De part sa beauté, elle est intelligente et accueillante. Elle fait l’honneur à la diaspora burundaise. Il y a bien longtemps, la Princesse KAMATARI fut le premier mannequin noir à défiler en France. Toute une histoire ! Après de longues années, voilà qu’une autre étoile brille de l’autre côté de la Belgique. Un autre chapitre du Burundi dans l’histoire du monde car elle est la toute première présentatrice-noire du Journal télévisé en Belgique francophone. Son nom à elle, c’est Pamela KAZEKARE. Via cette interview, Akeza.net vous la fait découvrir !
Akeza.net : Bonjour.
Pamela K : Bonjour.
Akeza.net : Une petite présentation à nos lecteurs ?
Pamela K : Je m’appelle Pamela Kazekare, je suis journaliste à Antenne Centre Télévision, une télé régionale belge, je suis belgo-burundaise et j’habite en Belgique depuis cinq ans. Je suis la deuxième dans une famille de cinq enfants. J’ai fait mes études primaires et secondaires au Burundi.
Akeza.net : Vous êtes la première africaine-présentatrice du Journal Télévisé en Belgique francophone. Comment vous sentez-vous ?
Pamela K : A vrai dire je suis la première personne de couleur noire à présenter le journal télévisé ici en Belgique, et non la première africaine. Cela représente une grande fierté pour moi de le savoir.
Akeza.net : Quelles études avez-vous faites ?
Pamela K : J’ai un Bachelor en Communication (Bac+3) que j’ai obtenu à la Haute-Ecole Provinciale du Hainaut – Condorcet (ancienne IPSMA).
Akeza.net : Quelles ont été vos motivations pour faire ce métier ?
Pamela K : Je dirais que c’est le métier qui m’a choisi en ce sens que je suis issue d’une famille de communicateurs. Mon père est journaliste aussi, bien qu’il n’exerce plus ce métier mais l’apprend aux autres ; mon grand-oncle était aussi journaliste et présentateur apprécié du journal à la radio, j’ai des cousins cameramen-reporters, réalisateurs, photographes, … J’aime beaucoup la communication, branche dans laquelle j’ai acquis beaucoup d’expérience, ainsi que le journalisme en télévision. Disons que ça a été un défi en arrivant ici en Belgique.
Akeza.net : Journaliste à la télé, est-ce un rêve d’enfance ?
Pamela K : Quand j’étais petite, je me rappelle que j’enregistrai des journaux télévisés de la chaine CFI (Canal France international, devenue TV5). Je m’amusais alors à singer les présentateurs, singer parce que je ne parlais pas alors encore bien le Français. Mais à force, j’ai réussi à prendre leur accent, car à côté je faisais beaucoup de lecture à haute voix, des textes à mon niveau, en m’efforçant d’articuler convenablement « comme les français », me répétai-je. Mais en grandissant, j’ai emprunté d’autres voix et finalement j’ai oublié la présentation du Journal TV, jusqu’à ce jour où une annonce interne dans ma TV invita ceux qui le veulent à passer des tests pour remplacer une présentatrice partie travailler ailleurs. Là, la petite fille endormie en moi s’est réveillée, et j’ai toute de suite su qu’elle voulait sortir, et j’ai foncé pour elle.
Akeza.net : S’il vous est demandé de faire un reportage, combien de temps mettez-vous en moyenne pour un élément du journal ?
Pamela K : En général, on compte 5 à 6 heures. La technologie étant développée, c’est plus rapide de trouver des infos relatives au sujet, puis nous comptons 2 heures en moyenne sur le lieu de tournage (ça peut varier en fonction de ce qui se passe) et 2-3 heures de montage. Nous travaillons à deux sur un reportage : un journaliste et un cameraman. Après le tournage, le journaliste s’occupent seul de tout ce qui suit : l’écriture et la voix du commentaire, le découpage des interviews et tout le montage.
Akeza.net : Pouvez-vous nous parler en profondeur de votre carrière professionnelle ?
Pamela K : Je suis née et j’ai grandi dans la publicité : ma première publicité se situe vers les 5-6 ans. C’est mon père qui m’y a plongé. Les plus de 25 ans qui ont grandi au Burundi connaissent peut-être ma voix à la Radio et la Télé, dans les publicités de MUSALAC, LOVINCO, SOCABU, TOYOTA, LONA, … C’est ma première carrière professionnelle, puisqu’aucune année, même pendant les années de crise ne s’est écoulée sans que je fasse au moins une publicité. Ensuite, dès mon avant-dernière année du secondaire, j’ai commencé comme animatrice à la Radio Publique Africaine.
A la fin de mon secondaire, je suis allée travailler au Centre Culturel Français (actuel IFB) comme hôtesse, puis très vite on m’a chargé de l’animation et des contacts avec les média, puis de la Communication au sens global. J’ai quitté mon poste par après pour travailler à l’agence de communication de mon père, la Great Lakes Advertisers (GLA) où je touchai à tout : les relations publiques, la publicité, le documentaire, … Cela a été l’occasion pour moi d’être formée par mon propre père, un moment inoubliable finalement. J’ai aussi collaboré par-ci par-là avec d’autres agences de communication, et des associations. Quand j’ai quitté le Burundi pour la Belgique, j’ai tout de suite repris mes études, et c’est suite à mon stage en deuxième année que j’ai commencé mes collaborations en télévision avec Antenne Centre. J’ai eu beaucoup de chance parce que c’était cela mon job d’étudiant. Depuis j’y suis toujours, comme reporter et présentatrice du journal. Depuis peu, je me suis essayée à l’écriture en produisant un dossier sur « les richesses culturelles et historiques du Burundi », in « Burundi, Haut en Couleur », éd. Weyrich Africa. Le dossier a été apprécié et m’ouvre une autre grande porte que je suis entrain de franchir tout doucement.
Akeza.net : Selon vous, quelles sont les difficultés du métier de journaliste ?
Pamela K : Tout d’abord, je dois reconnaître qu’être journaliste se définit différemment en fonction du pays dans lequel on se trouve. Les difficultés donc sont différentes. Pour ce que je connais du Burundi, je pense que ma première difficulté serait les sources : où les trouver quand internet n’est pas encore bien fourni ni très accessible? Vous savez, le fait d’être informé de ce qui se passe ailleurs permet de mieux comprendre ce qui se passe devant soi parfois. Bien entendu la question des moyens financiers est importante aussi. Mais pire, je pense que c’est toute cette pression qu’on met sur le journaliste pour étouffer son expression qui me serait difficile à vivre. Comment bien faire son travail quand on sait que son collègue est en prison ou est menacé de mort ? Tout cela joue beaucoup sur la qualité de l’info et l’épanouissement du journaliste.
Ici en Belgique, tous ces problèmes ne se posent pas ou peu, mais la situation n’est pas non plus rose pour autant. Ici, c’est la course. L’info va trop vite que pour prendre le temps nécessaire au recul. C’est la course à la primeur. On te demande d’être très productif, et il n’y a pas de moyens d’investigations. Côté sources, elles sont en excès et difficiles à décortiquer convenablement. Les contrats dans un média sont très durs à avoir, ce qui nous amène à courir plusieurs média en même temps pour joindre les deux bouts du mois.
Akeza.net : Des personnes qui vous inspirent ?
Pamela K : Dans le journalisme, j’ai beaucoup d’affection pour des gens comme Innocent Muhozi, Alexis Sinduhije, Domitile Kiramvu, Jean-Pierre Harerimana pour ne citer que ceux-là au Burundi, mention spéciale à mon père Simon Kururu. Ce sont tous des gens que j’ai eu l’occasion de voir à l’œuvre et qui ont été les premiers à m’impressionner au niveau de leurs productions. D’ailleurs, dès que j’en trouve, je me régale. Cela dit, j’admire beaucoup le travail de mes autres confrères et consœurs du Burundi, parce que leur travail, comparé au mien ici en Belgique me paraît impressionnant.
Ici, en Belgique, j’ai eu l’occasion de rencontrer une belle brochette de journalistes, mais si je devais en citer un, ce serait mon rédacteur en chef Patrick Haumont dont la carrière se rapproche un peu de celle d’Innocent Muhozi : un autodidacte avec une carrière impressionnante. Pour anecdote, nous avons l’équivalent de Kiramvu dans notre télévision, Michèle Hayez, dont j’apprécie le travail concernant le socio-économique de notre région. Pour la présentation, même si ce n’est pas le même domaine que moi, je ne rate pas Yann Barthès dans Le Petit Journal sur Canal +, pour sa légèreté et son second degré.
Akeza.net : Avez-vous de projets particuliers pour votre pays natal ?
Pamela K : Tout plein, mais je n’aimerai pas en parler en détails pour l’instant. Ils sont pour la plupart orientés vers la jeunesse, la laïcité et la musique.
Akeza.net : Est-ce que vous avez des activités ou passe-temps en dehors du travail de journaliste ?
Pamela K : Oui, je chante et je joue de la guitare. En prime pour Akeza, je vous annonce d’ailleurs que je suis en studio avec Riziki Uwinyota, et que d’ici peu nous vous ferons parvenir quelque chose. J’écris aussi, des chansons, des slams, et je voudrais écrire un livre. Sinon, je fais de la natation quand j’en ai le temps et dévore des films et des documentaires. Je suis aussi geek j’avoue, en ce sens que je peux rester scotchée des heures durant sur Internet à me documenter, c’est ma façon à moi de voyager. Je sors relativement peu en boîte, ou même jamais en fait, comparé à quand je suis au Burundi. Ma vie de Bulaya est plutôt en solitaire.
Akeza.net : Quel regard portez-vous sur la jeunesse burundaise en particulier et africaine en général ?
Pamela K : La jeunesse burundaise est forte, il faudrait juste qu’elle en soit plus consciente. Nombreux s’en rendent comptent et heureusement. Je vois ça sur les réseaux sociaux, avec toutes les nouveautés qu’il y a au pays : dans la mode, la musique, le théâtre, le journalisme, … Mais c’est une jeunesse livrée à elle-même. Je trouve que beaucoup se débrouillent franchement bien. Il n’y a pas de travail certes, et donc ils en créent et c’est une bonne chose. Mais il est clair que sans un réel engagement de l’Etat, cela reste dérisoire, et nombreux sont ceux qui restent dans la précarité, simplement parce que tout le monde n’a pas les compétences d’entrepreneur. Cela dit, la jeunesse, au Burundi comme c’est le cas dans beaucoup de pays africains, est manipulé malgré elle.
On profite de sa naïveté pour l’entrainer dans de mauvais chemins et c’est dommage. La jeunesse a besoin de leaders, d’un berger et peut-être pas celui de l’Eglise, pour trouver sa voie. Mais dès qu’il y en a un qui se pointe, il est vite étouffé à l’instar de Rwagasore, à croire qu’une force essaye à tout prix de la niveler vers le bas. C’est bien dommage. Mais qu’à cela ne tienne, je reste positive sur l’avenir de notre pays et de notre continent, et je crois profondément que la jeunesse y jouera un grand rôle. Le plus important serait qu’elle s’offre des cadres de discussion dès la base, car unie elle trouvera les solutions, ne dit-on pas que « Uwuja gukira indwara arayirata », quand elle mettra les mots sur ses maux, très vite sa morosité laissera place à l’ingéniosité.
Akeza.net : Et la diaspora burundaise en Belgique ? Pensez-vous que notre communauté s’intègre facilement dans différents domaines ?
Pamela K : La diaspora burundaise de Belgique tente de s’organiser tout doucement. Il faut savoir qu’il y a une grande communauté burundaise ici. Malheureusement, les tensions entre burundais arrivent ici amplifiées. La division ethnique est flagrante. Aussi, personnellement, j’ai ressenti comme une perte d’engagement envers le pays d’origine. Nombreux me disent qu’ils ont trop été trompés et ne veulent plus trop s’impliquer dans un projet burundais. Ce qui est décevant d’autant plus que les relations entre la Belgique et le Burundi sont plus que fortes, et vieilles d’une centaine d’année maintenant.
Le poids des burundais de Belgique peut peser sur les décisions prises ici pour notre pays. Là aussi je ne désespère pas, les choses peuvent s’améliorer, c’est une question de temps. Sinon, au niveau culturel et sportif, il y a pas mal d’activités, de spectacles, de matchs, … Dans les grandes villes, il y a même des restaurants et des boîtes de nuit burundais. Aussi, on entend pas mal de projets orientés vers le pays, mais il manque encore une cohésion.
Pour ce qui est de l’intégration, je ne dirais pas que c’est facile, mais peut faire mieux je dirais. D’autres communautés sont mieux organisées pour accueillir et orienter les nouveaux arrivants par exemple. Néanmoins, nous avons des médecins, des journalistes, des juristes, des architectes, des économistes, des biologistes, … burundais en activité, et ceux-là sont très appréciés dans leurs domaines. Nous avons un plus je trouve en arrivant ici : en général, les gens sont déjà bilingues voire trilingues, ce qui est un plus, et si je peux me permettre, pour une personne qui réussissait déjà bien ses études au Burundi, ici c’est de l’eau à boire.
Akeza.net : Un dernier mot aux Akezanautes ?
Pamela K : Je vous remercie de m’avoir lu et de lire Akeza, et surtout j’encourage beaucoup les journalistes Akeza, un site web que moi-même je lis très régulièrement. Rejoignez mon cercle d’amis sur Facebook pour connaître encore plus mes activités si cela vous intéresse, et comme j’aime le dire, Cheers !
Akeza.net : Merci pour l’entretien et bonne chance !
Pamela K : Merci à vous !
Propos recueillis par Leis-Bruel Bryga
Pam congz,c un grand pa k Dieu guid e u tu continue à etr exempl pr ns ki avon le mm reve k toi!
kiss
Je ne peux que te féliciter et t’ encourager à aller plus loin, progresser et s’épanouir dans ce qu’on fait et surtout quand on aime ce qu’ on fait ça ne peut que donner encore la niaque d’ aller plus loin. Je suis très fière de toi . Un exemple pour la jeunesse burundaise.
Archiluce
Nous sommes tres fiers de toi Pamela!!!go ahead!!!
Excellente interview : questions et réponses très intéressantes. Notre compatriote fait preuve d’une grande intelligence…Mon petiti doigt me dit que c’est le début d’une grande carrière et bcp de belles choses. A suivre absolument…Tout ceci nous fait espérer en l’avenir de chère patrie meutrie!
une excellente chose mais elle n est pas la toute premiere personne noire. Tous ceux qui suivent l’actualité en belgique connaissent ce journaliste a la une ou la deux qui presentait le jt du soir et qui a ete candidat du PS ou cdH. En plus lui etait sur une grande et pas une chaine locale de quelque part à Mons. je ne sais pas s il est encore la ca fait 2 ans que je ne suis plus en belgique. Vous en faies pas je suis qd mm fier d’elle comme compatriote mais elle fait un metier ou il faut etre informe et pas dire ce que l’on croit
@ Pierre : le premier n’est pas la première. Et souvent, il est bon de commencer dans une petite chaîne où l’on touche un peu à tout! On peu être fiers d’elle quoi qu’il en soit.
Merci à Akeza pour vos journalistes qui nous trouvent des informations originales. Pamela, j’ai pas beaucoup à dire mais là tu deviens mon idole! Merci et courage à toi <3
@pierre: elle merite les encouragements, elle n,est peut etre pas la premeire personne noire mais elle est la premeire burundaise, pamela kazekare courage et bonne chance.
S’il vous plait lorsque vous citez des Personnages célèbres comme un Présentateur du journal à la radio ,veuillez citer leurs Noms pour ne pas nous laisser à notre soif.Essayez de détailler vos propos ,ensuite dites quelle télévision il s’agit pour que les gens comme @Pierre ne se mettent à douter de vos propos .Félicitations à
Pamela.
Mr ou Mme Cat moi j’ai parlé de la « première personne » et je crois que ça couvre les deux sens que vous voulez m’apprendre à distinguer. Peut-être vous avez survolé sans toutefois bien lire ce que j’ai écrit et j’ai repris les mots de notre sœur à la 2ème question. Et j’ai lu avec beaucoup d’estime le commentaire de Mme Pascale mais là où vous ne m’avez pas compris, c’est que je ne suis pas mal fier de la percée de notre compatriote mais j’ai épingle une grosse affirmation incorrecte comme quoi elle serait la « première personne de couleur noire à présenter le journal télévisé ici en Belgique, et non la première africaine. Cela représente une grande fierté pour moi de le savoir » Vous auriez scientifiquement dû recevoir avec fairplay mon intervention parce que la vérité surpasse la fierté. Veuillez me croire j’aurais aimé que ce soit vrai mais malheureusement ce journaliste dont j’oublie le nom a longtemps présenté le journal de 19h30. Et par ailleurs, sa place a de quoi motiver une fierté même sans qu’elle ait à être première Noire à le faire! Pourquoi ce détails non véridique. Et puis je ne suis pas genre facebook où tout est cute. Ça n’avance pas le monde si tout le monde ne fait que des éloges là où un petit clin d’oeil aurait permis un redressement d’une chose moindre soit-elle. Aimeriez-vous madame que notre sœur journaliste donne l’air d’un clown qui ne regarde même pas l’un des plus grands journaux du pays où elle se fait une notoriété?
We are proud to have you representing our country Burundi out there. What I can say or hope for, is that all of us who are out in foreigN countries, could learn from you and contribute in impacting positively out so loved country. So KOMERA!
Le journaliste dont vouz parlez ne serai pas Pierre Migisha,qui est au cdh?
Merci Anonyme nari naramwibagiye izina. Urakoze cane.
cous i am proud of you .we are lucky to have you in our family .thanks for all
Pierre Migisha était journaliste sportif et présentateur d’une émission sportive. Pour info à Pierre. Pamela est la première à présenter le JOURNAL et non la première noire à apparaître à l’écran. lis bien avant de te lancer dans de gros débats inutiles ;-)
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