Zabulon BUCUMI, 33ans, est un jeune entrepreneur burundais, qui s’est engagé à apporter du changement dans sa société à travers la couture. A côté d’être couturier, Zabulon est aussi professeur à l’Université du Burundi. Convaincu que le fonctionnariat ne suffit pas pour faire sa vie, il a décidé d’ouvrir sa propre maison de couture « ZA Styles Company » ou « ZACO Styles », fabricant des chemises sur-mesure, personnalisées et prêt-à-porter.
Natif de la Province Bujumbura, en Commune Mutambu, Zabulon est un couturier de haut niveau, qui a la particularité d’être détenteur d’un Master en mathématiques. Il a d’abord fait ses études secondaires, section Scientifique A, à l’Ecole Normale de l’Etat sise à Ngagara (E.N.E Ngagara) avant d’obtenir une licence en Faculté des sciences, département de physique à l’Université du Burundi(UB), campus Mutanga. En 2016, Zabulon quitte le pays pour poursuivre ses études de Master en mathématiques au Sénégal. Après ses études de Master, Zabulon est revenu au pays en qualité de professeur à l’Université du Burundi. Aujourd’hui, il officie en tant que professeur et Chef de Département de Génies statistique, à l’institut de Statistiques Appliquées, au campus Nyamugerera. Pour sa sécurité financière, Zabulon BUCUMI a créé un atelier de haute couture situé au Quartier Gasenyi, avenue Le gentil, en mairie de Bujumbura.
Pourquoi la couture ?
Personne ne comprenait comment un homme des sciences consacrait la grande partie de son temps à penser la couture. Mais Zabulon avait décidé de suivre sa passion. Il indique qu’il a été touché par un discours du Chef de l’Etat stipulant qu’aucun fonctionnaire de l’Etat ne peut pas s’enrichir sur base de son salaire mensuel uniquement. « L’entrepreneuriat donne la liberté financière », témoigne-t-il. Avant de poursuivre : « L’idée m’est venue en 2021. J’étais fort convaincu que l’entrepreneuriat serait la clef de ma réussite, mieux que ma fonction d’enseignant. Comme j’avais quelques notions de base sur la couture, j’ai jugé bon d’orienter mes idées vers ce métier. Mes collègues assistants ne me comprenaient pas. J’ai dû même quitter leurs groupes WhatsApp pour échapper à leurs critiques et bien faire mon projet. J’ai ainsi crée ZA Styles Company et fait toutes les procédures de son enregistrement au niveau légal ».
Chemise ZACO Styles ©Akeza.net
La couture OUI, mais quel genre de couture ?
A côté d’être un atelier de couture moderne, ZACO Styles est devenu une marque de vêtement grâce à ses produits personnalisés, munis d’un logo ZACO. Le propriétaire de la maison ZACO confie que sa vision, ses machines et son savoir-faire, le distinguent des autres couturiers de la capitale et de tout le pays. «Je ne voulais pas faire la couture comme celle des autres. Je voulais quelque chose d’innovant mais les moyens pour le faire posaient un problème. Les machines que je voulais, étaient chères et exigeantes. J’ai serré la ceinture, en me privant de toute dépense inutile. Après avoir collecté la somme nécessaire, j’ai passé une commande de 4 machines en ligne sur Alibaba.com, une plateforme chinoise de commerce. J’ai acheté une machine de double-Couture, une boutonnière, une attache-bouton et une piqueuse. Elles ont pris 2 mois à arriver à Bujumbura. Durant toute cette période, J’avais toujours peur car je doutais de leur qualité mais aussi de l’escroquerie numérique. Je me disais si une fois on m’avait menti et m’envoyer des pierres ou d’autres objets, j’allais mourir de stress. Mais Dieu merci, elles sont arrivées, intactes, bien emballées en cartons. Chacune pèse environ 100kg. »
Zabulon BUCUMI, créateur de ZACO Styles devant ses machines ©Akeza.net
Décollage et premiers produits de ZACO Styles
Le début d’une entreprise n’est pas toujours facile. Ca été le cas pour ZACO styles, qui venait de naître sur un terrain vierge, sans mentor ni concurrent. « A l’arrivée de mes machines, je ne savais pas grande chose sur leur fonctionnement. J’ai engagé 2 tailleurs qui s’y connaissaient pour commencer. Mais malheureusement ça n’a pas marché. Ces tailleurs n’ont pas pu faire la qualité des chemises que je voulais. J’ai été obligé de me séparer d’eux pour planifier le plan B », a dévoilé le promoteur de ZACO, avant de confirmer qu’il s’est par la suite formé lui-même à faire la haute couture. «Comme je suis familier de l’internet, J’ai commencé à apprendre la haute couture en ligne, en suivant des tutoriels, en lisant des articles sur la bonne couture, etc. Quelques mois plus tard, j’ai commencé à pratiquer mes connaissances acquises. Aujourd’hui, je remercie Dieu, je parviens à confectionner une belle chemise ayant les mêmes standards que celle importée de l’étranger. Les chemises ZACO sont de belles chemises prêt-à-porter, avec toutes les tailles universelles (small, moyenne, large, extra-large, etc.)».
Défis, plaidoyer et perspectives d’avenir
Apres deux ans d’existence, ZACO styles commence à bien fixer ses racines au Burundi. Le propriétaire de ZACO indique que les clients s’intéressent petit à petit à ses produits malgré les défis liés au manque de bons tissus. « J’ai des clients qui connaissent déjà mes produits. Mais, certains viennent et manquent la qualité des tissus qu’ils veulent parce que je n’en ai pas. La plupart des gens aiment le tissu 100% Cotton car il est bon. Il n’est pas mélangé et ne se chauffe pas. Le problème c’est qu’il est très difficile de trouver de bons tissus 100% Cotton au Burundi. Souvent, on trouve des tissus mélangés, en polyester, en lin, etc. », a-t-il dévoilé tout en signalant que malgré sa popularité, le tissu 100% Cotton se froisse facilement.
Palette de couleurs et motifs disponibles chez ZACO Styles ©Akeza.net
« Dans l’avenir, je veux que ma société soit vaste et connue. Que la majorité des gens portent la marque ZACO. Je veux diversifier mes produits et faire des T-shirts, des robes, des pantalons, des jupes tous de marque ZACO. Pour les Jeans, les machines sont très chères mais j’y arriverai. Je vais aussi ouvrir une grande boutique ZACO au centre-ville de Bujumbura où mes clients vont trouver facilement mes produits. Aujourd’hui je m’approvisionne en tissus, ici, à Bujumbura mais bientôt je veux faire des commandes des tissus en chine et en Italie. Je suis en contact avec certains fournisseurs pour avoir un tissu principal qui sera l’identité de ZACO Styles. Ceci je l’espère pour très bientôt car mon projet a été retenu pour avoir le financement de troisième catégorie, du programme PAEEJ. » a-t-i l conclut.
Faustin BIRINDWA