La pandémie de COVID-19 qui secoue actuellement le monde a affecté l’activité économique en générale et celle des entreprises en particulier. Les frontières du pays tournant au ralentie, les mouvements des personnes et les flux des marchandises se sont vus réduits à l’intérieur et à l’extérieur du pays ; ce qui par ricochet a amené les entreprises à lutter pour assurer leur survie. Quel a été l’impact de cette pandémie sur l’activité économique des entreprises au Burundi ? Comment se sont-elles adaptées face à cette situation ? Que projettent-elles dans l’avenir pour mieux appréhender les défis ?
Des entreprises affectées
Pour les startups, l’Impact de la Covid-19 s’est en premier temps manifesté au niveau de la perturbation de leurs activités. Hans Martinien ASSISA, Directeur Gérant de SPEARS CONNECT GROUP (une entreprise qui évolue dans le coaching et en consultance) explique : ‘’ Avant la pandémie, nous proposions des MASTER CLASS pour les jeunes entrepreneurs et étudiants. Nous en organisions trois au cours de différentes périodes de l’année. Étant donné que les rassemblements sont déconseillés aux temps de la pandémie, il s’est avéré impossible de continuer à organiser nos MASTER CLASS ’’.
La crise sanitaire mondiale a aussi affecté la capacité d’approvisionnements des startups au Burundi. Jolie NDAYISENGA, est Gestionnaire à OCEAN STAR BURUNDI, une entreprise évoluant dans l’Import-Export. Elle indique que la pandémie a beaucoup affecté le budget alloué aux transferts vers la Chine car le flux de leurs clients s’est fortement réduit. ‘’Nos clients craignent de faire les commandes et de ne pas pouvoir les acquérir dans les délais. Ils sont du coup devenu réticents à nos offres. Avant pandémie, nous enregistrions plus de 100 000 USD de chiffre d’affaire par mois. Mais avec l’apparition du virus, les entrées ont chutées de moitié soit 50 000 USD par mois’’.
Chez SPEARS CONNECT GROUP, marquer un pas et exporter leur produit vers la RDC était leur projet phare pour cette année. Ceci n’a pas pu se concrétiser à cause de la pandémie. M. ASSISA explique : ‘’ Après 3 ans à organiser les MASTER CLASS au Burundi, nous voulions depuis le mois de Mars marquer un pas et organiser l’activité en RDC. Mais vu que les frontières sont fermées, nous avons dû remettre le projet pour plus tard. Les entreprises avec lesquelles nous travaillions n’avaient plus besoin de faire des sessions de « team building». Les entrées étant réduites, nous avons revu nos dépenses et restreint l’effectif de notre équipe. Nous sommes passés de cinq (5) à deux (2) personnes’’.
AHEZA IWACU est une Entreprise qui évolue dans le recyclage des déchets biodégradables. Cette startup a constaté une baisse au niveau de ses finances. Aniella NIYONDIKO Fondatrice et Directrice gérante de l’entreprise précise : ‘’Nous avons enregistré une baisse de 40% au niveau de nos ventes, car la demande a sensiblement diminué. Certains de nos clients se sont retrouvés au chômage technique dû au ralentissement de l’économie. Ceci nous a obligés à réduire le personnel. Normalement, nous utilisons 3 travailleurs permanents, et 5 temporaires. On a dû résilier les contrats pour les 5 temporaires qui nous aidaient dans la transformation des déchets’’.
Claude NIYONGABO, Directeur Pays d’UFANISI ICT SOLUTIONS (Bu) fait savoir que l’impact de la Covid-19 a été désastreuse au niveau de leurs finances : ‘‘Nos revenus ont chuté considérablement à cause d’un faible niveau de ventes. On a vu le nombre de clients diminuer au cours de ces derniers mois. Toutefois, la pandémie ne nous a pas beaucoup impacté au niveau du personnel. Nos Ingénieurs en développement avait déjà développé des compétences de travail à distance car on offre souvent des services et des produits qui ne nécessitent pas toujours notre présence auprès du client’’.
S’adapter à tout prix
Pour Mr ASSISA, Directeur Gérant de l’entreprise « SPEARS CONNECT GROUP », la résolution des problèmes dépend des ressources. C’est pour cela que chez SPEARS CONNECT GROUP, ils se sont focalisés sur les activités en ligne. ‘’ Nous nous sommes beaucoup plus focalisés sur les activités en ligne, et cela a créé plus d’audience, plus d’attention. Depuis, nous proposons des coachings individuels sur les réseaux sociaux (Youtube, Instagramm, Facebook) car les coachings collectifs ne sont plus possibles’’.
‘’ Depuis la fermeture des frontières, nous avons adopté de nouvelles stratégies pour mieux acheminer les commandes jusqu’à nos clients. Au niveau du personnel, nous avons dû licencier certains de nos employeurs car nos activités ont sensiblement réduit’’, précise Jolie NDAYISENGA, Gestionnaire de l’entreprise OCEAN STAR.
Pour Claude NIYONGABO, Directeur Pays d’UFANISI ICT SOLUTIONS (Bu), il n’était pas facile de s’adapter à une situation touchant leurs clients vu qu’ils sont leurs premières sources de revenus. Ils se sont du coup adapter: ‘’Nous avons pu mettre en place une équipe marketing et vente qui avait pour objectif d’éduquer nos clients potentiels à bien adopter les nouvelles technologies dans la gestion de leurs commandes. Du coup, nous avons enregistré des ventes, résultats de cette sensibilisation. Nous sommes convaincus que plusieurs organisations vont se doter de logiciels de gestion en ligne car c’est le futur de l’internet et du business’’, martèle-t-il.
Anniella NIYONDIKO, fondatrice d’AHEZA IWACU propose de s’ajuster : ‘’Dans chaque situation, il est important de savoir s’ajuster. L’entrepreneuriat c’est justement l’apport de solutions à des problèmes existants. La pandémie de COVID-19 nous a incité à diversifier notre champ d’action, et à développer de nouveaux projets en rapport avec une bonne gestion des déchets, et une meilleure prévention contre cette pandémie’’.
Pour faciliter l’après pandémie, les jeunes entrepreneurs proposent aux décideurs quelques voies de sortie pour mieux s’en sortir.
‘’Il faut aider les entreprises pour qu’elles puissent se relever. S’il pouvait y avoir un fond pour aider les jeunes entrepreneurs qui s’étaient déjà lancés mais qui ont vu leurs activités réduites, ce serait un bon début’’, propose Hans Martinien ASSISA, Directeur Gérant de « SPEARS CONNECT GROUP ».
Jolie NDAYISENGA, de l’entreprise OCEAN STAR appelle à la réouverture des frontières : ‘’ Comme la Tanzanie l’a faite, le Burundi devrait rouvrir les frontières, sans oublier que les mesures de prévention et de lutte devront accompagner cette décision pour continuer à lutter contre cette pandémie surtout’’.
‘’ Nous demandons à tous les acteurs et décideurs de mettre en place des plans de contingences sanitaires complets, guidés et à large échelle en vue de renforcer la résilience aux futurs chocs sanitaires, et ceci à travers une forte mobilisation des ressources humaines, techniques et financières pour que toutes les souches de la population soient informées en temps utiles et connaître toutes les mesures appropriées à prendre pour éviter et limiter les dégâts causés par ce fléau au niveau mondial ’’, fait savoir Anniela NIYONDIKO, Directrice d’AHEZA IWACU.
Claude NIYONGABO, Directeur Pays d’UFANISI ICT SOLUTIONS (Bu) plaide pour un accès de l’internet aux startups à prix réduit. ‘’ Il faut que les décideurs organisent des réunions de sensibilisation destinées aux startups en vue de leur apporter des connaissances qui leur permettront de mieux s’adapter aux challenges’’.
L’espoir d’un avenir plus radieux
‘’ Ce que cette crise (et toutes les autres qui peuvent surgir) nous a appris, c’est de toujours garder à l’esprit l’objectif que nous nous sommes fixés en tant qu’entrepreneurs, et adapter les réponses selon les défis qui se présentent à nous chaque jour. Les entrepreneurs doivent garder à l’esprit qu’ils sont là pour apporter des solutions aux problèmes auxquels fait face la communauté. Si un problème surgit, c’est une opportunité d’affaires qui surgit également. Il faut le voir ainsi sinon il est vraiment difficile d’avancer ’’, précise Anniela NIYONDIKO, Directrice d’AHEZA IWACU.
Claude NIYONGABO, Directeur Pays d’UFANISI ICT SOLUTIONS (Bu) ajoute : ‘’ Bien qu’il soit difficile pour les start-up de continuer leurs activités en ces temps de crise sanitaire, nous comptons innover au maximum avec nos produits. On prévoit de développer des solutions qui nous permettront d’avancer aussi vite que possible’’.
‘’Nous voulons conjuguer plus d’efforts pour que dans l’avenir nous soyons à mesure de faire face à de telles crises ; mais aussi organiser plus d’activités pour qu’à chaque fois qu’il y a pandémie, nous soyons plus efficaces dans nos offres’’, précise Hans Martinien ASSISA, Directeur Gérant de « SPEARS CONNECT GROUP.
Janvier CISHAHAYO