Ce mardi 24 Décembre 2019, un atelier de réflexion sur les barrières juridiques qui bloquent la libre entreprise au Burundi réunissait les entrepreneurs, les agences de régulation comme le BBN, le CNTA à l’Institut Français du Burundi. Cet atelier était organisé par le Centre For DEvelopment and Enterprises Great Lakes à travers sa campagne BIRASHOBOKA.
C’est en Avril 2016 que la société Burundi Bw’ejo Development Center (BEDC), représenté par Euphraim NDAYIKEJE, a obtenu officiellement le numéro d’identification fiscale et le registre de commerce. En 2017, BEDC reçoit l’autorisation d’implantation, l’autorisation d’ouverture de la Mairie de Bujumbura, l’attestation de reconnaissance délivrée par la Zone et la Commune, le bulletin d’analyse microbiologique et le bulletin d’analyse microchimique de BBN.
Ce n’est qu’une année plus tard, en juillet 2017, que BEDC a entamé le processus de certification. Mais BDC n’est pas encore parvenu à certifier ses produits. « Ce qui nous empêche d’entrer en concurrence avec les autres entreprises, car c’est ce certificat qui nous confère le droit officiel de mettre au marché nos produits. » dit NDAYIKEJE. Pourtant, NDAYIKEJE confirme qu’il a déjà payé la facture pro forma que les agences de régulation : Bureau Burundais de Normalisation (BBN) et Centre National de Transformation Alimentaire (CNTA) exigent. Pour rappel, ce certificat délivré par BBN devrait en principe être disponible en 10 jours après avoir payé les frais y afférent si l’entreprise remplissait toutes les conditions. BEDC fermente Coriandre Gingembre, Coriandre Naturelle, Bouillie de coriandre, Farine coriandre, Tangawizi et coriandre savon.
Des longues démarches de certifications auxquelles Common Vision Company (CVC en sigle) qui avait été représenté par Alain Jupin MANIRAMPAYE s’est heurté. CVC produit le thé à partir des feuilles d’avocats. Parce que ce genre de produit est nouveau au Burundi, les « normes » (petit livret qui indique les étapes à suivre pour chaque produit avant d’aller demander le certificat), pour ce produit, n’existent pas. BBN a obligé CVC de réunir tous les experts en la matière afin de créer une « Norme » pour son produit afin de le certifier. On lui a recommandé de se procurer des machines équivalant à 120.000Dollars. Un casse-tête pour cette petite entreprise de jeunes qui venait de voir le jour. Il témoigne que plusieurs entreprises travaillant dans la transformation de patate douce, arachide, Betterave sont confrontées à la non existence des « normes ».
Les entrepreneurs à l’origine de la lente délivrance des certificats ?
Pour Eric RURASHINGA qui avait représenté BBN à cet atelier, la lenteur de la délivrance des certificats vient souvent des entrepreneurs eux-mêmes. Beaucoup veulent briser les étapes. Ils viennent avant qu’ils n’aboutissent à l’étape de demander le certificat qui est la dernière. Ce qui est ridicule, c’est qu’ils commencent à compter à partir de ce moment. Or, Le BBN comprend quatre services techniques dénommés « Divisions » qui se complètent dont la division de Normalisation et Métrologie, la division certification, accréditation et surveillance des laboratoires et organismes d’inspection, la division Formation et assistance technique aux entreprises et la division Documentation sur les normes » a-t- il expliqué. Il reconnait néanmoins qu’il y a des produits qui dépassent la technologie de BBN notamment les boissons trop alcoolisées. Dans ce cas, le BBN envoie le produit à l’étranger. Toutefois, il tient à rassurer que le BBN a des promesses de machines en cours d’acheminement.
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Des jeunes engagés à écrire l’histoire de demain
« Avec le règlement qui date de 1993, le salaire minimum (parce que les employés de CNTA ne sont pas concernés par l’harmonisation des salaires en cours), tout cela constitue une barrière pour les entrepreneurs et les employés de cette institution », a reconnu Léon SINZOBAKIRA qui avait représenté le CNTA. Après l’intervention de la CNTA, API qui avait été représenté par Jean Baptiste SAHOKWASAMA en a profité pour informer que dans le cadre de faciliter les affaires, le registre de commerce n’est plus délivré par les tribunaux de grande instance, mais qu’il est cette fois délivré par l’API depuis le 18 Décembre 2019.
« Comment se fait-il que l’on exonère les grandes entreprises qui étaient capable de tout payer et ne pas exonérer les petites et moyennes entreprises qui viennent juste de commencer », se demande Alain Juppé. Il souhaite que les petites et moyennes entreprises soient visées, elles aussi, par l’exonération. Pour supprimer les barrières à la liberté d’entreprise, ces entrepreneurs demandent de mettre sur pied une équipe de recherche et d’innovation. Une équipe qui viendrait étudier et valider les découvertes faites par les jeunes. Des jeunes engagés à écrire l’histoire de demain. Eric qui avait représenté BBN à cet atelier a quant à lui demandé d’enlever certaines démarches qui se révèlent superflues.
Arthur BIZIMANA