leurs coins, plutôt à se manifester, et à montrer ce dont elles sont capables pour leur épanouissement ».
La romancière s’est penchée sur le processus d’écriture de son premier roman. Un exercice plutôt exigeant : « Ecrire un roman est un travail de longue haleine. Ça m’a pris au moins 4 ans pour terminer ce roman. Il faut de la patience, de la persévérance. Il faut vraiment du courage. Au début, c’était facile parce qu’il s’agissait d’accoucher les idées. Et puis la tâche est devenue ardue avec la recherche de gens pour la relecture du manuscrit », raconte-t-elle.
Pour clore son propos, Jeanne d’Arc NDUWAYO invitait toutes les femmes à ne pas se laisser submerger par la misogynie de la société mais plutôt à sortir, dénoncer, critiquer et exprimer leurs idées.
Réactions
L’écrivain et Professeur Joseph MUKUBANO, l’une des rares personnes dans la salle qui avaient déjà lu le roman a pris la parole pour donner son aperçu sur le livre. « Raconté à la première personne, ce roman donne à écouter une narratrice de confession chrétienne et d’un féminisme qui s’appuie largement sur l’homme. Le prétexte majeur de cette œuvre est une famille dans laquelle les taches sont très spécifiées entre l’homme et la femme. Un homme agronome et une femme agricultrice. Schéma classique de l’homme fait pour le dehors, le large et de la femme faite pour l’intérieur, l’immédiatement lié à la maison », dit-il.
Avant d’ajouter : « L’agronome et l’agricultrice s’entendent à merveille. De cette entente naissent des êtres déchirés entre une vision moderniste de la société et des comportements foncièrement ancestraux. C’est ce qui se lit à travers le sort des trois filles issues du couple. L’intrigue du roman nous présente des filles très jeunes portées vers des échecs pressentis ».
Le programme de cette soirée s’est clôturé sur un panel-débat. Ce dernier est surtout revenu sur les défis qui minent le monde des écrivains burundais.
De l’avis du Professeur Joseph MUKUBANO, il est difficile aux écrivains burundais de faire éditer leurs manuscrits faute de maisons d’édition qualifiées.
De la gauche vers la droite Professeur Joseph MUKUBANO, Mme Godefride HAKIZIMANA, l’écrivaine Jeanne d’Arc NDUWAYO et Guillaume MUHOZA le facilitateur du débat ©Akeza.net
La Secrétaire Permanent au Ministère de la Jeunesse, des Sports, de la culture et des Affaires de la communauté est-africaine Godefride HAKIZIMANA indique qu’un projet de création d‘une maison de la Culture qui facilitera la production et l’édition des œuvres burundais. Elle appelle en outre les artistes écrivains à enregistrer leurs œuvres à l’OBDA.
Dans son intervention, Joseph BUTOYI, Président de l’association des écrivains du Burundi indique que seulement 73 romans ont déjà été publié par des écrivains burundais depuis l’indépendance. Et de souligner que même le peu d’œuvres déjà publiés ne se retrouvent pas sur les rayons des bibliothèques. Il interpelle tous les intervenants dans la littérature burundaise à conjuguer plus d’efforts pour produire encore plus d’œuvres.
Jeanne d’Arc NDUWAYO ne perd pas de temps. Elle annonce déjà son prochain roman d’ici 2022 : « J’ai déjà écrit trois chapitres du prochain livre. Si rien ne change, je vous ferai signe en 2022 pour le lancement de ce nouveau projet en cours. Mais en attendant le prochain, j’invite ceux qui n’ont pas encore lu « LES PAILLETTES » de le lire » termine-t-elle.
Au Burundi, les PAILLETTES est en vente à 65 500 BIF l’exemplaire. Il est en vente e à la Librairie Saint-Paul de Bujumbura. Le roman peut aussi être commandé sur la toile en version numérique au prix unitaire de 4,99 €.
L’auteure
Jeanne d’Arc NDUWAYO est née à RUGOMBO dans la Province CIBITOKE en 1977. Titulaire d’une licence en pédagogie appliquée ; agrégée de l’enseignement de l’Anglais au secondaire, elle est détentrice d’un baccalauréat en sciences politiques et relations internationales. Actuellement, elle exerce en tant qu’assistante-gestionnaire des bourses, missions et invitations à l’ambassade de France à Bujumbura.
Janvier CISHAHAYO