« Rendre la migration plus compréhensible et plus accessible pour tous » ©Akeza.net
Depuis l’année 2000, chaque année le monde entier célèbre la journée internationale des migrants le 18 décembre . Au Burundi, les cérémonies marquant cette journée ont eu lieu ce lundi 19 décembre 2022, au centre Jeunes ISHAKA 2250 de Bujumbura, sous le thème : « Je suis migrant ». Organisée par l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) Burundi en collaboration avec le centre jeunes ISHAKA 2250 et le Ministère en charge des affaires étrangères, ces cérémonies avaient pour l’objectif principal de célébrer la diversité des migrations et les contributions des personnes migrantes à nos sociétés.
Plus de 100 participants avaient répondu présent aux cérémonies de la journée internationale des migrants. En plus des Burundais, d’autres membres des diasporas camerounaise, indienne, italienne, allemande, sénégalaise, congolaise, kenyane et bien d’autres étaient présents pour partager leur culture à travers la nourriture, la danse et l’art.
Cet événement a été une occasion pour l’OIM Burundi d’inaugurer la campagne « je suis un(e) migrant(e) ». Selon Mme VIJAYA SOURI, Chef de mission de l’OIM Burundi, cette campagne cherche à humaniser les migrations et permettre à celles et ceux qui la vivent de prendre la parole, partager leurs histoires pour rendre la migration plus compréhensible et plus accessible pour tous.
Comprendre le concept de la migration
L’une des activités de cette journée dédiée à la migration a été l’écoute d’un podcast présentant 5 récits de personnes migrantes vivant au Burundi, témoignant sur leurs expériences de la migration, dont les causes, les nécessités d’adaptation et les opportunités qui y sont liées. S’en est suivi un panel de discussion, organisé par l’association ISHAKA2250 et piloté par la jeune Daniella INGABIRE, sur le thème : « Des liens entre les migrations et les objectifs de développement durables ».
Les mots « Migration, Demandeur d’asile, Refugié et Migrant » ont été au centre des débat. Les jeunes panelistes ont convergé sur les différents sens qu’ont ces mots. Tout au long du débat, ils ont échangé sur les multiples raisons qui motivent les jeunes à entamer le processus de migration. Aussi bien en tant que déplacé interne qu’externe.
« Il y a des personnes déplacées à l’intérieur ou à l’extérieur des territoires principalement à cause des catastrophes naturelles, de la guerre, entre autres. Au Burundi, les raisons qui poussent les jeunes à émigrer sont multiples. Premièrement, les raisons d’ordre économique, les conditions difficiles dans lesquelles ils vivent, le chômage, les salaires qui sont trop bas, etc. Donc, ils cherchent de partout un travail décent afin de subvenir à leurs besoins et aux besoins de leurs familles. Au-delà de ces aspects économiques, il y a aussi d’autres aspects comme l’éducation. Il y a ceux qui partent pour bénéficier d’une bonne éducation pour revenir investir dans leur pays », a indiqué Fiona, l’une des jeunes participant au débat, pour expliquer les causes de migration pour les jeunes.
L’impact de la pression sociétale, impulsé par leurs contemporains a également été relevé par les jeunes participants au débat. La vague de migration vers la Serbie en 2022 a aussi été évoquée.
« Il y a aussi des jeunes qui partent pour chercher de meilleures conditions de vie. Dernièrement, ici au Burundi, on a vu une vague de migration Burundi-Serbie. On a constaté qu’il y a aussi cette pression des pairs. Si moi en tant que jeunes je vois que tous les jeunes de ma communauté ont quitté le pays pour aller en Serbie, donc je vais être tenté moi-aussi d’y aller. C’est une pression non verbalisée mais qui est existante. » s’est ainsi exprimé Kevin, jeune participant.
Les panelistes ont terminé leurs échanges sur les impacts des migrations sur les économies des pays d’accueil ou des pays d’origines. Quelques points ont été mentionnés notamment les investissements, le gain de savoir, l’opportunité de faire connaitre son pays au-delà des frontières, la disponibilité des ressources, les devises qui entrent dans le pays, et ainsi de suite.
L’OIM Burundi et la situation actuelle des migrations
Dans son discours Madame VIJAYA SOURI, Chef de mission de l’OIM Burundi a indiqué qu’aujourd’hui, la mondialisation associée aux progrès des communications et des transports fait que le nombre des personnes qui ont le désir, la nécessité ou la capacité de se déplacer vers d’autres lieux ne cesse d’augmenter, et que le Burundi en est témoin.
« Pour cette Journée internationale des migrants, nous avons l’occasion de réfléchir à la vie des plus de 280 millions de personnes à travers le monde qui ont quitté leur pays à la recherche universelle d’opportunités, de dignité, de liberté ou d’une vie meilleure.
Aujourd’hui, plus de 80 % de ces millions de migrants dans le monde traversent les frontières de manière sûre et ordonnée. Cette migration est un puissant moteur de croissance économique, de dynamisme et de diversité. », a-t-elle indiqué.
Pour Madame Souri, il est important de se souvenir que derrière chaque statistique se trouve un être humain, une sœur, un frère, une fille, un fils, une mère ou un père ayant des droits qui doivent être respectés sans discrimination et indépendamment du fait que leur déplacement soit forcé, volontaire, ou formellement autorisée, et que les droits de chaque être humain doivent être respectés, sans discrimination.
“Ensemble, nous pouvons réaliser le plein potentiel de la mobilité humaine et faire tout notre possible pour que la migration soit un choix et non une nécessité.” a-t-elle affirmé.
Les migrations saines, l’une des principales préoccupations du Gouvernement burundais
Ces cérémonies marquant la journée internationale des migrants ont vu également la présence de Monsieur Ferdinand BASHIKAKO, Secrétaire Permanent au Ministère des Affaires Étrangères et de la Coopération au Développement de la République du Burundi. Au nom du gouvernement Burundais, M. BASHIKAKO a indiqué que cet événement n’était pas seulement de la célébration ordinaire de la journée internationale des migrants mais aussi une journée extraordinaire à la lecture du thème retenu.
« Quand vous vous impliquez pour une migration légale, saine et sécurisante, vous contribuez énormément pour le bien être de toute l’Humanité, en mettant au centre la primauté de toute personne migrante. Au Burundi, les migrations sont aujourd’hui nourries par des sources diverses. Parmi elles, on citera les burundais qui rentrent d’exil, ceux qui partent à l’étranger pour divers motifs sans oublier des étrangers qui viennent au Burundi, soit pour demander l’asile ou pour d’autres raisons », explique-t-il.
Avant de clore son discours, M. BASHIKAKO a fait savoir que la célébration de cette journée internationale des migrants arrive au moment où le gouvernement du Burundi s’est engagé dans plusieurs processus d’intégration régionale avec la particularité d’atteindre un niveau intéressant qui inclut un marché commun consacrant la libre circulation des personnes et les droits de résidences et d’établissement. Un outil d’intégration et de développement des pays partenaires.
« Toutes ces initiatives du gouvernement ont été prises pour rendre les migrations plus compréhensibles, plus régulières, plus ordonnées, plus sures et plus aisées. La journée internationale des migrants que nous célébrons aujourd’hui sous le thème susmentionné, rentre dans la droite ligne de ces initiatives et démontre à suffisance une bonne collaboration entre le gouvernement de la République du Burundi et l’OIM, en vue de faciliter le dialogue autour des questions en rapport avec les migrations sures et ordonnées », conclut-il.
Faustin BIRINDWA