Les campagnes pourront-elles toujours nourrir les villes du Burundi ?

Les campagnes pourront-elles toujours nourrir les villes du Burundi ?

Alors que se tient depuis le 1er octobre une série de conférence sous le thème :  » La ville du futur », l’un des sujets mis en avant a été la capacité des campagnes burundaises à nourrir les grandes villes du Burundi, notamment Bujumbura. Une dépendance qui pousse à se poser la question fatidique : »les campagnes burundaises réussiront-elles à nourrir Bujumbura avec la croissance démographique actuelle ? ». Une question que s’est posée le professeur Aloise Ndayisenga. Et la réponse se trouve dans la mise en place de tout un ensemble de mécanismes qui changeraient la donne.

Avant toute chose, il faut savoir que les campagnes burundaises ont un fort potentiel agricole. En effet, disposant d’une main d’œuvre importante, d’une pluviométrie abondante, d’un sol riche et varié et d’un réseau hydrographique important (propice à l’irrigation), les campagnes du Burundi ont la capacité de produire des aliments riches en quantité et en qualité. On a pour preuve, qu’en plus de produire de quoi se nourrir, elles produisent suffisamment pour nourrir les villes importantes du pays, Bujumbura, Ngozi et Gitega.

Pour le cas de Bujumbura, il faut savoir que la quasi-totalité des produits vivriers consommés proviennent des différentes provinces qui entourent la capitale économique burundaise. Qu’il s’agisse du riz et de la banane (plaine de la Rusizi), du poisson, du manioc et de l’huile de palme (sud du pays), de la pomme de terre, du blé et des légumes (nord du pays), les centres urbains sont alimenté par la production locale. Néanmoins il est important de noter que si les campagnes réussissent à alimenter les villes, l’agriculture en milieu rural reste une agriculture de subsistance. La production n’étant pas faite pour un marché plus large.

Cette situation est notamment due aux défis que rencontre le secteur agricole au Burundi. On citera entre autre, la faible protection des ressources en terre et en eau, l’exiguïté des terres arables (0.5 hectare par habitant), la non valorisation des produits agricoles ou encore la faible utilisation des engrais. Ce qui au final ne permet pas aux agriculteurs de produire suffisamment pour l’importation.

 

Mais alors, avec une agriculture de subsistance, les campagnes burundaises seront-elles toujours capables de nourrir les zones urbaines, en l’occurrence Bujumbura ? Avec une croissance démographique en constante progression (près d’un million d’habitants à Bujumbura), ne devrions-nous pas migrer vers des techniques agricoles plus efficaces et plus écologiques pour y faire face.

 

Permaculture et Agriculture de proximité

Quoi que les villes soient alimentées par les campagnes, cette relation de dépendance peut être handicapante pour les villes et contraignante pour les campagnes.

Il serait donc primordial de développer des techniques agricoles en milieu urbain. Créer une agriculture de proximité, permettant aux villes de s’auto-suffire en termes de produits vivriers. C’est dans ce sens que la permaculture joue un rôle important. En effet, dans sa définition, elle permet aux habitants des villes et même des campagnes de développer des systèmes agricoles à la fois efficaces, économes et écologiques.  Elle fait appel à des techniques d’agriculture biologique qui limitent ou éliminent l’utilisation d’engrais chimique et de pesticide. Faisant ainsi place à des engrais naturels et à des systèmes de protection contre les maladies respectueuse de l’environnement et protégeant les écosystèmes.

Plus que l’usage des techniques, la permaculture est forme de philosophie qui met en avant la protection de l’environnement, l’autonomisation des populations et l’équilibre entre les écosystèmes. Elle permettrait donc à Bujumbura de produire suffisamment pour se nourrir en usant des espaces dont dispose la ville (les zones péri-urbaines). Elle semble donc être la solution indiquée pour répondre aux besoins des populations futures.

Néanmoins, il est également important que l’agriculture de subsistance qui caractérise les campagnes burundaise, migre vers une agriculture de marché. Les agriculteurs devraient être capables de produire pour l’exportation et prendre part au développement de l’économie burundaise.

Alors pour répondre à la question préposée, les campagnes peuvent encore nourrir les centres urbains du Burundi, pour autant qu’elles se développent et aillent vers une agriculture de proximité, biologique et de marché.

 

Moïse MAZYAMBO