Actionaid Burundi : Agir ensemble pour lutter contre les violences faites aux femmes

Actionaid Burundi : Agir ensemble pour lutter contre les violences faites aux femmes

Dans le cadre des 16 jours d’activisme pour les droits des femmes en milieu professionnel qui ont débuté le 25 novembre et prendront fin le 10 décembre, l’ONG Actionaid  a organisé ce 5 décembre une journée de mobilisation sur les violences faites aux femmes dans la province de Ruyigi. Une activité qui s’est déroulée dans les communes Ruyigi et Butaganzwa et qui a vu la participation de plus d’une centaine de femmes, accompagnées des « Activista » de Actionaid.

Réunies dans la matinée du 5 décembre 2018 dans la cour du bureau communal de Ruyigi, les femmes -venues en grand nombre-, les responsables d’Actionaid, les jeunes activistes ainsi que l’administrateur de la commune Ruyigi et la représentante du gouverneur de province ont lancé une marche de mobilisation. Cette marche qui partait du bureau communal finissait sa course sur le terrain de l’ancien stade de Ruyigi sur la place de l’Indépendance.

« Lutter contre les violence faites aux femmes et aux filles est une affaire qui nous concerne tous », tel était le slogan répété en cœur par tous les participants à cette journée de mobilisation. Un message fort adressé à tous les habitants de la commune. Aussi bien aux hommes qu’aux femmes.

Prenant la parole devant le public amassé dans le stade, Mme Beata Musabyemariya, directrice pays d’Actionaid Burundi, il est important que les burundais, tous ensemble unissent leurs forces pour lutter contre toutes les formes de violence faites aux femmes. Nous parlons là des violences domestiques, des violences en milieu scolaire et professionnel, qu’elles soient physique ou psychologique. Une lutte qui met en avant les droits des femmes à plus d’égalité et de considération.

Plusieurs dizaine de femmes lors de la marche de mobilisation en commune Butaganzwa ©Akeza.net

« Les femmes rurales rencontrent plusieurs problèmes, elles sont discriminées, elles subissent des injustices, elles sont battues par leur conjoints, elles sont réduites aux tâches ménagères, etc.  Il faudrait que pendant le temps qu’ils vont passer dans cette campagne, tous prennent le temps de regarder, analyser et comprendre le cas de ces femmes. Elles ont parlé de ce qu’elles subissent dans leur foyer mais elles continuent de se battre. Les lois qui devaient les protéger existent mais ne sont pas assez appliquées », indique Mme Musabyemariya.

Pour cela, les hommes (adultes et jeunes) devraient participer à cette lutter et accompagner les femmes et les filles. « Les hommes, les jeunes garçons et les autorités devraient aider les femmes à avoir plus de droit. Ce n’est pas pour demain mais pour aujourd‘hui » insiste-t-elle.

 

 

Mme Beata Musabyemariya, directrice pays d’Actionaid Burundi ©Akeza.net

Cela prend en compte également les femmes au foyer considérées le plus souvent inutiles et n’apportant aucune contribution au développement de la communauté. Cependant celles-ci constituent le socle même de notre société et effectuent un travail d’une valeur considérable. Un travail qui devrait être rémunéré ou du moins considéré à sa juste valeur et protégé. « La femme contribue énormément  au développement du pays en s’occupant des autres, de leur état de santé dans la famille etc. Mais personne ne veut donner de la valeur à ces travaux  qu’elles font sans être rémunérées », a indiqué Mme Musabyemariya.

Elle a également interpelé les autorités tant locales que nationales, le parlement mais également toute personne exerçant une autorité et ayant la capacité de changer les choses, d’aider les femmes burundaises à plus de droit et de considération. « Il est temps que l’Etat donne de la valeur à ces travaux et que la loi du travail puisse aussi s’appliquer », a-t-elle notée.

Au cours de cette activité, les participants ont écouté des témoignages de plusieurs femmes victimes de violence. C’est le cas par exemple  de la jeune Béoline (19 ans) qui a été violée, battue et laissée pour morte par l’homme qui l’avait mise enceinte et quelques complices. Elle doit la vie à quelques personnes de bonne volonté qui sont venues à son secours avant que cela ne lui soit fatal. Des témoignages troublants qui devraient interpeler tout un chacun sur l’ampleur des violences faites aux femmes, et surtout en milieu rural.

La jeune Béoline donnant son témoignage ©Akeza.net

Pour Actionaid, la lutte continue et le sujet sera placé au centre des débats pour que les femmes burundaises retrouvent leurs droits souvent bafoués. « Nous de notre côté, nous cherchons à créer un milieu où tous seraient égaux, un endroit où mari, femmes, enfants, et jeunes ont la même valeur.  Nous continuerons aussi à créer des moments de rencontre pour des moments de réflexions  afin d’éveiller l’esprit d’échange », nous dit Mme Musabyemariya.

Rappelons que la campagne qui a débuté le 25 novembre se poursuit jusqu’au 10 décembre et passera par toutes les provinces du pays.

 

Moïse MAZYAMBO