Qui est Ginette KARIREKINYANA, vice-Présidente de la Chambre Féderale de Commerce et d’Industrie du Burundi-CFCIB ?

Qui est Ginette KARIREKINYANA, vice-Présidente de la Chambre Féderale de Commerce et d’Industrie du Burundi-CFCIB ?

Elle a su se hisser au sommet de l’entrepreneuriat social au Burundi. La médecine traditionnelle lui a servi de point de départ grâce aux produits KARIRE Products. En ces jours de COVID-19 , grâce à la tisane et d’autres breuvages issus de l’artemisia, KARIRE Products voit une effervescence des citadins à ses bureaux du quartier Rohero de Bujumbura. Entre temps , Ginette KARIRE est devenue la vice-présidente de la Chambre Féderale de Commerce et de l’Industrie du Burundi-CFCIB, depuis juin 2019.

Cette burundaise rentrée du Canada en 2014 nous raconte son parcours , les clés de sa réussite et sa joie d’être au service du secteur privé au Burundi.

 

Akeza.net : Qui est Mme Ginette KARIREKINYANA?

 

Ginette KARIREKINYANA : Ginette KARIREKINYANA est née au Burundi. J’y ai vécu jusqu’à la fin de mes études supérieures. Après le lycée, je suis partie poursuivre mes Etudes à l’étranger. J’ai quitté le Burundi en 1993. J’avais 19 ans. Je suis rentrée au pays en 2014. J’ai commencé à m’intéresser au projet ACECI (une organisation non gouvernementale canadienne) au Burundi en 2008. C’est en 2010 que j’ai obtenu une convention avec le gouvernement burundais pour installer ACECI dans le pays.

 

Depuis 2010, je mène des projets au Burundi. Mais de 2010 à 2014, je faisais la navette entre le Burundi et le CANADA. En 2014, je me suis officiellement et définitivement installée au Burundi et j’ai créé KARIRE PRODUCTS.

 

Akeza.net : Quelle est la relation entre ACECI et KARIRE PRODUCTS?

 

Ginette KARIREKINYANA : L’entreprise KARIRE PRODUCTS est un enfant de l’ONG ACECI. KARIRE PRODUCTS est une activité génératrice de revenus de l’ACECI, une ONG canadienne dont les principales activités sont le développement social, le développement environnemental, et le développement économique.

 

KARIRE PRODUCTS a été créée en 2014. Vous comprenez que KARIRE est comme un petit bébé de l’ACECI. ACECI est une ONG canadienne mais l’entreprise KARIRE PRODUCTS qui est née de l’ACECI est une entreprise burundaise enregistrée à l’API.

 

Quand j’ai mis les produits anti-moustique sur le marché, et que j’ai vu que c’était recherchés, j’ai dû multiplier la production. On produisait aussi les désinfectants, et les compléments alimentaires à base de la tisane.

 

L’ACECI parraine KARIRE PRODUCTS dans ses activités. Donc, on travaille avec les communautés pour qu’ils s’approprient des projets en fournissant les matières premières à transformer. Bref, l’ACECI prend en charge le côté social, le côté formation, et le côté information. Ça c’est le côté ONG. KARIRE PRODUCTS va intervenir dans la transformation et la mise sur le marché des produits.

 

Akeza.net : Vos produits à base d’artemisia sont beaucoup sollicités en cette période de la pandémie de COVID-19. Pourquoi cette effervescence?

 

Ginette KARIREKINYANA : L’artemisia est connu comme un anti-paludéen. Il contient plus de 15 molécules anti-paludéennes. On le prend donc à titre préventif et à titre curatif. Dans le milieu des plantes tropicales et médicinales et dans plusieurs traditions asiatiques, ils connaissent les vertus de cette plante. C’est donc grâce à cette plante que le monde asiatique a combattu la malaria. Et puis il y a la doctoresse YU, un médecin chinois, qui a pu mettre en évidence une molécule (l’artesimine) et l’a introduit dans l’industrie pharmaceutique pour en faire des médicaments anti-paludéen ( l’artesunate, amodiaquine). Ces médicaments sont beaucoup utilisés en pharmacie pour les soins de santé contre le paludisme.

 

Avec l’apparition de la COVID-19, on a constaté qu’elle présentait les mêmes symptômes que le paludisme ; que ça soit au niveau de la fièvre, de maux de tête, au niveau des courbatures. Et puis les recherches effectuées ont prouvé que l’artemisia pouvait soigner la COVID-19. C’est l’une des plantes que les chinois, les malgaches, et les allemands ont utilisé pour lutter contre la COVID-19. Des études cliniques ont été faites en Allemagne sur l’artemisia pour soigner la COVID-19, et ça s’est avéré très efficace.

 

Pour nous chez KARIRE PRODUCTS, c’est une chance d’avoir les produits à base d’artemisia. Il y a plus de 10 ans qu’on l’exploite au Burundi contre le paludisme. Les recherches nous ont prouvé que quand on consomme la tisane d’artemisia, on ne tombe pas malade. Tu te guéris, en plus tu te préviens contre la maladie. Donc on peut prendre la tisane d’artemisia à titre préventif et curatif.

 

Je recommande les gens de le prendre, de le consommer dans des boissons chaudes. À titre préventif, on le prend deux à trois fois par semaine, c’est-à-dire trois jours sur sept. Et à chaque prise, on prend un litre, soit trois grandes tasses de 300ml, soit l’équivalent d’une bouteille de fanta. On peut le prendre comme du thé ou comme une boisson chaude ou même comme un complément alimentaire.

 

Akeza.net : Quel est le secret derrière la réussite de KARIRE PRODUCTS?

 

Ginette KARIREKINYANA : Le secret est d’abord la persévérance, puis la passion. Il faut aimer ce qu’on fait. Peu importe les difficultés qui peuvent subvenir, je persévère. Rendre service, aider, partager les connaissances, et travailler au Burundi constituent des ingrédients qui me motivent davantage.

 

Autres chose, les motivations que j’avais au début ne sont plus celles que j’ai aujourd’hui. Car plus les gens accueillent favorablement ce que je leur offres, plus ça me motive à en faire plus.
Quand on s’arrête à cause des obstacles, on est voué à l’échec. Il faut contourner les obstacles, ne pas s’arrêter et surtout ne pas reculer. Il faut aussi chercher à se dépasser. Je me suis évertué à transmettre ma passion à mes employées, pour en faire des collaborateurs. Ce qui est très important.

 

Un autre secret derrière le succès est qu’il ne faut pas être motivé par des récompenses, mais savoir ce qu’on reçoit en retour de ce que tu donnes.

 

Akeza.net : Les produits médicinaux demandent des compétences pour les concococter. Avez-vous une expertise à KARIRE PRODUCTS pour manipuler ces produits ?

 

Ginette KARIREKINYANA : Jusqu’ici, je me suis gardée de faire les mélanges. Si par exemple on veut traiter l’ortie, on le transforme naturellement. On n’ajoute rien, on te donne l’ortie à 100%. On ne le mélange pas avec d’autres produits. Mais pour certains produits comme les produits cosmétiques, on fait de simples mélanges. Nous l’avons appris des spécialistes chimistes ; et nous l’avons adapté à nos besoins notamment avec des huiles végétales et des huiles essentielles que nous fabriquons nous-mêmes.

 

Donc c’est aussi un fruit de la recherche avec des experts car je ne suis pas chimistes à la base. J’apprends les bases élémentaires, puis je m’améliore. Et pour les cosmétiques notamment les démaquillants c’est toujours le même procédé.

 

Mais bientôt, on aura un laboratoire de référence, qui est en train d’être construit. Au fur et à mesure que les moyens viennent, on s’améliore.

 

Heureusement pour nous, selon la réglementation internationale, les produits naturels à base des plantes sans autres ajouts synthétiques n’ont pas besoin d’avoir des certifications spéciales pour être commercialisés. C’est comme-ci je cultivais les amarantes dans mon jardin pour ma propre consommation. On se fie alors à la réglementation et les conventions internationales. Ce qui nous permet de vendre les produits dans la région, même sans les certifications de BBN (Bureau Burundais de Normalisation).

 

Quand la COVID-19 a commencé, nous avons été surpris de l’effervescence de la clientèle, heureusement on avait des stocks, on a bien assuré. Mais, personnellement, je ne suis pas satisfaite de notre capacité de production. On a des produits ici à Bujumbura, on a des produits à Gitega mais on ne couvre pas toutes les provinces. On sollicite un appui des décideurs pour qu’on parvienne à augmenter notre capacité de production afin de satisfaire le marché.

 

Akeza.net : Vous êtes actuellement vice-présidente de la CFCIB. Comment en êtes-vous arrivé là ?

 

Ginette KARIREKINYANA : N’ayant pas vécu les 20 dernières années au Burundi avant mon installation définitif, il a fallu que je cherche à m’intégrer dans la société burundaise, et surtout dans la vie professionnelle. Donc je me suis intéressée aux femmes entrepreneurs, aux artistes et artisans ainsi qu’a l’Agribusiness, vu que je travaillais sur les produits made in Burundi. Soutenue par trois Chambres membres de la CFCIB (Association des Femmes d’Affaires du Burundi, Chambre sectorielle des Artisans et Artistes du Burundi, et l’Agribusiness), j’ai été élue comme Vice-présidente de la CFCIB. C’est une fierté pour moi car on se dit qu’on est apprécié quelque part.

Ce fut une aventure passionnante, exceptionnellement intéressante.

 

Akeza.net : Quelle est la plus-value?

 

Ginette KARIREKINYANA : Avec le début de mes fonctions à la vice-présidence de la CFCIB, je me suis ouverte au secteur privé du Burundi. En même temps c’est ma vision qui s’est élargi. Maintenant je ne suis pas seulement cheffe d’entreprise mais je suis au service du secteur privé burundais.

 

Ma visibilité en tant que femme-entrepreneur s’est renforcée. Ma présence à la CFCIB marque une représentativité des femmes dans cette organisation. Donc au-delà de moi, je représente les autres femmes. Je suis au service de tout le monde, mais je suis aussi attentive à la promotion de la femme au sein de la CFCIB.

 

Propos recueillis par Janvier CISHAHAYO