Buja Sans Tabou 2020 : Buyenzi, berceau de l’indépendance !

Buja Sans Tabou 2020 : Buyenzi, berceau de l’indépendance !

Dans l’inconscient collectif de la plupart des habitants de Bujumbura, Buyenzi rime avec «swahili », « mécanique » ou encore « Kahawa ». Cependant, nombreux sont ceux qui ignorent la part importante de ce quartier dans l’histoire politique du Burundi. Ce quartier qui a vu naitre le premier parti politique du Burundi semble être, à la lecture de son histoire, le parent non reconnu de l’indépendance de la nation burundaise. C’est en substance ce que donne à comprendre la pièce « Plus de circoncision » jouée par la troupe Lampyre dans le cadre du festival Buja Sans Tabou. Une pièce jouée en plein milieu de la 14e avenue, là même où le Prince Louis RWAGASORE prononçait le discours de l’indépendance plus d’un demi-siècle plus tôt.

 

Burundais et fier de l’être

Même si la pièce s’est entièrement jouée en swahili (la langue la plus parlée de ce quartier), « Plus de circoncision » est avant tout une revendication. Celle d’une population noyée sous des clichés et dont l’appartenance à la nation burundaise est souvent mise en doute. « On dit de nous que nous sommes tanzaniens, congolais. On nous appelle Baswahili, mais on oublie que l’on est des burundais et que l’on en est fier », me disait un des acteurs de la pièce. L’air de dire que malgré le swahili qu’il parle tous les jours, il n’est pas moins burundais qu’un autre.

Quoi que la pièce soit revendicative, elle ne se coupe pas pour autant des réalités de Buyenzi et de ce que nous en savons. En effet, tout au long de la pièce, les traits caractériels de celui-ci sont mis en avant. La quasi omniprésence de l’Islam dans le quotidien de ses habitants, l’attirance presque naturelle des hommes pour la mécanique ou encore le rôle important des femmes qui, entre devoir de soumission et volonté d’affirmation, demeurent les garants de l’équilibre d’une société où la famille est le pilier.

Mais Buyenzi est aussi une terre de paix, d’amour et de partage. Une terre où les clivages n’existent pas. On s’aime, on partage et on vit en paix à Buyenzi.

Dans la revendication de sa « Burunditude » (permettez-moi ce néologisme), l’habitant de Buyenzi rappelle à la mémoire de Bujumbura sa participation à la lutte pour l’indépendance. « Tout s’est passé ici. Sans Buyenzi, on aurait pas eu l’indépendance », pouvait-on entendre dans la pièce. Une phrase au sens lourd et puissant qui rappelle le discours du Prince Louis Rwagasore un certain 18 septembre 1961. Le discours qui changea la destinée de tout un peuple.

C’est fier de ses atouts que l’habitant de Buyenzi clame haut et fort son appartenance à la nation burundaise. Et comme si le dire ne suffisait pas, c’est sous les paroles de l’hymne nationale burundaise que se clôture la pièce. Hissant haut, au sens littéral du terme, les couleurs du Burundi.

Encore une pièce qui nous montre la face souvent cachée de ceux que nous côtoyons au quotidien. Nous aurons encore l’occasion de voir une autre de ces faces lors de la représentation de la pièce « Ija-mbo » que jouera la troupe Umunyinya ce vendredi 21 février 2020 à Nyakabiga à 18h.

Vivement ce soir

 

Moïse MAZYAMBO