Le lapin est un animal dont la viande entre de plus en plus dans les habitudes alimentaires des burundais. Cette chair est très appréciée du fait de sa faible contenance en matières grasses. Elle aide également à lutter contre l’anémie. Pour répondre à la forte demande de cet aliment au niveau local, Jadot UWIMANA a fondé, au Burundi, le Centre Productif de Lapin (CLP), une ferme spécialisée dans l’élevage et la commercialisation d’une race de lapins d’origine européenne. Le 23 février 2023, le chef d’Etat Évariste NDAYISHIMIYE a visité le CPL. Nous sommes allés à la rencontre de ce pionner dans la cuniculture.
Akeza.net : Racontez-nous votre parcours dans la cuniculture
Jadot UWIMANA : Mon parcours vers l’élevage des lapins n’a pas été un parcours facile. A la base je suis diplômé en électricité industrielle. Quand j’ai vu qu’il y avait très peu d’opportunités d’emplois dans ce secteur, je me suis dit qu’il fallait que je trouve une solution. Depuis quelques temps, je m’intéressais à l’élevage en général. J’ai commencé avec des poules, mais là aussi je n’étais pas très satisfait. Puis, j’ai essayé avec 10 lapins en 2019. Au bout d’un mois, je me suis retrouvé avec plus de 50 lapins et le marché était au rendez-vous. Pour y parvenir, j’ai eu beaucoup d’obstacles par rapport au financement de mon projet. Heureusement, des personnes qui avaient foi en moi m’ont appuyé. Je ne remercierai jamais assez mes parents pour ce soutien.
Akeza.net : D’où est venue l’idée d’élever des lapins ?
Jadot UWIMANA : Avant de me lancer dans la cuniculture, je faisais l’élevage des poules mais je n’ai pas pu continuer comme je le disais. J’ai commencé à explorer d’autres possibilités par rapport à l’environnement urbain dans lequel j’évoluais. Je suis à Gasekebuye en Mairie de Bujumbura. Il me fallait quelque chose qui s’adapte aux moyens limités et à l’espace limité dont je disposais. Le déclic est venu de mes visites à l’intérieur du pays et aux différentes lectures que j’ai faites sur le sujet. J’ai constaté que c’était un créneau exploitable étant donné que peu de gens, à cette époque en 2019, comprenait le potentiel commercial du secteur. Après ces défis, la cuniculture m’a semblé opportune et la magie a opéré. Les lapins sont devenus une bénédiction pour moi.
Akeza.net : Quel est le potentiel commercial de la cuniculture dans un pays comme le Burundi ?
Jadot UWIMANA : Cet élevage présente de nombreux d’avantages. Premièrement, il m’a permis d’avoir un travail et de créer des emplois pour les autres. Grâce à ces revenus, je suis indépendant et surtout, je peux planifier d’autres projets qui m’apporteront encore plus. Je commercialise environ 300 lapins pour une capacité de production de 600kg de viande par an et à 12.000 Fbu le kilogramme, sans compter d’autres résidus qui servent dans l’agriculture. C’est une viande de plus en plus populaire. Même les médecins la recommandent aux diabétiques parce que c’est une viande blanche qui n’a pas de matière grasse. Cependant, je suis un peu limité par le terrain mais des solutions alternatives sont à l’agenda.
Akeza.net : Pensez-vous que ce secteur a de l’avenir au Burundi ?
Jadot UWIMANA : Oui ! C’est un secteur qui a un bel avenir. Nous avons la chance d’avoir le gouvernement « Reta Nkozi » qui s’investit beaucoup en incitant les citoyens à s’investir dans cet élevage afin de contribuer au développement socio-économique du pays. Comme je le disais, nous devons relever le challenge et conquérir le marché international. Et quand on dit lapin, il n’y a pas que la viande. C’est une alternative pour développer aussi notre agriculture avec des intrants bio qui sont très recherchés. Vous comprendrez que c’est une chaine de valeur qu’il faut exploiter. Le gouvernement a prévu un budget assez conséquent pour développer la cuniculture et nous comptons sur son appui pour aller encore plus loin.
Akeza.net : Le président Evariste Ndayishimiye a visité votre entreprise en février 2023. Racontez-nous cette expérience
Jadot UWIMANA : La visite du Président de la République était une visite surprise. En gros, je me suis senti utile dans ce pays. Ses encouragements et conseils m’ont énormément motivé. Il m’a exhorté à me mettre ensemble avec les autres pour plus d’efficacité. Il a aussi mis en place le PAEEJ pour accompagner les jeunes comme moi. Dans tous les cas, le peu de temps que j’ai passé avec lui m’a édifié et m’a fait percevoir d’autres pistes de développement de mon entreprise auxquels je n’avais pas forcément pensé.
Lorry Cybelle GAPFASONI