« On se voit à x lieu, et on se prend un cocktail pour la route? Et si avant d’aller en boite, on se prenait quelques shots, histoire de se défouler un peu ? ». C’est ce genre de discussion qui se fait juste avant de se diriger vers les shops/bars à cocktail. Des endroits qui sont devenus « le must go to» à Bujumbura. Plantons le décor ; on vous offre une boisson alcoolisée ou pas, dans un gobelet en plastique, une paille et vous le déguster. Mais, en fait, c’est quoi un cocktail et pourquoi ça attire autant de monde ? J’y réponds dans cet article.
Qu’est-ce que les entrepreneurs n’essaieraient pas pour trouver l’idée du siècle et par la même occasion gagner le jackpot ? Quoi de mieux qu’un endroit où avec quelques verres, vous êtes dans le « mood ». Un endroit convivial où vous passez un bon moment avec vos amis et vous en faites des nouveaux. Mais d’où est venue cette idée ?
Il faut savoir qu’un cocktail est une boisson majoritairement alcoolique mélangée avec des concentrés aromatiques tels que des jus de fruits, des sirops, des sodas ou de l’eau gazeuse. Ce concept prend son origine dans l’Angleterre du 17 et du 18 ème siècle. Il s’est fait connaître dans monde par Jerry Thomas, considéré comme le père du cocktail. Un cocktail est préparé séparément avec de la glace dans un shaker, un verre à mélange ou mélangé directement dans un verre. Certains cocktails sont internationalement connus, et d’autres portent des noms pour le moins intriguant.
On trouve des bars à cocktail dans le monde entier. Et aujourd’hui, c’est autour du pays du lait et du miel d’entrer dans la danse. A Bujumbura, on citera des lieux tels que « Akuki Shop » et « Hotspot Cocktail ». Respectivement situé en plein centre-ville et dans le quartier Kabondo. Vous y trouverez des cocktails à emporter ou à consommer sur place. Ces deux coins sont quasiment remplis les weekends et même des fois en plein milieu de semaine.
A vos verres, go !!!!
A emporter ou à consommer sur place, vous serez servis par un personnel jeune, dynamique et qui a l’air de s’y connaitre. Une carte des cocktails est présentée avec tous les choix de cocktail possible et imaginable.
Pour des prix allant de 7000Fbu à 20000Fbu, les cocktails sont différents de par leurs noms, mais aussi, de par leurs compositions. Plus doux ou plus fort, vos désirs seront des ordres.
La plupart des jeunes s’accordent à dire que c’est une très belle initiative qui peut créer des emplois pour les jeunes. Un avis pas forcément partager par tous puisqu’il y en qui considèrent que ces shops/bar à cocktail favoriseraient la hausse taux d’alcoolisme aurait chez les jeunes.
Alors, est-ce une bonne chose ou pas ?
S’interrogeant sur cette question, nous nous sommes entretenus avec trois jeunes qui connaissent ces endroits, et les avis sont assez partagés. Pour des raisons d’anonymat, nous les appellerons Yvan, Yvana et Yves.
Yvan : « C’est une bonne initiative. En ce qui concerne le taux d’alcoolisme, il n’augmente pas à cause des jeunes qui consomment de l’alcool en grande masse ou des cocktails. C’est difficile de mesurer le taux d’alcoolisme. C’est un peu vague. Ce n’est pas à dire que si un jeune se voit offert un travail dans ses bars à cocktails, il consommera beaucoup d’alcool, il faudrait juste voir la régulation de ces jeunes qui en consomment ».
Yvana : « Je ne vois pas comment le fait d’ingurgiter des shots à 10k avec un alcool à 45 ou 50% et une bonne chose. Quel est l’objectif sur le long terme ? La plupart de ces jeunes on la vingtaine. Et puis, c’est n’est pas comme si une personne y va toute seule. Il y a donc un effet de foule »
Yves : « Tant que les bars existent et vendent des bières, pourquoi interdire ceux à cocktails de faire la même chose ? Que ces bars existent ou pas, ils trouveront toujours un moyen de boire l’alcool. On ne peut pas en vouloir aux jeunes qui montent ces business et essayent de gagner de l’argent, on devrait même les encourager ».
Quoi que les avis divergent, toutes la majorité des personnes intérrogés s’accordent à dire que les jeunes qui ouvrent ces shops/bars à cocktail sont ambitieux.
Cependant, ces établissements sont souvent confrontés à plusieurs défis comme celui de faire comprendre au public le concept de bar à cocktail et avoir une clientèle permanente.
«Les plus grands défis sont l’adaptation et parfois le manque sur le marché des produits que nous utilisons. Mais en grande partie, nous sommes souvent confrontés aux gens qui ne comprennent pas nos services », m’ont confié les managers des deux institutions.
Cette vague de bar ou de boutiques à cocktail, est le début d’un nouveau segment de marché peu connu des burundais. La grande question est celle de savoir s’il saura résister à l’épreuve du temps ou que cela n’est qu’une tendance qui passera assez vite? En attendant, près d’une année après le début de cette vague, ces shops/bars semblent garder le cap.
Alain Pascal SIMBABAJE