Très entreprenant et déterminé, Edison INGABIRE âgé de 29 ans, n’a rien lâché de son rêve depuis 2018. Alors qu’il était encore étudiant à l’Université Polytechnique de Gitega, les pénuries courantes du sucre ne l’avaient pas laissé indifférent. Avec deux de ses camarades, ils ont décidé de substituer la canne à sucre par des bananes pour produire du sucre dans le but d’apporter de l’équilibre à l’offre et créer de l’emploi.
Une solution inédite et prometteuse
Après plusieurs années de pénuries répétitives de sucre sur le marché, le jeune Edison INGABIRE, résidant à Gitega, se dit prêt à apporter sa contribution pour relever ce défi. Alors que la SOSUMO utilise de la canne à sucre pour produire cette substance alimentaire, ce jeune entrepreneur du quartier Gahera propose une nouvelle solution et rassure.
« Pour ceux qui ont déjà eu l’opportunité d’effectuer une visite à la SOSUMO, ils savent que là-bas, les cannes à sucre sont broyées pour en extraire le vesou (Jus de canne à sucre). Nous savons tous que le même procédé fonctionne aussi pour les bananes et que ces dernières donnent aussi du jus sucré. Avec près de 40 litres du jus de banane, On extrait 20 kg de sucre », explique-t-il.
Le projet a vu le jour en 2018. A cette époque, le jeune Edison INGABIRE et ses deux camarades de la faculté des Sciences de l’Ingénieur à l’Université Polytechnique de Gitega se sont mis à discuter sur la production du sucre et la matière première utilisée.
Dans leurs conversations, une comparaison étrange a surgi et produit un déclic. « Nous étions trois jeunes au début. Nous avons fait une discussion sur les moyens de production du sucre et les conséquences fâcheuses de sa pénurie dans le pays. Du coup, nous avons pensé que la banane pourrait parfaitement substituer la canne à sucre dans son rôle de matière première », souligne Edison INGABIRE.
Avant de lancer les activités, ils ont cherché à s’assurer si leur idée avait du sens. Alors ils sont allés voir d’autres personnes pour savoir ce qu’elles pensaient à propos du produit le plus sucré entre la banane et la canne à sucre.
« Nous avons fait une petite enquête auprès des consommateurs du vesou (jus de cannes à sucre) et du jus de bananes. Ils nous ont fait comprendre que le jus de banane est plus sucré que le vesou car, même les parents ne laissent pas leurs enfants le consommer sans l’avoir dilué avec un peu d’eau pour éviter qu’il leur cause des problèmes », ajoute-t-il.
Des défis rencontrés.
C’est à partir de 2022 que les résultats positifs sont apparus après des années de rêves, d’échecs et de lourds investissements. « Notre premier essai a été un grand fiasco. Au lieu du sucre, on a eu du sirop. C’est l’un des produits semi-finis que l’on obtient durant le processus de production du sucre », raconte Edison INGABIRE.
Après avoir lancé leur entreprise et essuyer les premiers revers du parcours entrepreneurial dans une atmosphère truffée de problèmes financiers en particulier, leur unité n’est pas restée ferme. « Le découragement et d’autres responsabilités se sont introduits dans notre unité et ébranlé notre trio. Après ça, je me suis retrouvé tout seul dans cette initiative », déplore-t-il.
Les premiers essais qui ont donné du succès ont été réalisés à l’aide du petit matériel assemblé sans financement venu de l’extérieur. Après avoir constaté qu’il est possible de produire du sucre à travers des bananes, Edison est allé déposer son projet au PAEEJ pour décrocher un financement.
Dans son usine située au Quartier Gahera à Gitega, les moyens obtenus lui ont permis de mettre sur pied des travaux de modernisation et réinstallation du nouveau matériel adéquat servant au processus de production du sucre qu’il entend effectivement lancer d’ici peu.
Les multiples avantages de son initiative.
Au regard de sa vision, le jeune entrepreneur Edison INGABIRE veut apporter sa pierre à l’édifice au développement du pays et contribuer à réduire les fréquentes carences de sucre sur le marché. « Mon rêve est d’augmenter la production du sucre dans le pays pour contribuer à lutter contre sa pénurie qui préoccupe plus d’un. Nous souhaitons aussi créer de l’emploi pour les jeunes », dit-il.
Un autre additif à ce projet est, selon lui, la capacité de booster l’esprit de la culture des bananiers dans la communauté. Ce qui apportera beaucoup de profits à la population.
Quant au sujet de variétés de bananes qu’il privilégie dans la production du sucre, Edison fait savoir qu’il utilise toutes les variétés de bananes brassées pour l’extraction de la bière traditionnelle.
Africa BINTUNUMUKAMA