L’évènement avait été annoncé pour ce 1er juin 2021 par les autorités sanitaires du Burundi. Le poste frontalier de Gatumba en commune Mutimbuzi a été officiellement rouvert au trafic après plus de cinq mois de fermeture en raison de la pandémie de la Covid-19.
9 heures 02 minutes. Le poste frontalier de Gatumba est encore fermé à tout trafic. Face à face, une foule de gens est massée de part et d’autre le long du pont qui relie les deux pays, en attente d’une cérémonie de réouverture de la frontière. Les fils de fer barbelés érigés en signe de barrage au milieu du pont sont toujours tendus.
Dans un silence de plomb, la foule observe deux officiers de police marcher en direction du barrage. Après un geste de salutations d’usage, le congolais questionne son homologue burundais. «Qu’est que vous avez prévu de votre côté », lance-t-il.
L’officier de police de la RDC saluant son homologue burundais. ©Akeza.net
« A l’entrée, nous vérifions d’abord les documents, puis le voyageur est soumis à un test anti-covid. Le test coûte 15 milles francs burundais pour les Burundais et 30 dollars américains pour les autres », lui rétorque l’officier burundais.
Le test de la discorde
30 dollars américains pour des étrangers qui entrent au Burundi alors que le test est fixé à 5 dollars seulement du côté congolais ! Voilà qui fait monter la colère du côté congolais. Des attroupements spontanés suivis de protestations se forment autour des deux officiels, jusque-là séparés par un barrage. Le burundais sollicite l’intervention de son supérieur pour expliquer à la partie congolaise la décision de son gouvernement.
CPP Maurice Mbonimpa, Commissaire Général des Migrations. ©Akeza.net
Ainsi vient le CPP Maurice Mbonimpa, Commissaire Général des Migrations. Pour lui, les décisions ont été prises souverainement par les gouvernements respectifs et personne ne peut s’y soustraire. «Aucun commentaire à faire la dessus », a insisté l’officiel burundais. La frontière sera finalement rouverte après quelques minutes d’échanges et les voyageurs autorisés à franchir la barrière. Jusqu’à 10 heures, une trentaine de personnes avaient déjà franchi la frontière en direction de la RDC contre deux entrées seulement en territoire burundais.
La menace vient de l’extérieur
Si ceux qui entrent en territoire burundais sont soumis à un test, rien n’a été prévu pour ceux qui vont à l’extérieur. Les candidats à la sortie échangeaient des documents avec les policiers lors de l’enregistrement sans aucune mesure de précaution. Même le dispositif de lavage des mains n’a pas été installé.
L’officier de police congolais. ©Akeza.net
En plus, le certificat délivré par les autorités sanitaires congolaises a une validité de 14 jours. C’est la fermeté coté burundais. Un test est obligatoire à chaque entrée. Cela n’émeut personne pour les congolais qui étaient bloqués au Burundi depuis des mois. C’est le même cas pour Madame Marianne Ndihokubwayo, une burundaise qui vend de l’huile et du lait. Avant la fermeture de la frontière, Marianne se rendait régulièrement dans les villes de d’Uvira et Bukavu pour acheter ses marchandises. Pour elle, le Burundi avait tardé à prendre cette décision de rouvrir sa frontière car ses activités étaient paralysées.
Notons que la décision de fermeture des frontières maritimes et terrestres était en vigueur depuis le 12 janvier 2021. Elle avait été motivée par la découverte d’une quarantaine de cas positifs pour les seules journées du 4 et du 5 janvier. Les frontières étaient donc fermées à partir de cette date aux personnes, mais pas aux marchandises, avait précisé un communiqué du gouvernement.
Albéric NDAYIRUKIYE