L’indice du capital humain (HCI) est une mesure internationale qui compare les composantes clés du capital humain dans les pays. En mesurant le capital humain qu’un enfant né aujourd’hui peut espérer atteindre avant son 18e anniversaire, le HCI souligne comment les résultats actuels en matière de santé et d’éducation façonnent la productivité de la prochaine génération de travailleurs.
Cet indice de la Banque mondiale est construit à partir des données de santé et d’éducation collectées jusqu’en mars 2020 dans 174 pays, représentant 98 % de la population mondiale. Il dresse ainsi un bilan de référence sur la situation sanitaire et éducative des enfants avant la survenue de la pandémie de COVID-19.
L’analyse constate qu’en moyenne, les filles obtiennent de meilleurs résultats en termes de capital humain que les garçons. Toutefois, ce bon élan pris par les femmes ne traduit pas leur possibilité de s’imposer sur le marché du travail. En moyenne, le taux d’emploi des femmes est inférieur de 20 % à celui des hommes.
La COVID-19 menace les avancées
L’indice du capital humain 2020 constate que la pandémie exacerbe les risques de violences à l’encontre des femmes, de mariages précoces et des grossesses pour adolescentes ; autant de facteurs qui limitent les perspectives d’apprentissage et d’autonomisation des femmes et des filles.
De plus, la COVID-19 menace d’anéantir l’ensemble des avancées enregistrées dans le monde depuis le lancement de l’indice du capital humain.
David MALPASS, Président de la Banque mondiale appelle à investir dans le capital humain pour maintenir les bases d’un redressement durable « La pandémie menace d’effacer une décennie d’efforts pour renforcer le capital humain, en particulier au niveau de la santé, des taux de survie, de la scolarisation et de retards de croissance. La protection de la population et l’investissement dans leur avenir sont deux mesures cruciales pour maintenir les bases d’un redressement durable pour une croissance dynamique ».
Calculé sur base de cinq composantes, l’indice du capital humain montre les performances des pays sur le taux de mortalité des moins de 5 ans ; les années adaptées à la scolarisation; les scores de test harmonisés ; le taux d’équilibre des moins de 5 ans, et le taux de survie des adultes. Quid sur chacune des composantes.
Taux de mortalité des moins de 5 ans
Le taux de mortalité des moins de 5 ans est la probabilité qu’un enfant né au cours d’une année donnée, décède avant d’atteindre l’âge de 5 ans. Il est fréquemment exprimé en taux pour 1000 naissances vivantes.
Selon le rapport de l’indice du développement humain 2020, les taux de mortalité infantile varient d’environ 0,002 (2 pour 1000 naissances vivantes) dans les pays riches à environ 0,120 (120 pour 1000 naissances vivantes) dans les pays pauvres.
Ce taux a tendance à être faible pour les filles que pour les garçons dans le monde. Il est de 0,03 (30 décès pour 1000 naissances vivantes) chez les garçons contre 0,025 pour les filles.
Le taux moyen de mortalité infantile par groupe de revenu est plus élevé dans les pays à faible revenu (0,07) que dans les pays à revenu élevé (0,01). Les pays pauvres continuent de supporter un fardeau disproportionné de la mortalité infantile. Ceci s’illustrent par les moyennes régionales plus élevées en Afrique subsaharienne (0,07) et en Asie du Sud (0,04).
Le Burundi dans cette composante enregistre un taux de 0.94 entrant dans la moyenne des pays à faible revenu.
Années adaptées à la scolarisation
La composante « Années adaptées à la scolarisation » du HCI saisit le nombre d’années de scolarisation qu’un enfant qui est né aujourd’hui peut espérer atteindre avant l’âge de 18 ans ; par rapport au taux de scolarisation actuelle dans son pays. Conceptuellement, les années adaptées à la scolarisation constitue la somme des taux d’inscription par âge de 4 à 17 ans.
Les années adaptées à la scolarisation ont tendance à être légèrement plus élevées pour les filles que pour les garçons. Ce nombre d’années est de 11,3 pour les garçons contre 11,4 pour les filles. Les années adaptées à la scolarisation ont tendance à être plus faibles dans les pays à faible revenu (7,6) que dans les pays riches. Les moyennes régionales sont les plus faibles en Afrique subsaharienne (8,3) et en Asie du Sud (10,8). Cela suggère que beaucoup de travail reste à faire pour combler l’écart qui s’observe dans les pays à faible revenu.
Dans cette composante, le Burundi enregistre un taux de 7.6. Un taux qui reste faible. Il faudra du coup mobiliser les ressources pour l’améliorer.
Scores de tests harmonisés
L’ajustement de la qualité des écoles est basé sur un effort à grande échelle visant à harmoniser les tests de réussite des élèves internationaux de plusieurs programmes afin de produire l’ensemble de données mondial sur la qualité de l’éducation.
Les scores de tests harmonisés vont de 575 dans les pays riches à 305 dans les pays pauvres. Ils ont tendance à être légèrement plus élevés pour les filles que pour les garçons. En moyenne, Les scores de tests harmonisés pour les garçons sont de 420, contre 430 pour les filles.
Les scores aux tests ont tendance à être plus bas dans les pays à faible revenu enregistrent de bas scores (356) dans cette composante que les pays à revenu élevé (487). Les moyennes régionales sont toujours faibles en Asie du Sud (374) et en Afrique subsaharienne (374).
Le Burundi dans cette composante enregistre un score de (423).
Taux de croissance des moins de 5 ans
La composante « taux de croissance des moins de 5 ans » est défini comme la proportion d’enfants de 5 ans dont la taille est au-dessus de deux écarts-types de la médiane de référence de leur âge. La médiane de référence et les écarts-types sont fixés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Le retard de croissance varie d’environ de 2,5% dans les pays riches à environ 5,4% dans les pays pauvres. Le rapport précise que les niveaux de retard de croissance ont tendance à être légèrement inférieurs pour les filles que pour les garçons.
Le Burundi enregistre un taux de 5.2 % dans cette composante. Un taux qui reste élevé dont il faudra diminuer.
Taux de survie des adultes
Le taux de survie des adultes illustre cette probabilité qu’un jeune de 15 ans décède avant d’atteindre l’âge de 60 ans. Il est exprimé en taux pour 1000 vivants.
Le taux varie d’environ 0,039 (39 décès pour 1000 personnes de 15 à 60) dans les pays riches à environ 0,477 (477 décès pour 1000 personnes de 15 à 60) dans les pays pauvres.
Le taux de mortalité des adultes a tendance à être plus faible pour les femmes que pour les hommes. Il est de 0,183 (183 décès pour 1000 jeunes de 15 à 60ans) chez les hommes, contre 0,120 pour les femmes.
Le taux de survie des adultes a tendance à être plus élevé dans les pays à faible revenu (0,25) que dans les pays à revenu élevé (0,08). Les moyennes régionales sont plus élevées en Afrique subsaharienne (0,26) et en Asie du Sud (0,16). La mortalité des adultes dans ces régions est beaucoup plus élevée que dans le reste du monde. Au Burundi, le taux de survie des adultes est de 0.72.
Signalons que l’indice du capital humain HCI a été lancé en 2018 dans le cadre du Human Capital Project (HCP), un effort mondial visant à accélérer les progrès d’un monde où tous les enfants peuvent réaliser leur plein potentiel.
Depuis son lancement, les résultats se sont globalement améliorés dans le monde. Ils sont à imputer pour l’essentiel aux progrès sanitaires et éducatifs.
Janvier CISHAHAYO