Au Burundi, les unités de transformation des fruits pullulent un peu partout surtout dans la ville de Bujumbura. La disponibilité des matières premières, d’une terre facilement cultivable et d’une main d’œuvre assez bon marché facilitent les entreprises qui se lancent dans ce secteur. Ce premier article sur le dossier du « business du fruit au Burundi » se concentre sur les forces et les opportunités du secteur.
La transformation des fruits observée au Burundi consiste à modifier leur état physique, généralement de solide en liquide (des fruits aux boissons), mais aussi de solide à solide (des fruits aux confitures). Les fruits sont assez diversifiés et poussent dans toutes les régions naturelles, certains tout au long de l’année. Au niveau de la transformation, les différentes unités sont industrielles, semi-industrielles et artisanales. Sur les dix dernières années, un bon nombre d’unités de transformation du maracuja et de l’ananas en jus et/ou en confiture ont été créées. Les fruits disponibles au Burundi sont principalement de deux types : les grands fruits (avocats, banane, agrumes comme l’orange, ananas, mandarine, pamplemousse etc) et les petits fruits (fraises, maracuja, physalis etc.). Sur le marché, les principaux produits finis provenant des fruits sont surtout les boissons (les jus qui constituent la majorité des produits sur le marché, vins etc), les sirops et les confitures.
Des initiatives qui ne datent pas de longtemps
Dr Salomon Nsabimana, chercheur en macro-économie fait remarquer : « Hormis le procédé séculaire de fabrication du vin de banane, la transformation des fruits est une préoccupation très récente au Burundi ». En effet, les premières unités de transformation de fruits ont été créées dans les années 1980-1990 mais la plupart des unités ont vu le jour à partir des années 2000. L’entreprise leader dans le secteur, la société « Fruito » qui fabrique le jus du même nom a été crée en 1987. C’est la période à laquelle le Gouvernement du Burundi a émis l’intention d’intensifier les cultures à haut potentiel de transformation comme le maracuja. A la fin des années 2000, un intérêt croissant des bailleurs de fonds s’est observé vers cette activité qui a été initiée surtout avec la GIZ et le FAO. A la même période, des initiatives privées ont été également enregistrées avec l’arrivée sur le marché des unités de transformation des fruits comme Akezamutima, Agahore, Akayazwe , Fungs Tea, etc.
Des fruits en provenance de toutes les régions du pays
Comme le montre l’étude du Dr Salomon Nsabimana, la culture des fruits a un potentiel important car plus d’une dizaine de types de fruits sont cultivables dans toutes les régions naturelles du pays. Le tableau suivant détaille la provenance des fruits transformés, par région.
Sur les 16 fruits identifiés, 7 fruits sont cultivables dans plus de 5 régions naturelles sur 11régions naturelles que compte le Burundi. C’est un indicateur qui montre que le secteur des fruits a un grand potentiel qui pourrait permettre son développement d’une part, et contribuer à la création de richesses à travers les maillons de la chaîne de valeur fruits-jus d’autre part. Ainsi, plusieurs facteurs peuvent faire du Burundi une terre d’opportunités pour le secteur : des terres favorables, de l’eau et de la pluie en abondance et une main d’œuvre bon marché.
Des obstacles majeurs à relever
Plusieurs problèmes empêchent le secteur de prospérer malgré les conditions favorables à son essor. Ainsi, le grand défi pour les paysans est lié à la conservation même des fruits. Le pouvoir d’achat de la population, l’accès au crédit, les infrastructures, la concurrence des produits importés, l’équipement etc sont aussi des défis qui méritent une attention particulière.
Le prochain article se concentrera justement sur ces obstacles que rencontrent les unités de production qui se lancent dans la transformation du fruit au Burundi.
Elvis NDAYIKEZA