Bob Marley ©DR
Le 11 mai 1981, Robert Nesta Marley dit « Bob Marley » quittait ce monde à seulement 36 ans. Bob Marley, reste dans l’inconscient collectif le plus grand prophète du « reggae ». Loin d’en être le véritable pionnier, il est celui qui a réussi à faire dépasser au reggae et au mouvement Rastafari, les frontières de sa Jamaïque natale pour en faire une musique mondialement connue. Un héritage bien vivant, 40 ans après sa mort.
Apparu vers la fin des années soixante et succédant au ska puis au rocksteady, le reggae s’impose comme la musique la plus représentative de la Jamaïque, pays d’origine de Bob Marley. Cette musique était accompagnée d’une véritable doctrine, le « Rastafarisme ». Il s’agit d’un mouvement philosophique et religieux qui a connu un réel essor mondial dans les années soixante-dix.
Bob Marley en concert ©DR
Avec ses 200 millions d’albums vendus à travers le monde, l’ex gamin des rues de Trenchtown (ghetto dans lequel il a passé son enfance) a permis au reggae d’avoir une aura planétaire, bien au-delà des frontières de la Jamaïque. Le reggae est vite inscrit dans la pop culture mondiale. Étant lui-même Rasta, Bob Marley a réussi à populariser la pensée « Rastafari », un mouvement social, culturel et spirituel né en Jamaïque dans les années 1930. Lutte pour la liberté, défense des opprimés, amour, partage et panafricanisme seront donc les messages qui accompagneront la plupart des chansons de Bob Marley.
Cette musique qui prêche l’égalité et magnifie l’homme noir et l’africain gagne le continent noir. Dès le début des années 1980, les premiers artistes reggae « Made in Africa » vont voir le jour. Le Burundi n’est pas en reste. Il connaitra ses premières vagues de « Rastas » et de groupes de reggae dès les années 1990.
Longtemps considéré comme une musique de « marginaux consommateurs de cannabis », le reggae est pourtant, au fil des années, devenu une musique appréciée. Cela encore plus auprès des jeunes qui ont trouvé en lui une manière de s’exprimer. La récente ascension de groupes comme Lion Story ou Prophet Voice en est le parfait exemple. Une génération entière de jeunes burundais aura été bercée par ses dignes descendants du « Tuff gong » (surnom de Bob Marley).
Le groupe Lion Story ©DR
Au-delà du caractère militant et revendicateur qu’il revêt, le reggae s’illustre très souvent comme une musique qui prône la paix et l’amour entre les hommes. « Le rasta est un homme de paix », diront les rastas que nous avons rencontrés dans les rues de Bujumbura. D’après eux, son empreinte est tellement forte dans la société qu’elle aura même influencé le langage des jeunes, imposant des termes comme « rasta » ou encore « Peace » comme des symboles de « coolitude » et d’ouverture d’esprit.
En 40 ans, le reggae et plus encore la philosophie « Rasta » ont dépassé le simple cadre de la musique et de l’idéologie en devenant un véritable effet de mode. Écouter du Bob Marley, porter un T-shirt à son effigie, arborer les couleurs rouge-jaune-vert ou encore avoir des dreadlocks, sont devenus des éléments de la pop culture des 20 dernières décennies. Bien des années après la mort de Bob Marley, des titres tels que Jammin, Could you be loved, No woman no cry, One love, Get Up Stand Up, Redemption Song, I shot the sherrif, Buffalo Soldier sont autant de morceaux légendaires qui accompagnent la jeunesse burundaise depuis bien des années.
Et même si le mouvement reggae au Burundi semble avoir connu un frein depuis quelques années, cette musique reste néanmoins l’une des plus appréciée d’un public essentiellement jeune.
Quoi que le reggae ait tout au long de son voyage et de son évolution, épousé les mœurs et les cultures des peuples qui l’ont accueilli, l’empreinte de Bob Marley se ressent encore aujourd’hui.
Que l’on ait connu Bob Marley ou pas, sa musique reste aussi vivante que lui. L’homme est mort mais il vit toujours parmi ses fans.
Moïse MAZYAMBO