Maggy KAMPOZA est une jeune burundaise de 23 ans. Passée par le mannequinat, elle devient, aujourd’hui, la première créatrice de parfum au pays de Mwezi. Native du Quartier Kinindo, en mairie de Bujumbura, KAMPOZA trouve son inspiration dans les voyages qu’elle a faits dans différents pays à travers le monde. Mêlant art et agriculture, elle est parvenue à créer « KAMPO PARFUME », la première marque de parfum au Burundi.
From Kampala to Dubaï, les débuts d’une aventure incroyable
L’idée de fabriquer un parfum lui est venu vers la fin 2018. A l’époque, elle était encore élève à Kampala, en Ouganda. Orpheline de père et de mère, KAMPOZA était parti en Ouganda pour finaliser ses études. En Ouganda, elle s’était découvert un talent pour poser face à l’objectif d’une caméra, elle était donc devenu mannequin-photo. Elle faisait notamment des publicités pour des marques de vêtements. Une chose en amenant une autre, ceci lui permettra de voyager et de se faire un réseau dans l’univers des commerçants. « J’ai toujours eu une notion de commerce dès le bas âge car mes parents étaient aussi commerçants. Je me souviens que quand je revenais de l’Ouganda, je rentrais avec des vêtements que je revendais à Bujumbura pour gagner un peu d’argent. », a-t-elle indiqué.
Maggy KAMPOZA, Créatrice de « Kampo Parfume » ©Akeza.net
« J’ai eu encore l’opportunité d’aller à Dubaï pour travailler comme mannequin dans un magasin de vêtements. Le propriétaire du magasin était un ougandais qui avait ouvert une autre branche à Dubaï. Il m’a proposé d’aller avec lui à Dubaï pour faire un autre photoshoot pour ses vêtements. Je ne pouvais pas rater cette opportunité car c’était le premier grand voyage de ma vie. Durant mon séjour à Dubaï, j’ai eu l’occasion de visiter différentes boutiques et magasins qui vendent des produits cosmétiques, dont des parfums. Arrivée dans la sous-région, j’ai vu d’autres entrepreneurs qui produisaient des parfums dans leurs pays, sans utiliser de sommes d’argents énormes. Alors, l’idée de faire comme eux m’est vite venue. Cette volonté, couplée à la présence de matières premières nécessaires au Burundi, m’a poussée à débuter mes recherches en 2020. Étant donné que j’étais familière avec la nature, ce fut facile pour moi de détecter les meilleures fleurs et plantes qui pourraient donner de bonnes odeurs. », indique Maggy KAMPOZA, avant de préciser que comme tout autre startup, ses débuts n’étaient pas faciles.
« Mon souhait est de servir les burundais en leur offrant le même produit qu’ils achetaient à un coût élevé, à moins cher. »
Entre lancement et succès, une multitude de challenges
« A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire », dit-on. Cet adage se vérifie avec la jeune Maggy KAMPOZA qui a dû travailler dur pour réussir à produire un parfum digne de ce nom. « J’avais des difficultés à obtenir des huiles essentielles, indispensable dans la production des parfums. Mais aussi, les flacons étaient tellement chers car je devais les importer à un prix élevé (transport, dédouanement, etc.). C’est uniquement au bout de deux ans et demi de recherches que je suis parvenue à obtenir une bonne combinaison d’odeurs que je puis vendre », confie-t-elle.
Démonstration du processus de fabrication des parfums ©Akeza.net
Aujourd’hui, « KAMPO PARFUME » est une marque qui possède une game de 3 produits se déclinant en 2 parfums pour homme et femme vendus à 90.000 Fbu et un parfum d’ambiance (Ambient) vendu 210.000 Fbu. Des prix qu’elle juge abordable comparativement à d’autre parfums disponibles sur le marché. « Mon souhait est de servir les burundais en leur offrant le même produit qu’ils achetaient à un coût élevé, à moins cher. », a-t-elle ajouté.
Avec une trentaine de produit écoulé, et de nombreuses commandes en attente en 1 mois, Maggy KAMPOZA se dit satisfaite du résultat. Elle a également réussi à signer des partenariats avec des institutions hôtelières, des salons de beautés ou encore des magasins. SunStone Beach à Rumonge, Cristal Lounge Bar, P Club ou encore Alida Make Up sont certains de ses partenaires.
Les produits « Kampo Parfume » ©Akeza.net
C’est le Burundi qui gagne
Bien qu’en tant entrepreneur, l’objectif est de faire du profit, Maggy KAMPOZA met l’accent sur le rayonnement du Burundi sur la scène internationale. Placer le Burundi sur la carte mondiale de la parfumerie est une chose qui lui tient véritablement à cœur. Cela va des produits locaux utilisés dans la fabrication de son parfum à l’emballage floqué « Made in Burundi ». Pour elle, « KAMPO PARFUME » est à l’image du Burundi et cela doit se ressentir dès le premier regard.
« Ce que j’essaie de mettre en avant dans mon travail, c’est l’image du Burundi. Je veux que le monde connaisse le Burundi via mon produit. La plupart des produits que j’utilise sont des produits locaux, notamment le tournesol. J’ai commencé même à cultiver les fleurs de tournesol pour approvisionner mon business. Les odeurs de mes parfums évoquent la nature du pays. L’identité des plantes du Burundi s’y retrouve », dit la jeune entrepreneure.
Compétition Internationale
Dans sa vision, Maggy KAMPOZA veut conquérir le marché international avec ses produits et ainsi vendre l’image de son pays. « Je veux que nos parfums aient une place dans des expositions d’envergure internationale, à côté d’autres parfums de renoms. Dans deux ans, je veux que mon entreprise puisse produire plusieurs sortes de produits cosmétiques différents. Bientôt, on va mettre sur le marché quelques produits dont l’Eau de toilette, des crèmes pour les mains, des parfums pour voiture, des parfums pour enfants ainsi que des lotions. Je pouvais commencer par l’eau de toilette mais j’ai choisi de commencer par le plus dur afin de démontrer qu’au Burundi on peut réaliser de grandes choses », affirme-t-elle
Maggy KAMPOZA présentant ses produits ©Akeza.net
Pour elle, le soutien des autorités locales par l’appui des initiatives lancées par des jeunes permettra de donner un coup de pouce considérable dans la valorisation du « Made in Burundi ». Toujour est-il que , Maggy KAMPOZA pose peut-être là les jalons d’une nouvelle filière commerciale et industrielle dans l’univers économique burundais. Une initiative à saluer.
Noëlla NIYIDUHAYE