Le tourisme à Rutana, un moteur qui fait tourner le petit commerce local des femmes

Le tourisme à Rutana, un moteur qui fait tourner le petit commerce local des femmes

Regroupées dans des coopératives de commerçantes et artisanes en commune Musongati de la province Rutana, une vingtaine de femmes capitalisent sur le tourisme à 3 km des Chutes de Karera. Grâce au commerce des produits agricoles et artisanaux qu’elles étalent au poste d’accueil des touristes, ces femmes reconnaissent y gagner de quoi subvenir à certains de leurs besoins et relèvent les défis qu’elles rencontrent au quotidien.

 

Quand le tourisme contribue au développement

Léa SABUSHIMIKE est une des femmes vendeuses de produits agricoles locaux aux touristes qui visitent les chutes de Karera. Présidente de la coopérative « MUKENYEZI KEREBUKA » de Mwishanga, cette femme leader nous parle de leur business et de ses avantages.

« Ça fait 2 ans qu’on exerce ce petit commerce de produits agricoles ici. Nous avons appris à préparer des ananas, du maïs, du manioc cru, du miel et des arachides pour les vendre aux visiteurs. Quand on se présente à cet endroit avec nos marchandises, ça nous rapporte un peu d’argent. Ainsi, on devient financièrement moins dépendantes de nos époux », affirme-t-elle.

Appuyées et encadrer par l’Association pour la Protection des Ressources Naturelles et Conservation et Changement (APRN /3C), une autre catégorie de femmes membres de la coopérative KEREBUKA TWITEZIMBERE y vendent des paniers écologiques au poste d’accueil situé sur la colline Shanga à 3 km des chutes de Karera.

Ces paniers sont fabriqués dans des spathes de maïs qu’elles récupèrent dans leurs ménages et le voisinage. Elles les entrelacent, ensuite, et les enroulent autour d’une figure en bois de forme carré ou rectangulaire jusqu’à obtenir un panier fini.

La culture d’ananas est très fréquente en province de Rutana. A ce poste d’accueil, les femmes vendeuses les achètent aux producteurs et les revendent en entier ou en morceaux aux touristes étrangers ou nationaux. Un ananas coûte entre 1000 et 1300 fbu selon sa taille. Pour une commande d’ananas épluchés et découpés, chaque morceau vaut 200 fbu. A propos de ceux qui souhaitent emporter les marchandises achetées, ces femmes proposent des paniers écologiques à 10.000 fbu chacun.

Une activité pas toujours facile

En parallèle du ce commerce, ces femmes pratiquent toutes l’agriculture. En dépit des défis qu’elles rencontrent, aujourd’hui, elles se démènent pour tirer parti de leur petit commerce et de leur traditionnel travail de cultivatrices, qu’elles n’ont pas jeté aux oubliettes. Léa SABUSHIMIKE nous explique.  « On ne consacre plus entièrement notre temps aux activités champêtres. « Nous avons décidés de marier la négoce et l’agriculture. Et l’on s’adapte bien. Le commerce n’est pas toujours facile. Il y’a des périodes où les ananas, le maïs et d’autres produits se font rares au marché et dans les champs. Cette situation condamne au point mort notre business ».

 

Du côté des femmes artisanes et vendeuses des paniers écologiques, les choses se sont corsé lorsque les gens ont réalisé l’importance de ces feuilles qui enveloppent les épis de maïs. Chantal KANYANGE, Présidente de la coopérative Kerebuka Twitezimbere, raconte.

« Avant, les spathes de maïs étaient abandonnées dans les champs, au bord des routes ou dans le compost. Lorsqu’on a commencé à les récupérer, les gens se sont vite rendus compte des avantages qu’on en tire. Aujourd’hui, on ne les trouve pas facilement ».

Lors de la négociation des prix, ces femmes font parfois recours à un interprète pour vendre aux étrangers. Pour pallier à ce problème de communication, certaines ne cachent pas le désir d’apprendre des langues étrangères comme le français et d’autres, si l’occasion se présente.

Rentre la commune plus attractive

Ces femmes commerçantes et artisanes rêvent aujourd’hui d’une grande attractivité de ces sites touristiques de Karera composés de 5 cascades pour élargir leur marché potentiel. Dans l’optique d’attirer davantage les touristes, l’Administrateur de la Commune Musongati, Claudine NIYOYITUNGIRA, exhorte les natifs de cette commune à investir dans l’hôtellerie pour proposer un séjour digne et mémorable aux touristes qui se rendent dans leur commune.

A propos de la route difficilement praticable, selon certains automobilistes, Claudine NIYOYITUNGIRA tranquillise. « Nous faisons toujours de notre mieux pour l’entretenir avec la population. On a déjà notifié son état altéré à nos supérieurs. Nous espérons qu’un jour, cette route pourra être réhabilitée pour faciliter le déplacement vers les chutes ».

 

Africa BINTUNUMUKAMA