Les différents intervenants dans le programme de Transition vers une agroécologie Paysanne au service de la Souveraineté Alimentaire, TAPSA en sigle du Burundi, de la RDC et du Rwanda se sont réunis à Bujumbura les 12 et 13 juillet 2022 pour évaluer l’étape franchie par le programme après 4 ans de mise en œuvre. Le bilan affiche des signes encourageants.
Un projet de rénovation d’une ampleur inédite
L’atelier de deux jours a réuni les chercheurs des universités et de l’ISABU, les responsables provinciaux de l’environnement, de l’agriculture et de l’élevage, les administratifs à la base, les organisations de la société civile, les producteurs ainsi que les représentants des organisations partenaires du Burundi, du Rwanda et de la RDC.
Comme le programme TAPSA est engagé dans la production, la transformation et la commercialisation des productions agricoles dans le respect de l’environnement, il était question d’évaluer ses actions pour cette première phase de 4 ans (2018-2022), et d’échanger sur les réussites et les défis selon les spécificités de chaque pays.
Face à la menace croissante de la famine, le programme TAPSA mène un combat de titan, a noté le Professeur Salvator KABONEKA. Pour lui, le grand défi vient du fait que le sol burundais, comme le reste de la zone intertropicale, est acide. Il faut préalablement corriger cette acidité du sol à travers l’application de la dolomie.
Ensemble contre les dangers des pesticides
Malgré l’absence de données chiffrées portant sur les expositions, les imprégnations et les déterminants de l’exposition aux pesticides de la population, le Professeur NDIMANYA Patrice note que les Burundais consomment des pesticides et, à des quantités non négligeables.
Pour lui, les pesticides utilisés dans la protection du haricot contre les charançons constituent une grande menace pour la santé humaine car ils sont avalés à l’état brut avec leur niveau de toxicité.
L’utilisation des biopesticides dans le traitement des maladies et ravageurs des plantes constitue une alternative aux pesticides chimiques de synthèse. L’efficacité de ces biopesticides est confirmée par les bénéficiaires du TAPSA présents dans l’atelier et elle est en train d’être testée en profondeur par l’ISABU dans son travail de recherche qu’il est en train de faire en partenariat avec Inades-Formation Burundi.
Les Administratifs apprécient les changements induits par le programme TAPSA
Eric TWIZERIMANA, administrateur de la commune Bugabira de la province Kirundo donne l’exemple du lac Nagitamo au nord du Burundi.
« Auparavant, des pêcheurs utilisaient des moustiquaires et autres filets de petites mailles pour capturer le poisson. Les agriculteurs quat à eux exercer leurs activités champêtres jusqu’à quelques centimètres des bords du lac. Non seulement il n’y avait plus du poisson, même l’eau avait tari », affirme-t-il.
L’administrateur TWIZERIMANA ajoute que depuis que le programme a été introduit dans sa commune, le lac est maintenant protégé et l’utilisation des filets de grande taille est pour le moment de rigueur. Le poisson est de retour dans le lac Nagitamo. Il se réjouit des résultats jusque-là atteints en matière de protection des sols grâce à des formations variées.
Dans l’avenir, a renchéri Joseph NIGEZE, Directeur d’Inades-Formation Burundi, il faudra insister sur la sensibilisation pour pérenniser les acquis du projet.
« La distribution des aides aux populations nuit terriblement à toute approche autonomisante », ajoute-t-il.
Le programme TAPSA mis en œuvre dans les trois pays par les organisations ACORD Burundi, ACORD Rwanda, la Confédération des Associations des Producteurs Agricoles pour le Développement CAPAD, UWAKI Nord Kivu et Inades-Formation Burundi est reconduit cette fois ci avec un nouveau partenaire, l’Innovation et Formation pour le Développement et la Paix, IFDP en sigle de Bukavu.
Inades-Formation Burundi en assurera toujours la coordination régionale sur base des leçons tirées et des innovations identifiées.
Albéric NDAYIRUKIYE