Clément NSENGIYUMVA pourrait bien devenir célèbre. Son nom est aux portes de la gloire, malgré une maladie. De « Mwiriwe neza » d’Africanova, il entonne avec aisance les plus beaux airs comme « Un samedi soir sur la terre » de Francis CABREL. Talentueux, Clément est capable d’interpréter 76 chansons en Kirundi, en Français, en Anglais et en Swahili.
La maladie, la guerre et l’exil
Clément serait né en 1990 à Muganza sur les versants de la colline Sure en zone et commune Mpinga-Kayove en province de Rutana à l’Est du Burundi. Il ignore le jour ou le mois de sa naissance.
A 3 ans, il est atteint de rétinite pigmentaire, une maladie génétique héréditaire qui le rend progressivement aveugle.
Alors qu’il est hospitalisé à l’hôpital de Kinyinya de la province Ruyigi, la guerre civile éclate. Clément fuit avec une partie de sa famille vers la Tanzanie où il vivra dans un camp de réfugiés pendant une année.
« J’ai passé toute cette période sans être soigné si bien qu’à notre retour, mon œil droit avait connu des complications sévères et que les médecins ont décidé de l’enlever », se souvient-il amèrement.
Depuis ce jour, Clément vit sans prothèse oculaire. Son œil gauche a été partiellement endommagé et n’a qu’une vision floue.
Clément a fréquenté une école pour enfants vivant avec handicap à Gitega où il a été formé en tannerie, mais son cœur battait plus pour la guitare, dit-il.
Une imitation sans limite
Le jeune artiste de 31 ans qui, jusque très récemment était plongé dans l’anonymat, connaît une ascension fulgurante. La raison du buzz ? La qualité des imitations proposées par le guitariste.
En moins d’une minute, Clément s’intéresse à tous les styles musicaux et il n’a alors aucune difficulté à passer de Canjo Amisi à Steve Wonder.
Et si les accents anglais ou français n’ont pas de secret pour ce chanteur autodidacte, qui reprend des chansons de Bob Marley ou de Julio Iglésias, Clément ne cesse de prouver l’étendue de son talent en s’attaquant également à des morceaux beaucoup plus difficiles comme « Emmenez-moi au bout de la terre » de Charles Aznavour.
Dépasser le handicap
Lorsque Clément apprend à jouer à la guitare, son but était de goûter aux joies de la pratique instrumentale, affirme-t-il. Aujourd’hui, il chante pour gagner sa vie.
Pendant trois jours de la semaine, Clément chante pour les clients du bar « Maza » à Bujumbura. Il passe le reste du temps à Ijenda en commune Mugongomanga en province de Bujumbura où vivent sa femme et leurs deux enfants.
Clément est invité pour chanter lors des fêtes.
« Une fois, alors que j’avais été convié à une fête, j’ai 400 milles francs de pourboire en plus de mon salaire », indique-t-il fièrement.
« L’homme aux mille voix » comme le qualifient ainsi ses fans rêve d’être embauché un jour par un hôtel 5 étoiles.
Albéric NDAYIRUKIYE