Endo Mike, « La Machine » à hits de bantu Bwoy

Endo Mike, « La Machine » à hits de bantu Bwoy

Endo Mike, « La Machine » à hits de bantu Bwoy ©DR

« The Machine !!! ». Vous avez certainement entendu Big Fizzo le dire au début de certaines chansons. Ce surnom désigne Endo Mike « The Machine ». L’homme derrière les manettes. Il est le producteur attitré du label Bantu. Ce jeune producteur fait aujourd’hui partie des hommes de studio les plus en vogue du moment. Avec plusieurs morceaux à succès à son actif, il représente la relève de ce métier qui, depuis quelques années, occupe une vraie place dans la musique burundaise.

 

10 ans d’apprentissage

En 10 ans de carrière, Endo Mike en a fait du chemin. Abdulaziz NDABIRINDE est né à Ngozi en 1992. Il fait ses premiers pas dans le monde de la musique dans sa ville natale en 2010. A l’époque ce n’est qu’un simple beatmaker qui s’amuse à concocter des instrumentaux pour les artistes locaux. « Je faisais juste des instrumentaux. Je faisais des instrus pour des jeunes artistes et ils allaient enregistrer ensuite dans d’autres studios. Et ce n’était plutôt pas mal. Ensuite, le patron de Kamrizi Records m’a fait confiance et m’a beaucoup aidé en faisant en sorte que je sois toujours à jour en terme de logiciel de travail et technique de l’époque », raconte-t-il.

Endo Mike en studio ©BantuBwoy Studio
Après plusieurs mois dans ce studio,le jeune beatmaker prend la direction du Rwanda. Nous sommes en 2012 et il va faire la rencontre de 2 producteurs qui vont l’initier à l’art de la production musicale. « Là-bas j’ai rencontré 2 producteurs. Des jumeaux qui s’appelaient Sam et Leo. C’est eux qui m’ont appris à jouer du piano. J’ai passé 8 mois à apprendre la production avec eux », explique Endo Mike. Après ses premiers pas dans la production, il revient au Burundi et se lance dans une carrière de producteur. Il se familiarise avec les logiciels d’enregistrement et fait ses armes progressivement.

 

« Je suis revenu au Burundi en 2013 et j’ai commencé à apprendre à utiliser les logiciels d’enregistrement de voix, de mixage et de mastering. Et petit à j’ai commencé à faire des instrumentaux et à faire des séances d’enregistrement. Je lisais des documents et suivait des tutoriels jusqu’à devenir progressivement un producteur complet », nous raconte-t-il.

Mais le jeune producteur qu’il est à l’époque ne s’arrête pas là. Descendu sur Bujumbura en 2014 pour poursuivre ses études, il va travailler quelques temps au studio de Big Sam, avant de retourner à Ngozi. Quoi que possédant de bonnes bases, il choisit d’aller en Tanzanie pour en apprendre davantage. Il va sillonner plusieurs studios de musique tanzaniens et va y apprendre un peu plus sur son métier. Comme il le dit lui-même : « J’ai pu me mettre à part, par rapport à ce qui se faisait à cet époque-là. »


Bien avant ça, en 2014, lors de la Primusic, je lui avais dit que je voudrai travailler avec lui.


« Travailler avec Big Fizzo était un rêve »

En 2018, cela fait près de 6 ans qu’Endo Mike travaille en tant que producteur. Bien qu’ayant travaillé avec de nombreux artistes, le jeune producteur nourrit un rêve. Celui de travailler avec l’une des plus grandes stars de la musique burundaise, Big Fizzo. 4 ans plus tôt il avait fait part au chanteur de sa volonté de travailler avec lui. Les années étaient passées et le rêve lui trottait encore dans la tête. Mais un soir de 2018 va changer les choses.

« Un soir de juillet 2018, Big Fizzo m’a appelé et m’a demandé ce que j’utilisais comme logiciel pour faire de la musique. Question à laquelle j’ai répondu. Il m’a ensuite demandé si on pouvait travailler ensemble sur un projet. Plus tard, il est venu me chercher chez moi et nous sommes allés au studio. Bien avant ça, en 2014, lors de la Primusic, je lui avais dit que je voudrai travailler avec lui. Ce soir-là, nous avons travaillé sur une musique. C’était en fait un test pour voir comment je travaille. Nous avons fini l’instrumental et nous avons enregistré 2 couplets et un refrain. Il m’a ensuite ramené chez moi. 2 jours après, il est revenu me chercher et nous avons fini le projet. Quelques jours plus tard, la manager, qui avait déjà remarqué que le courant passait entre moi et Big Fizzo, m’a proposé de signer avec Bantu Bwoy. C’était l’un de mes rêves. J’ai donc accepté et j’ai signé le 26 juillet 2018 », raconte Endo Mike.

Big Fizzo – Sibeza (prod by Endo Mike « The Machine »

Depuis lors, il est aux manettes sur la grande partie des morceaux produits dans le studio du label Bantu Bwoy. Il a à son actif de nombreux morceaux tels que « Soma Number » de Kirikou Akil, « Kwiti Kwiti » de Double Jay et plusieurs morceaux de Big Fizzo. Entre autre « Iyomba », « F(Fyee) », « Sibeza », pour ne citer qui ceux-là.


« J’aimerai vraiment que la musique burundaise atteigne un niveau international.»


S’ouvrir à d’autres publics

Comme tout acteur de l’industrie musicale burundaise, Endo Mike a un avis sur le fonctionnement de celle-ci. Pour le producteur, il serait temps que la musique burundaise se tourne vers un public au-delà du Burundi. « Il serait temps d’ouvrir notre musique à d’autres publics parce qu’aujourd’hui le public reste le même », dit-il. En d’autres termes, il estime que la musique faite par les artistes burundais devrait s’ouvrir à l’international.

« J’aimerai vraiment que la musique burundaise atteigne un niveau international. C’est vrai que nous autres producteurs travaillons et donnons aux artistes ce qu’ils veulent en respectant ce que demande leur public. Mais cette musique dépasse rarement les limites de Bujumbura. Lorsque cela sort, elle reste dans la diaspora. Ce que j’aimerais c’est que cette musique soit internationale et écoutée de tous. Que même un chinois qui ne comprend pas le kirundi puisse l’écouter et chercher à l’écouter », explique-t-il.

 

Ce que je veux, c’est avoir mon propre studio

Bien qu’il soit actuellement le producteur officiel du label Bantu Bwoy, Endo Mike nourrit un rêve encore plus grand. Celui de posséder son propre studio et surtout son propre label. Le jeune producteur voudrait être un acteur du Buja Fleva à plus grande échelle et apporter plus que des morceaux.

« Ce que je voudrai pour l’avenir, c’est d’avoir mon propre studio et mon propre label. Etre capable d’aider la carrière de 2 ou 3 artistes. C’est vraiment mon plus grand rêve. J’ai bien d’autres rêves mais en ayant mon propre studio et label je sais comment faire pour aller encore plus loin », confie-t-il.

Un rêve qui prendra du temps, convient-il. Il reste convaincu qu’il y a arrivera et il est prêt à attendre le temps qu’il faudra. En attendant, il continue à faire les beaux jours du label Bantu Bwoy et à faire la joie de plusieurs fans. Un travail qui lui vaut aujourd’hui la reconnaissance. Vivement la suite.

 

Moïse MAZYAMBO