La localisation, levier d’une action humanitaire plus efficiente

La localisation, levier d’une action humanitaire plus efficiente

Dans la mise en place des actions humanitaires au niveau national, le rôle des ONGs nationales est d’une importance capitale. Étant les premiers acteurs sur le terrain, celles-ci se doivent d’être compétentes et efficaces. Cependant, elles sont souvent dépendantes de l’action des ONGs internationales qui jouent souvent le rôle de meneur. D’où le concept de «Localisation», un concept nouveau qui vise à mettre en avant les acquis et les expériences des organisations nationales dans la mise en place des actions humanitaires. Tout cela, pour les rendre plus fortes.

 

Nouveau Concept, plusieurs défis

Au centre des discussions de la conférence-débat organisée ce jeudi 21 avril par le cabinet de consultance Expertise Humanitaire et Sociale en collaboration avec l’ONG Street Child, « la localisation » semble occuper une place de premier choix dans le renforcement de l’action des ONGs nationales. « Elle a pour objectif de mettre en avant les acquis et les expériences des organisations nationales. Tout cela pour les rendre plus fortes. Qu’elles soient en elles-mêmes capables de réaliser des actions humanitaires sans passer par des intermédiaires. Mais également de négocier directement les fonds auprès des bailleurs », nous dit Eric KASEREKA, le chargé des projets chez Expertise H.S.

Eric KASEREKA, Chargé des projets chez Expertise H.S. ©Akeza.net

Si le concept veut que les ONGs nationales soient plus fortes, plusieurs défis se dressent en face de lui. Des défis liés à la collaboration entre les ONGs nationales, les ONGs internationales et les institutions étatiques, des défis liés à l’accès au financement mais également à la gouvernance et au leadership. Ces difficultés auxquelles les ONG locales font face les empêchent de véritablement atteindre un bon niveau de localisation.

Nous citerons à titre d’exemple, le faible flux d’information entre organisations nationales et internationales, la faible application des textes régissant l’action humanitaire, le faible accès aux plateformes des bailleurs, le manque de transferts de compétences entre ONG internationales et nationales, les partenariats et consortiums basés sur le gain et non le renforcement, les capacités limités des ONG nationales dans la conception, ainsi que la gestion des projets de qualité et la personnification des organisations. Autant de défis qui rendent difficile une véritable localisation.

Des participants à la conférence-débat lors des travaux en groupe ©Akeza.net

Patience et implication de tous

Bien que les acteurs du monde humanitaire affichent une réelle volonté d’avancer vers une localisation plus efficiente, les usages et les habitudes bien ancrés dans le fonctionnement de celle-ci prendront du temps. Comme le dit Eric KASEREKA : « Cela n’est pas un automatisme, cela prendra du temps. Tout le monde devrait y mettre du sien pour que tout cela puisse se matérialiser et être visible dans les actions humanitaires ».

En effet, chacun des acteurs devra jouer son rôle pour parvenir à une bonne localisation. Le rôle, notamment des institutions étatiques dans la facilitation et l’application des textes régissant les actions humanitaires, permettra aux ONGs nationales d’atteindre la localisation. Pour Mme Julie VAN DENBROECK venant de Street Child, il faudra renforcer les cadres de discussion entre les ONGs nationales et internationales pour permettre d’accélérer le processus.

Mme Julie VAN DENBROECK ©Akeza.net

Le ton est donc à l’optimisme. L’implication concrète de tout acteur permettrait d’accélérer le processus. « Avec la conscientisation et la participation de tout le monde, nous sommes certains que dans un avenir proche, les organisations nationales seront capables d’évaluer leurs partenaires bilatéraux ou multilatéraux », a fait savoir Eric KASEREKA.

Rappelons que la conférence-débat de ce jeudi fait partie d’une série de 4 conférences qui se tiennent en RD Congo, en République Centrafricaine et au Burundi.

 

Moïse MAZYAMBO