Au quai d’embarquement situé sur la sous-colline Kigozi de la colline Yaranda, en province Kirundo,10 piroguiers y travaillent alternativement, sept jours sur sept. Ils facilitent la traversée et le divertissement des touristes qui profitent de la vie sur le Lac Cohoha. Réunis en coopérative, ces pères de famille plein d’ambitions ont le cœur au métier. Pour tout savoir sur eux, les avantages et les défis qu’ils côtoient, nous les avons rencontrés.
Ce que le lac offre en bonus
Piroguier de longue date, 10 hommes manœuvrent au quotidien de petites barques en bois sur le Lac Cohoha, au Nord du Burundi. A longueur de journées, ils naviguent d’un rivage à l’autre entre les collines Yaranda et Runyonza.
Ce travail des piroguiers sur le Lac Cohoha profite à la population locale qui traverse le lac moyennant une somme de 600fbu pour un aller-retour. Il est également utile la plupart des touristes nationaux et étrangers qui fréquentent ce lac pour se changer des idées.
Avec l’activité touristique autour du lac, le profit change. Âgé de 50 ans, Jean KABURIYIMBERE, Président de la coopérative Dukorerehamwe des piroguiers de Kigozi nous en parle.
« Pour les étrangers, naviguer d’une rive à une autre coûte 6000fbu par individu. S’il veut faire la moitié du trajet, on lui fait payer 3000 fbu. Il y’a des touristes qui viennent et louent une pirogue pendant une heure ou plus. Ils nous payent alors 10.000 fbu/heure », explique-t-il.
Face aux enfants qui aident les gens à traverser le lac dans des petites barques, des frissons se réveillent. La scène donne d’emblée l’impression d’un travail facile néanmoins, les apparences mentent.
« Le métier n’est pas facile comme il en a l’air en voyant ces enfants. Moi, je travaille sur ce lac depuis l’âge de 13 ans. Pendant les vacances, ces enfants passent leurs temps à se baigner dans le lac et comme ils sont très curieux, on préfère leur apprendre pour les protéger. Ils sont capables d’aider les gens à traverser et les clients ne doutent pas de leur capacités », indique Jean KABURIYIMBERE.
L’initiative qui a tout révolutionné
Après avoir eu affaire à des cas de concurrence musclée suivis d’un manque à gagner pour les plus âgés et les moins favorables à un tel climat professionnel, une idée d’évincer l’individualisme dans leur métier de piroguier a germé.
« Avant, on travaillait dans un climat de compétition insurmontable et ça nous affectait tous. Après, l’idée de fonder la coopérative Dukorerehamwe nous a fait tourner la page. Depuis ce temps, nous évoluons en harmonie », explique Jean KABURIYIMBERE.
Pour subvenir à leur besoin, remplir les devoirs de membre dans leur coopérative et aider financièrement leurs épouses, ces piroguiers ne jettent pas l’argent gagné par la fenêtre. Avec plus de 40 ans dans le métier, Vital SIBOMANA détaille la gestion de ses dividendes.
« Je ne suis pas toujours à la maison pour épauler ma femme dans les champs. L’argent que je gagne par jour m’aide à payer une travailleuse de champs qui l’épaule. Je compte sur ce métier aussi pour trouver le matériel scolaire des enfants et m’occuper d’autres besoins vitaux en famille », dit-il.
Sur le quai d’embarquement de Kigozi, ces dix piroguiers travaillent en unité de 5 personnes par jour. Lorsque l’un d’entre eux tombe malade, les 4 autres se chargent de la tâche journalière et son argent lui est toujours versé après le partage. « C’est un avantage faramineux. Il figure parmi d’autres résultantes du travail en association pour lequel nous sommes tous fiers et admiratifs », affirme Vital SIBOMANA.
Pour satisfaire les touristes, le ciel est la limite
Il y’a quelques année, l’hôtel des Vacance de Kigozi, situé au bord du Lac Cohoha, avait une embarcation à moteur. Comme l’indique ces piroguiers, elle était utilisée par des touristes dans leurs courses de loisir sur le lac mais, suite aux pannes, ce canot n’est plus en service.
En conséquence, les visiteurs ne cessent pas de réclamer un petit bateau à moteur aux piroguiers pour profiter différemment de leur moment de détente sur le lac. Limités au niveau des moyens, ces membres de la coopérative Dukorerehamwe ne désespèrent pas.
Gagnant plus ou moins 30.000 fbu par jour, ces piroguiers laissent chaque jour une petite somme d’argent dans la caisse et se partagent le reste. D’ici quelques années, ils espèrent pouvoir s’acheter un moteur électrique qu’ils fixeront à l’arrière d’une pirogue pour améliorer leurs services et maximiser le confort des clients.
Africa BINTUNUMUKAMA