« Sweet Potatoes Company » : transformation de la patate douce en farine !

« Sweet Potatoes Company » : transformation de la patate douce en farine !

Si nous sommes habitués aux farines de manioc, de blé, de maïs ou encore de Sorgho, d’autres espèces de plantes peuvent aussi faire l’affaire. C’est le cas de la patate douce. Au début, l’idée de la transformation de cette plante en farine germe et murit dans la tête d’un groupe de quinze jeunes burundais. Et c’est le début de l’entreprise « Sweet potatoes Company » (Spota Company sis à Kamenge, quartier Songa 8ème No.20). Initiée par Kévin Camus Niyonkuru (25 ans), cette entreprise a pour but de valoriser cette culture. Une première au Burundi !

Sortis fraîchement des universités, les jeunes peinent le plus souvent à se trouver du travail. C’est face à cette difficulté que  les 15 profils du Spota company se sont mis ensemble pour se créer un emploi. L’initiative est donc lancée en septembre 2018 sous l’égide de Kévin Camus Niyonkuru, son fondateur.

Finaliste en Génie électrique à l’Ecole Normale Supérieure(ENS), Kévin Camus trouve sa toute première inspiration d’entreprendre grâce aux formations et conférences sur l’entrepreneuriat dont il a bénéficié. « En 2016, j’ai été formé sur l’entrepreneuriat et l’innovation par une organisation dénommée Youth Globe pendant 6 mois, sur la transformation des produits agro-alimentaires. C’est de là que j’ai été motivé. Et j’ai eu l’idée d’entreprendre », dit-il.

Kévin Camus Niyonkuru,l'initiateur de Spota company.©Akeza.net

Kévin Camus Niyonkuru,l’initiateur de Spota company.©Akeza.net

Afin de nourrir cette idée, Kévin choisit l’agro-alimentaire. Après avoir constaté une  consommation limitée de la patate douce au Burundi (ce qui engendre une perte de la production), Camus va explorer ce terrain encore vierge afin de valoriser cette culture. Mais cette idée n’est pas fortuite puisqu’il s’inspire d’une cultivatrice. « Un jour, j’ai croisé une cultivatrice des patates douces qui se plaignait de sa récolte (abondante). Elle me disait que vu les dépenses qu’elle a injecté dans ses champs, elle craignait qu’en les vendant, elle ne puisse pas récupérer son capital. Du fait qu’au Burundi, cette culture est marginalisée et par conséquent n’est pas prisée au même titre que la banane verte ou les pommes de terre. J’étais vraiment touché par son affliction », raconte-t-il.

De l’idée à l’entreprise

L’adrénaline prenant, Camus décide alors de matérialiser son idée. Il passe donc aux choses sérieuses. Ce sera donc l’enregistrement de son entreprise à l’Agence de Promotion des investissements (API). Leur firme est agréée le 5 décembre 2018. Comptant aujourd’hui 4 employés (1 à temps plein et 3  à temps partiel), Spota company produit de la farine de bouillie (mélangé à d’autres céréales comme le blé, le sorgho, le soja, les arachides) pour un prix 2000F/Kg(Grossiste) et 2500Fbu(aux détaillants) et de la farine de froment (pour le pain et les beignets).

Akiwacu Porridge, la farine de boulllie,produite par Spota Company.©Akeza.net

Akiwacu Porridge, la farine de boulllie produite par Spota Company.©Akeza.net

Naviguant sur un terrain encore nouveau, Camus confie que la concurrence avec d’autres farines est un vrai casse-tête. « Ce n’est pas facile de rivaliser avec d’autres firmes agro-alimentaires comme Azam, Azania et Ingoma ». Toutefois, l’entreprise a mis en place un agent marketing et vente qui est chargé de vanter et proposer ses produits auprès des alimentations, boutiques, etc.

Face aux défis

Même si elle assure une certaine production, l’entreprise souffre du manque d’une machine appropriée (estimée 20,000$). De plus, la certification des produits de cette entreprise reste un défi. « Le BBN (Bureau Burundais de Normalisation) nous exige une grosse somme (450.000FBu) pour les analyses et la certification parce que ce bureau ne dispose pas des normes pour la patate douce. Nous sommes encore au début, on ne peut pas avoir cet argent », se plaint-il.

Ayant un effet protecteur sur la santé, la patate douce est riche en vitamines A, B2, B5, B6, en cuivre et en manganèse. Il s’agit d’un concentré d’antioxydants à charge glycémique modérée (environ 90Kcal pour 100 grammes) que la farine de bouillie aide à bien digérer. Selon Kévin Camus, la patate douce réduit le risque de différents types de cancer et de maladies cardiovasculaires. Elle contribue également à l’élimination des radicaux libres, qui, une fois dans le corps, détruisent les cellules.

Cet Alumni du programme de Young African Leaders Initiative (YALI) sur l’entrepreneuriat et les affaires conseille les autres jeunes à entreprendre et à investir leur temps, énergies et argent non seulement à court terme mais aussi à long terme. « Il faut avoir un esprit créatif et penser à s’associer».

Fleurette HABONIMANA