Comédie Musicale : « NZELA », ou quand la femme raconte l’histoire

Comédie Musicale : « NZELA », ou quand la femme raconte l’histoire

Le samedi 15 janvier 2022, la Compagnie de théâtre « OUF » présentait au public la comédie musicale « Nzela ». La seconde du genre après « Mémoire Éternelle » présentée par la même troupe en 2019. Écrite et composée par le duo des frères Arnold et Pierre Claver BANYWERHA, « Nzela » est une succession d’histoires. Des histoires qui retracent le parcours humain. Une forme de voyage de l’humanité à travers le temps et l’espace. Le tout, raconté par la femme, qui reste le point central du récit. Une ode à la liberté de vivre, de penser, d’exister.

 

3 histoires, un seul récit

« Nzela » est une pièce particulière. Dans le sens où elle ne tourne pas autour d’une seule histoire. Cette pièce de plus de deux heures et demi nous raconte le chemin parcouru par l’homme africain, à travers 3 actes mettant en avant certains des moments les plus importants de l’histoire de l’homme africain. De la rencontre avec l’européen à la lutte des classes en passant par le temps béni des révolutions, « Nzela » met en avant le parcours de l’homme vers la liberté et l’accomplissement de soi.

D’où le titre « Nzela » qui signifie « Chemin, route, voie » en lingala, une langue bantoue parlée en RD.Congo , entre autres. « Je voulais écrire une pièce qui raconte l’homme. Une fiction. Et quoi de mieux que de retracer son parcours », dit l’auteur.

Mais si l’histoire a toujours été racontée par des hommes, Arnold OL’OLENYANYA BANYWERHA a fait le choix de donner la parole à la femme. Un choix assumé par l’auteur qui a voulu donner une vraie place à la femme dans l’histoire de l’humanité. « Écrire l’histoire de l’homme, c’est une mer à boire. Il fallait donc faire un choix. Le choix du temps et de l’espace. Le placer dans l’histoire et raconter. Et la femme dans tout ça ? J’y ai travaillé durant un an et une question amenant une autre, cela a donné « Nzela », explique l’artiste.

« Nzela » est donc l’histoire de l’homme vu, vécu et raconté par la femme.

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« Nzela », quand la femme raconte l’histoire (Images) ©Akeza.net

 

S’inspirer du monde pour écrire la musique

Avec un texte aussi long et dense, il fallait une musique capable de raconter, de rendre vivant le texte de la pièce. Une qui puisse véritablement raconter l’histoire, autant que le texte. Et pour cela, Pierre Claver KOKO BANYWERHA a voyagé à travers les musiques du monde. Il a exploré de nombreux registres, autant dans la musique de la sous-région est-africaine que celle venu de plus loin. Il s’est inspiré de toutes ces musiques pour réussir à mettre en musique l’histoire que raconte « Nzela ».

« J’ai pris le temps de visiter certaines cultures, de regarder comment les adapter. J’ai également suivi d’autres grands compositeurs. J’écoutais toutes les chansons que je trouvais intéressantes. Que ce soit à la radio ou même dans un dessin animé (Le Roi Lion, Mohana), mais également d’autres comédies musicales comme Hamilton ou Cléopâtre. Et ce sont toutes ces choses qui m’ont inspiré pour écrire la musique », confie Pierre Claver.

S’il a pu s’inspirer du texte et des musiques du monde pour composer, la longueur de la pièce a été un grand défi. Il lui aura fallu tout faire pour ne pas perdre le fil de la pièce en évitant de perdre son public, ne pas privilégier un style de musique au détriment des autres ou encore ne pas surcharger les acteurs avec une quantité de notes à chanter. Au final il aura réussi à composer une musique qui respecte à sa manière la marche de la pièce.

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« Nzela », quand la femme raconte l’histoire (Images) ©Akeza.net

 

Difficile de parler de « Nzela » sans souligner la qualité de la mise en scène. A l’instar de ce que le théâtre burundais connait depuis quelques années maintenant, la mise en scène de cette pièce est à l’image de l’ouverture d’esprit dont font preuve aujourd’hui les acteurs du théâtre. Mise en scène par Arthur BANSHAYEKO, la comédie musicale est à la croisée des chemins entre la pensée du mouvement qui parle, notamment avec la danse contemporaine mais également une scénographie qui marie avec génie les notions de lumière et d’obscurité. Cela permet de capter l’attention du spectateur en dirigeant son regard vers le centre de l’action. Un travail à saluer.

Au final, « Nzela » est une pièce moderne, autant dans sa forme que dans son fond. Une pièce qui sans le dire questionne l’humain sur son histoire mais également sur la place qu’il donne à la femme dans cette histoire.

 

Moïse MAZYAMBO