« Main gauche », l’homme à qui il manquait un bras mais qui ne se plaignait point !

« Main gauche », l’homme à qui il manquait un bras mais qui ne se plaignait point !

« En toutes choses, remercie le Seigneur ! », plus facile à dire qu’à faire ? Pas quand on a rencontré Jean-Claude CONGERA alias « main gauche ». Bien qu’il lui manque une main, il ne lui vient jamais à l’esprit l’idée de se plaindre. Loin de là. Il embrasse la vie avec un sourire et préfère avancer. Il n’accepte surtout pas que l’on s’apitoie sur son sort et tient à tout faire par lui- même. Quel homme ! 

Jean-Claude marche tranquillement le jour à Kizuka en province Rumonge quand une balle se loge dans son bras droit. Il ne saura ni pourquoi ni par qui. On est en 1997. D’urgence, il se dépêche chez un homme qui avait quelques connaissances en médecine mais ce n’était pas un médecin. Il se souvient « J’étais à l’intérieur du pays, très loin de l’hôpital, j’ai couru vers un homme de mon voisinage que tout le monde allait voir quand on ne se sentait pas bien. Il s’est ensuite occupé de moi ».

Pas d’hôpital ni de médecin dans les environs, il fallait agir avec le peu de matériel accessible sur place. Donc pas le temps de l’anesthésier ni de stériliser les couteaux et ciseaux qui sont à portée de main du « docteur du moment ».

« Certains de mes voisins étaient venus l’aider pour que je reste en place. Il m’avait déjà prévenu que la douleur allait être atroce. Il m’a d’abord ligoté au niveau de l’aisselle droite pour que je ne me vide pas de mon sang. Il a commencé avec une paire de grands ciseaux pour retirer la peau et couper la chair. Je gigotais, me débattait, hurlais et pleurais comme un enfant. A ce stade, il a ouvert une bouteille de bière et l’a aspergée sur la blessure. Et moi qui croyais qu’il avait terminé ! Il m’a regardé avec pitié et m’a dit ‘Je suis désolé mais ceci va vraiment te faire mal’. Il a ensuite utilisé un couteau pour couper l’os. A ce moment, j’avais tellement mal que je voulais juste m’évanouir et me réveiller quand il aura terminé. Mais, peut-être il fallait que j’endure cette souffrance. Lorsqu’il eut fini, il a utilisé une épingle pour suturer. Puis, il a mis des morceaux de vêtements que sa femme n’utilisait plus. Ils m’ont porté jusqu’à la maison » nous raconte-t-il.

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Dix mois plus tard, Jean-Claude était prêt à chercher un nouveau travail. Conducteur de vélo avant l’incident, il pensait se lancer dans autre chose, comme la restauration. C’est ainsi qu’il s’est retrouvé barman à Saga Nyanza Resort, un hôtel au bord du Lac Tanganyika à Nyanza Lac. « J’aime nager, j’aime cuisiner et j’aime rencontrer de nouvelles gens. J’étais très heureux de travailler dans un hôtel près de chez moi ».

Agé de 36 ans, Jean-Claude prend soin de sa femme et quatre enfants de par son travail à l’hôtel. « Ma femme est cultivatrice, j’ai 4 enfants dont un qui va à l’école. Avec ce que je gagne ici, j’arrive à satisfaire les besoins élémentaires de ma famille », dit-il.

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Droitier de naissance, Jean-Claude a dû s’adapter à la réalisation des gestes quotidiens avec un seul bras sans l’aide de personnes. « Boutonner ma chemise, écrire les factures, porter un plateau de verres ou des assiettes pleines de nourritures, je fais tout cela avec le bras gauche. A me voir maintenant, on pourrait croire que je suis né gaucher. Mais, cela n’a pas toujours été le cas ».

Jean-Claude portant des matelas @Akezanet

Pour le taquiner, son chef l’a surnommé « main gauche ». Surnom qui ne le choque pas, mais plutôt le fait rire. « Cela ne me choque pas puisqu’il ne le dit pas pour me blesser. De toutes les façons, tout le monde maintenant m’appelle ‘main gauche’. Même ma femme et les voisins ! Quand je casse un verre ou une assiette, il ne s’énerve pas tandis que quand ça arrive aux autres, ils doivent remplacer ce qu’ils ont cassé » confie-t-il en riant.

Miranda Akim’