Clovis MWIZERO aime bricoler. Depuis longtemps, il crée divers objets de décoration en papier, en bois ou en d’autres matériaux. Sa compagne Gloria KWIZERA fabrique des poupées à l’aide des morceaux de tissus depuis son enfance. Les deux, liés par amour, ne savaient pas qu’un jour leurs talents seront intimement liés. Aujourd’hui, le couple a déjà créé « La Maison du Bois », une véritable entreprise familiale qui produit différents objets en bois et de poupées-chérubins pour enfants. Découverte.
Clovis MWIZERO apprend le travail du bois grâce à son oncle qui était architecte. « Il aimait m’apprendre à dessiner, à faire les tableaux mais aussi comment travailler le bois. C’est ainsi qu’à l’école secondaire, j’aimais faire des cartes de vœux pour Noël, la Saint Valentin, la Pâques et d’autres fêtes », se rappelle-t-il.
La femme est inspirée par le mari. «Les weekends, je voyais mon mari fabriquer divers objets de décoration qu’il mettait au salon de notre maison. C’est ainsi que nous avons eu l’idée de créer une entreprise familiale afin de commencer à produire et à vendre ces objets de décoration», nous fait savoir Gloria KWIZERA.
Clovis MWIZERO, devant sa maison en train de frotter l’objet en bois. ©Akeza.net
Comptable, puis Directeur Administratif et Financier au sein de l’Association AGAKURA pendant plus de cinq ans, Clovis MWIZERO décide de résilier son contrat en janvier 2020. Désormais, il va consacrer tout son temps à son entreprise. «Pendant que je travaillais à AGAKURA, j’achetais petit à petit des équipements pour ma future entreprise. En outre, j’étais choqué par certaines œuvres d’art sur le marché qui manquaient d’innovation et de créativité. Je voulais donc apporter un changement.», nous révèle-t-il.
Des objets en bois, puis des poupées en fils
Les porte-clefs sont les premiers articles vendus par la Maison du Bois. Ils ont été commandés pour la dot d’un client. «Nous avons dès lors commencé à produire des porte-clés personnalisées sur lesquelles nous écrivons « Kaze » (Bienvenue) ou les noms des ceux qui vont se marier », raconte Gloria
Les porte-clés produits par la Maison du Bois. ©Akeza.net
Par la suite, de nouveaux matériels sont introduits. Il s’agit notamment des sous-verres et sous-plats, des plateaux, des vases à fleurs, des porte-assiettes, des porte-serviettes, des porte-essuie-tout, des planches à pizza, des ronds de serviette, des planches à découper et surtout de chaises et tables pour enfants sur lesquelles sont dessinés des personnages de dessins animés suivant le besoin du client seront produits. « Nous réalisons un kit de matériels qui se ressemblent, portant des noms ou des fleurs, suivant le désir et la volonté du client», confie Clovis.
Maison pour poupées fabriquée par la Maison du Bois. ©Akeza.net
Avec la confection des maisons pour poupées, Clovis parvenait à y mettre des tables, chaises, armoires, douche etc. Mais, il manquait de poupées. Dès lors sa femme va apprendre à crocheter et à fabriquer des poupées au sein de l’association «Creative and Courageous Women Association ». Les femmes y apprennent à broder et tresser des habits, des nappes de table en fils à l’aide du crochet. « En surfant sur internet, j’ai aperçu une poupée faite en fils et j’ai voulu le réaliser. Je me suis renseignée sur YouTube et je me suis mise à produire ces poupées aussi bien que je savais déjà crocheter», nous dit Gloria.
Gloria KWIZERA, à l’intérieur de la maison en train de crocheter une poupée. ©Akeza.net
De bons produits à des prix abordables
La plupart des produits de « La Maison du Bois » sont vendus sur place même si des étrangers peuvent s’en procurer lors de leur passage au Burundi en vacances ou en mission de travail. « Il y a d’autres qui ont voulu que nous leur envoyions nos produits pour les vendre à l’étranger. Malheureusement, notre production est limitée .Il serait difficile de bien servir le marché international. Nous travaillons d’arrache-pied quitte à ce que, dans les jours à venir, nous vendions plus de produits à l’étranger. Entretemps, nous aimerions bien couvrir le marché local», indique Gloria.
Clovis MWIZERO, devant sa maison en train de frotter l’objet en bois. ©Akeza.net
Cependant, les produits de la Maison du Bois ont été également vendus à Goma en RD Congo, en Belgique, aux USA et au Rwanda bien que la livraison soit entravée actuellement par la menace de la Covid-19.
Les porte-clefs s’achètent à cinq milles francs burundais chacun. Un sous-plat s’achète entre trois à huit milles suivant ses dimensions tandis qu’une boite de six sous-verres se vend à plus ou moins douze mille. «Le prix diminue selon la quantité de matériels commandée. Nous réduisons par exemple le coût d’une commande de cent porte-clés pour ceux qui en font la commande pour la dot», précise Gloria.
Au service de la communauté
A côté de la vente de produits, la Maison du Bois dispense des formations pour les jeunes élèves en vacance et des chômeurs. Ils viennent apprendre le travail du bois. Après un ou deux mois, ils reçoivent une somme d’argent qui leur permet de bien continuer leurs études. « Il y a deux jeunes formés qui se sont déjà mariés grâce aux moyens tirés dans notre entreprise. Maintenant, ils ont commencé de petites entreprises qui leur permettent à subvenir aux besoins de leurs familles.», se réjouit Clovis.
Dora Maria Nessa AKIMANA, la fille de Clovis MWIZERO et Gloria KWIZERA assise sur la chaise et table (faites par la Maison du Bois) pour enfant. ©Akeza.net
Pour faciliter son accès aux matières premières et développer la colline de son grand-père, Clovis MWIZERO compte s’installer à Makebuko. « Il arrive qu’on manque de matières premières ici à Bujumbura. Comme notre philosophie est de ne pas oublier nos racines et surtout de développer chez nous « Ku gatumba » nous allons nous installer à Makebuko, le lieu de naissance de mon grand-père.», conclut-il
Melchisédeck BOSHIRWA