Les maladies rénales, tout aussi meurtrières qu’évitables

Les maladies rénales, tout aussi meurtrières qu’évitables

Dr Firmin RUBERINTWARI, médecin néphrologue à l’Hôpital Prince Régent Charles de Bujumbura ©Akeza.net

Les maladies rénales s’installent lentement et tuent silencieusement. Comment les repérer et les prévenir ? A l’occasion de la journée du 11 mars  dédiée à la lutte contre les maladies des reins, Akeza.net a demandé l’avis d’un spécialiste.

 

Se faire dépister pour mieux protéger les reins

Beaucoup de personnes ont les reins malades  et l’ignorent. Lorsqu’elles s’en rendent compte, il est souvent trop tard, prévient le Dr Firmin RUBERINTWARI, médecin néphrologue à l’Hôpital Prince Régent Charles de Bujumbura.
«  En s’informant sur ces pathologies et les risques qui y sont associés et en se faisant dépister, il est possible de retarder, voire d’éviter ces maladies meurtrières  dont l’insuffisance rénale terminale », ajoute-t-il.

Déjà en mars 2017, un médecin du Centre Hospitalo-Universitaire de Kamenge (CHUK) alertait sur une  situation  inquiétante. Le  Dr Joseph NYANDWI a mené une étude sur le personnel soignant du CHUK qui a révélé  que 14%  du personnel avait une insuffisance rénale sans le savoir.

Le Dr NYANDWI plaidait à l’époque pour une étude de santé publique concernant les maladies des reins.

« Cette étude aidera à mener des campagnes de prévention ou dépistage pour cette maladie rénale notamment en insistant sur l’importance d’avoir un mode de vie sain avec une alimentation équilibrée », disait il.

 

Des douleurs dans le bas du dos

Les reins se trouvant en bas du dos, sur les côtés, des douleurs d’un seul côté ou des deux doivent  alerter. Cela peut indiquer la présence de calculs rénaux, une insuffisance ou une infection rénale, indique le néphrologue RUBERINTWARI.

Pour lui, l’insuffisance rénale est la conséquence de l’évolution des maladies qui détruisent les reins. Il s’agit essentiellement du diabète et de l’hypertension artérielle.

D’après toujours le  Dr RUBERINTWARI, l’insuffisance rénale peut être aiguë  quand  il y a  une dégradation brutale de la fonction rénale tandis qu’elle est dite  chronique  quand cette dégradation est à la fois  progressive et  lente.

Il reconnaît toutefois que certaines affections se développent insidieusement,  induisant ainsi  des lésions microscopiques, sans bruit ni symptôme. Cela  pendant des années.

« S’il y a apparition brutale d’œdèmes, c’est-à-dire un  visage et des jambes gonflés, une  pression artérielle trop élevée et la présence de protéines dans les urines, ainsi qu’une pâleur anormale reflétant une anémie, il faut absolument consulter un néphrologue », ajoute le Dr RUBERINTWARI.

Ces  signes  annoncent qu’une maladie rénale chronique se prépare.

 

La dégradation

Au Burundi, la cause principale des maladies rénales demeure  le paludisme. Il y a aussi d’autres causes liées à l’hérédité, à la consommation excessive d’alcool ou de drogues.

Si les reins ne peuvent plus assurer leur fonction d’épuration, le sujet évolue progressivement de l’insuffisance rénale vers l’insuffisance rénale chronique.

« La perte de la fonction rénale est telle que la vie de la personne est en danger si elle n’est pas traitée dans les brefs délais », souligne le Dr RUBERITWARI.

Toutefois, il révèle que le meilleur moyen de traiter un patient atteint d’insuffisance rénale terminale est la transplantation rénale, qui consiste à mettre en place chirurgicalement un nouveau  rein sain.

Or, cette opération n’est pas à la portée de beaucoup de personnes car elle coûte plus ou moins  20 milles dollars américains dans certains pays comme au Kenya.

A défaut, il faut faire la dialyse. Celle-ci consiste,  précise t il,  en un traitement de suppléance mais qui n’assure pas complètement la fonction rénale.

Cependant, elle débarrasse le sang des déchets et de l’eau accumulés en excès dans le corps.

Ainsi, des études ont montré que l’espérance de vie d’un homme dialysé à l’âge de 30 ans n’excède pas l’âge de 47 ans.

Certains analystes n’hésitent même pas à comparer la dialyse à une  prison qui met la vie en suspens et les moyens financiers considérables qui lui sont consacrés.

 

Albéric NDAYIRUKIYE