Gad NIYOMUKUNZI, activiste passionné dans la protection du Lac Tanganyika et son écosystème

Gad NIYOMUKUNZI, activiste passionné dans la protection du Lac Tanganyika et son écosystème

Motivé par son défunt père qui était pêcheur, le jeune artiste burundais Gad-Brighton NIYOMUKUNZI s’est engagé à protéger l’environnement, en commençant par le lac Tanganyika, tout près duquel, il a passé une grande partie de son enfance. Pour lui, les activités néfastes que les gens mènent autour de ce lac (pêche illégal, industrialisation, urbanisation et insalubrité), sont à l’origine de la carence actuelle des poissons dans le lac. Ainsi, en vue de sensibiliser les gens sur la protection du Lac, Gad via son organisation Tanganyika Boys Entertainment vient d’organiser, au centre culturel Izuba de Bujumbura, une exposition des tableaux illustrant ces activités néfastes faites vis-à-vis au Lac Tanganyika. 

 

Akeza.net : D’où t’es venue l’idée de protéger le lac Tanganyika ?

Gad-Brighton : J’ai grandi tout près du lac. Donc, je voyais combien les poissons étaient abondants. En plus, mon père était un pêcheur. Il était capitaine du bateau de pêche moderne qu’on appelait YOROGO. C’était un grand bateau instauré au Burundi par les grecs, qui amenait beaucoup de poissons. Alors, au fil du temps, la production de poissons est devenue de plus en plus basse comparativement à l’époque de mon père. Tout ça, à cause des activités néfastes faites vis-à-vis au Lac Tanganyika. C’est dans cette optique que nous avons initié ce projet intitulé « Tanganyika notre richesse à protéger ». Cela pour montrer au public la cause de la carence du poisson et sensibiliser sur la protection du lac Tanganyika et de son écosystème.

 

Quels sont les grands dangers qui menacent le Lac Tanganyika ?

Gad-Brighton : Les problèmes sont nombreux. Par exemple, il y a les femmes qui font la lessive sur le lac Tanganyika. Le savon qu’elles utilisent, contient des produits chimiques. Ce sont ces produits qui vont tuer les petits poissons qui devraient grandir. Il y a aussi la pêche illégale. Certains pêcheurs utilisent un filet maillant qui contient du poison. Par conséquent, ce filet tue les poissons en grande quantité, même les petits poissons non encore consommables. Pire encore, partout où ce filet passe dans le lac, il y laisse son poison, qui va continuer à tuer des poissons. On citera également les déchets plastiques souvent jetés tout près du lac ou conduits par les eaux de ruissellement. Ces plastiques constituent une menace au lac et à sa biodiversité. Les constructions anarchiques qui vont jusqu’au bord du lac Tanganyika sont aussi une menace pour la reproduction des poissons. Normalement, les poissons pondent des œufs dans des roseaux situés sur les rives du lac. Plus, on fonce vers le lac, plus on délimite leurs espaces de reproduction. Ces constructions devraient respecter les 150 mètres à partir du lac comme le stipule le code de l’eau.

 

Akeza.net : Qu’est-ce qui devrait être fait pour augmenter encore la production du poisson ?

Gad-Brighton : Les poissons qui sont dans le lac Tanganyika sont nombreux. Il y a même des poissons qui n’ont pas encore été pêché parce qu’ils sont à une grande profondeur. Nous avons le Mukeke, Nonzi, Ndagala, NyamuNyamu, Ngege, Sangala, etc. Je demanderais aux hommes d’affaires d’investir dans la pêche, en achetant de gros bateaux de pêche, pour rendre notre pêche industrielle, et récolter de grandes quantités de poissons. Mais aussi, ces hommes d’affaires doivent penser au système d’empaquetage. Nous devons songer à exporter nos poissons comme le font les producteurs de sardines. Nos poissons sont bons. Si le secteur de la pêche est bien structuré, le pays pourrait avoir beaucoup de devises provenant de ce secteur.

 

Propos receuillis par Faustin BIRINDWA