L’existence continue des barrières non tarifaires dans le pays appelle la nécessité de concevoir de nouvelles approches et stratégies pour une gestion globale de ces barrières, conduisant à leur élimination. Le CDE Greatlakes en partenariat avec le Comité National de Suivi sur l’élimination des Barrières non tarifaires au Burundi a organisé ce 06 Août 2020 un atelier de réflexion autour de la question « Pourquoi le Commerce transfrontalier est-il paralysé ? ». Réfléchir ensemble sur les options possibles pouvant redynamiser les mécanismes d’élimination de ces contraintes était au centre des échanges.
Un atelier dans la poursuite de Fungua Njia
Aimable MANIRAKIZA, Directeur Exécutif du CDE Greatlakes précise que le commerce est l’un des éléments qui aide à la création de l’emploi et crée les opportunités pour plus de personnes. La campagne Fungua Njia (Ouvrez les frontières en français) est là pour réduire ces contraintes. Il explique : ‘’ Depuis 2017, nous essayons de promouvoir l’un de nos concepts qui vise à réduire la pauvreté. Au sein de notre Think thank promouvant la liberté économique, nous croyons aux solutions locales menées par des individus se trouvant sur les lieux. Nous croyons qu’il n’y a pas une population pauvre mais des lieux pauvres’’. Il renchérit : ‘’Fungua Njia vise à promouvoir la paix et la prospérité. Nous croyons au commerce parce que le commerce est l’un des éléments qui aident à la création de l’emploi et des opportunités pour plus de personnes’’.
Dr Franck Arnaud NDORUKWIGIRA, responsable du projet Fungua NJIA complète M. MANIRAKIZA : ‘’ Le rapport du Doing Business classe le Burundi à la 166eme place, une place très loin dans la facilité des échanges transfrontaliers. Cela témoigne que plusieurs défis maintiennent ce commerce dans la clandestinité et fait qu’il reste une activité à petite échelle mais aussi informelle. Fungua Njia vise à réduire toutes les réglementations sur le commerce transfrontalier afin de sensibiliser sur l’impact positif du libre-échange. Cette campagne va permettre au commerce transfrontalier de contribuer aux revenus des ménages, d’améliorer les conditions de vie, de créer des emplois, sans oublier qu’il favorisera l’autonomisation des femmes, vu que le commerce transfrontalier est exercé par 80% de femmes’’.
Dans sa présentation, le professeur Léonidas NDAYIZEYE a réaffirmé le rôle fondamental que joue le commerce transfrontalier dans la réduction de la pauvreté. ‘’ Le Commerce transfrontalier joue un rôle fondamental dans la réduction de la pauvreté et à l’amélioration de la sécurité alimentaire dans toute l’Afrique et dans la région des Grands Lacs. Même s’il est majoritairement informel dans ce sens où ceux qui le pratiquent ne sont pas enregistrés et ne paient pas d’impôt ; le caractère informel ne signifie pas que ce genre de commerce est inutile ou illégal’’, précise-t-il.
Les barrières au commerce transfrontalier existent et limitent les échanges sur les frontières. Ceci prive les hommes et les femmes d’affaires burundais la possibilité de profiter pleinement de ces avantages.
Des barrières qui persistent
Emile NDIGIRIYE, Président du Comité National de Suivi sur l’élimination des Barrières non tarifaires au Burundi précise que cet organe est à l’œuvre pour éliminer les barrières qui s’observent. ‘’ Notre comité est à l’œuvre et travaille à la satisfaction des hommes d’affaires tant nationaux que sous régionaux en ce sens que depuis 2017, 43 barrières non tarifaires ont déjà été identifiées. 14 parmi elles sont éliminées et les 29 autres sont en cours d’élimination ’’.
Gaston SINDAYIGAYA, un des membres de l’équipe qui a effectué une descente sur les postes frontaliers de GATUMBA, BUGANDA, et RUGOMBO a montré les conclusions sur les barrières relevées par l’équipe. ‘’ 19 Barrières non-tarifaires ont été soulevées par les femmes exerçant le petit commerce transfrontalier sur les postes de GATUMBA, BUGANDA, et RUGOMBO. Plus de 5 barrières physiques à GATUMBA (du pont de la RUSIZI à la frontière) sont érigées par les agents de la police et autres entités’’. M. SINDAYIGAYE signale aussi le harcèlement sexuel et les violences physiques que subissent les commerçantes.
Signalons que l’atelier fut aussi un cadre d’échanges fructueux dans lequel les entraves au commerce transfrontalier ont été identifiées et des solutions quant à leur suppression ont été proposées. Les participants promettent que chacun va œuvrer pour le changement afin que ces barrières soient éliminées voire éradiquées.
Janvier CISHAHAYO