Entretien avec la photographe Rosalie colfs

Rosalie colfs prenant en pleine action , lors d’ une visite à Mpimba (www.akeza.net)

Rosalie colfs prenant en pleine action , lors d’ une visite à Mpimba (www.akeza.net)

Passionnée par  la photographie,  Rosalie Colfs prend l’homme dans son milieu, comme sa source d’inspiration.  Son histoire avec  la photographie a débuté au Burundi, dans l’amateurisme avant, pour muter aprèsdans le professionnalisme. Rosalie Colfs nous a récemment surpris, en transformant les rues de la capitale burundaise en véritable musée. Elle a suivi les traces de l’artiste  français  JR diraient les connaisseurs. Ayant vu, l’attention, l’intérêt  qu’affichaient les passants qui observaient ces portrais, on a contacté Madame Rosalie Colfs, pour en savoir plus.

 

Akeza.net Bonjour, pour commencer notre entretien, une présentation à nos lecteurs ?

 

Bonjour, Je m’appelle Rosalie Colfs, je suis belge d’origine. C’est ici, au Burundi, que j’ai débuté comme photographe, par passion d’abord et professionnellement ensuite. Je suis également maman de quatre formidables enfants.

 

Akeza.net Quand et comment avez-vous découvert le Burundi ?

Je vis au Burundi depuis presque 6 ans. Au départ j’ai simplement accompagné mon mari qui avait un poste pour la CTB. Nous sommes arrivés en famille et je pensais ouvrir un table d’hôte… Elle n’a jamais vu le jour! Très vite j’ai rencontré des artistes engagés qui m’ont ouvert à l’art et la culture ici au Burundi. Ce fut une superbe façon de découvrir le pays! J’ai ensuite sillonné presque toutes les provinces du Burundi en reportage. Il me manque Karuzi et Cankuzo.

 

Akeza.net Les photographes ont une troisième œil, du moins si on tient compte de leur observation, ou leur détection et prise d’image. Que vois-tu, que gardes-tu quand tu te balades ?

 

C’est une jolie façon de décrire les photographes! J’aime les détails, trouver de la beauté et de l’esthétisme dans les petites choses, dans des endroits qui ne se prête ni au « beau » ni à l’art. Je suis touchée par l’Humain tel qu’il est. Aucune de mes photos n’est volée, chaque image est un arrêt du cœur, une rencontre, une histoire.
Akeza.net  «Les travailleurs de l’ombre.» parles nous de ce projet. Pourquoi avoir choisi ce thème, et qu’en est-il d’exposition à ciel ouvert ?

 

J’ai toujours été frappée de l’importance que ces personnes apportentau quotidien au Burundi, ils sont là, partout, dans chaque maison. Les premiers bruits du matin se sont leurs pas, les bruits des brosses qui frottent le sol. On peut les voir portant des poids inimaginable sur leurs dos, descendant la route à toute vitesse sur leurs vélos… Par contre on ne les entend pas et à force on finit par ne plus les voir. Pourtant, il sont là et c’est comme ça. C’est une certaine sorte de fatalité, avec courage, il assurent un revenu, une stabilité. D’une certaine façon j’avais envie de leur proposer une exposition pour les présenter tel que je les vois : impressionnants, beaux, courageux et dignes. Les faire sortir de l’ombre techniquement et visuellement, les montrer en grand pour ne plus passer à côté d’eux sans les voir. Symboliquement, on est obligé de se retrouver face à eux et tout petit …
L’exposition à ciel ouvert… Au niveau de la technique photographique je savais comment les faire sortir de l’ombre. Par contre il restait une inconnue: Comment faire découvrir ce travail au plus large public possible?… Lors d’une promenade, une amie m’a dit « pourquoi tu ne ferais pas un projet comme ce que fait JR?» C’est là que je me suis intéressé au travail de ce photographe français: JR Artiste qui à régulièrement re-tapisser des villes de ces photos. Ce pays a une capitale sans musée où l’art est difficile d’accès. Par contre il y a des murs autour de chaque propriété. C’est en fait, une magnifique galerie d’art. Maintenant, quelques mois plus tard, Bujumbura c’est transformé en musée, accessible par et pour tous.

 

 

Akeza.net  Après quelques jours d’exposition sur les rues de la ville, les gens mal intentionnés se sont mis à déchirer ces photos. Quel est ton commentaire ? Tu n’avais pas pensé à ce risque bien avant, vu que même les petites annonces sont souvent mises en pièces à peine affichées ?

 

Le street art est un art éphémère. En collant les photos, j’avais tout fait pris en compte que je m’exposais à ce qu’elles soit déchirées. C’était un risque, qui à mon sens, valait la peine d’être pris. Et puis finalement, au bout de deux semaines, sur 80 photos exposées seul une dizaine ont été endommagées…

 

Akeza.net  En exécutant ton projet, quelles étaient tes attentes ? Que voulais-tu transmettre aux passants, qui s’arrêtent et se laissent porter par tes clichés en noir et blanc ?

 

En plus de ce que j’ai exprimé plus haut, j’avais envie de surprendre… Je rêvais que l’on parle d’art, qu’on puisse admirer, s’offusquer mais quoi qu’il en soit, que ça suscite de l’intérêt et de la discussion. Je suis ravie de voir les gens se promener main dans la main en regardant des photos et en les montrant du doigt comme dans une galerie d’art géante!

 

Akeza.net  Etre photographe de renom, c’est certainement un rêve pour plusieurs personnes. Que dirais tu à ces jeunes qui aimeraient un jour, devenir comme vous, quitte à exposer leurs photos ?
Tout d’abord, merci beaucoup mais je ne suis pas une photographe de renom! J’ai eu beaucoup de chance d’être très bien entourée de personnes qui m’ont guidées et soutenues. Si je pouvais donner quelques petits conseils ce serait de rester ouvert à la critique, d’essayer de toujours se dépasser, de regarder le plus possible ce qui se fait partout dans le monde et surtout d’oser dans tous les sens du terme! C’est à la portée de tous…
Akeza.net Il parait que tu dis au revoir à ce pays, dans les prochains jours. Quel souvenir garderas-tu de cette nation ?

 

Et oui, dans 2 mois je vais refermer un grand et beau chapitre pour en commencer un nouveau à Kinshasa! Je garderai dans mon cœur tellement de belles rencontres, et des dizaines de paysages! Maiscen’estqu’unaurevoir! Turikumwe.

 

Akeza.net :Merci de nous avoir accorder cet entretien.

 

Rosalie Colfs : Merci à vous

 

L’œuvre de Rosalie Colfs, collées sur les mûrs à Bujumbura (www.akeza.net)

L’œuvre de Rosalie Colfs, collées sur les mûrs à Bujumbura (www.akeza.net)

L’œuvre de Rosalie Colfs, collées sur les mûrs à Bujumbura (www.akeza.net)

L’œuvre de Rosalie Colfs, collées sur les mûrs à Bujumbura (www.akeza.net)

L’œuvre de Rosalie Colfs, collées sur les mûrs à Bujumbura (www.akeza.net)

L’œuvre de Rosalie Colfs, collées sur les mûrs à Bujumbura (www.akeza.net)

Propos recueillis par Armand NISABWE




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