L’économie du numérique en période de pandémie : Un plan de sortie pour les entreprises burundaises et africaines ?

L’économie du numérique en période de pandémie : Un plan de sortie pour les entreprises burundaises et africaines ?

Les résultats actualisés de l’ISTEEBU sur l’impact de la pandémie du Covid-19 sur les activités des entreprises et les conditions de vie des ménages au Burundi sortis en 2020 montrent qu’environ (Sept) 7 entreprises sur 10 ont déclaré avoir été touchées par la pandémie.

 

L’Etude montre également que les entreprises ont connu une baisse des ventes de 64,7%. L’accès aux intrants s’est contracté à 52,4%, et leur trésorerie a baissé jusqu’à 55,4%.

En dépit des difficultés qu’elles ont rencontrées, certaines entreprises ont su transformer ces défis en opportunité. Elles ont du coup limité les pots cassés en adoptant l’économie du numérique.

 

Une opportunité saisie  

 

Mr Hans ASSISA est Directeur Gérant de « SPEARS CONNECT GROUP », une entreprise qui évolue dans le coaching et la consultance au Burundi. Il indique que pour faire face aux difficultés engendrées par la pandémie, ils se sont beaucoup plus tournés vers les activités en ligne. ‘’ En migrant vers les activités en ligne, nous avons pu créer plus d’audience et plus d’attention envers notre clientèle ’’.

 

Les propos de M. Hans sont corroborés par une récente étude de l’ISTEEBU. Les résultats de l’étude montrent que 22,5 % des petites et moyennes entreprises ont procédé à l’utilisation de l’internet. 19, 6 % se sont adaptés en organisant des réunions à distance avec leur personnel, et 2,5 % des entreprises ont commencé à utiliser l’internet dans leurs activités.

 

Comme le Burundi, d’autres pays africains ont adopté l’économie numérique comme plan de sortie pour amortir le choc de la pandémie. La récente édition d’Africa’s pulse (un rapport réalisé par la Banque Mondiale sur les perspectives économiques en Afrique) sorti en Octobre 2020 montre que le numérique a permis aux gouvernements, aux entreprises et à la société de continuer à fonctionner en période de distanciation sociale. Vingt-cinq pour cent (25 %) des entreprises ont accéléré leur recours à des technologies numériques et ont augmenté leurs investissements dans des solutions numériques.

 

Des partenariats ont été créés entre les gouvernements et le secteur privé afin de fournir des services en ligne, notamment des informations sur la santé publique et l’apprentissage, ainsi que pour faciliter les paiements électroniques. C’est le cas du Burundi qui a mené une campagne de sensibilisation contre la pandémie via la messagerie mobile.

 

Les technologies numériques ont également permis de stimuler la productivité agricole en Afrique. Ils ont fourni aux agriculteurs un accès à des informations sur les conditions météorologiques, les intrants disponibles (semences améliorées, engrais et tracteurs) et la meilleure façon de les utiliser.

 

Dans plusieurs pays africains, les technologies numériques ont facilité l’accès des agriculteurs à des marchés en amont et en aval en fournissant des informations sur les prix ; en améliorant l’adéquation entre vendeurs et acheteurs, et en permettant par voie numérique une action collective pour accroître l’inclusion des agriculteurs dans les chaînes de valeur agroalimentaires et leur pouvoir de négociation.

 

L’Africa Pulse mentionne également que les technologies numériques ont permis d’améliorer le contrôle qualité et la traçabilité dans les chaînes d’approvisionnement alimentaire. Le rapport met en exergue le système namibien d’identification et de traçabilité du bétail.

 

Où en est le Burundi ? 

 

Bien qu’elle ne soit pas encore vulgarisée dans tous les secteurs du pays, l’économie du numérique au Burundi prend petit à petit un élan. Dans cette course vers l’adoption de l’économie numérique, une entreprise « MEDIABOX »  a pris les devants en se spécialisant dans le secteur.

 

Les récents logiciels développés par cette entreprise au Burundi devraient projeter le pays sur une nouvelle voie qui consolidera les bases d’une économie tournée vers le numérique. Comme le précise Donatien NDAYISHIMIYE, Directeur de Mediabox : ’’ Le logiciel que nous avons développé et utilisé dans le recensement des jeunes chômeurs permettra de fluidifier le commerce entre différents partenaires qui interviennent dans ce projet. Il permettra de géolocaliser toutes les coopératives et leurs partenaires dans le pays. Elles travailleront en temps réel avec la Banque des jeunes, les transporteurs, les clients potentiels et d’autres acteurs grâce à cette application’’.

 

Un autre projet a permis d’implanter les bases de l’économie numérique au Burundi. Depuis Octobre 2013, le Burundi a initié le projet COMGOV (Communication Gouvernementale). Ce projet a été exécuté par le BBS (Burundi Backbone Système). 46 institutions publiques ont été connectées à la fibre optique de BBS qui leur a fourni 100Mbps de capacité internet et 440Mbps de capacité nationales. Malheureusement, ces dernières ne sont pas encore utilisées par manque de systèmes appropriés notamment au niveau du software.

 

Actuellement, plus de 8000 km de fibre optique en aérien et souterrain sont déjà installés dans les 18 provinces du Burundi. Les données de l’Agence de Régulation et de Contrôle des Télécommunications (ARCT) montrent qu’en 2018, 51,81 % de la population disposaient d’un téléphone portable. Toutefois, seuls 10 % de la population fréquentaient la toile, un taux qui reste faible, ce qui handicape la vulgarisation de l’économie du numérique.

 

Il est plus qu’urgent que des stratégies soient adoptées pour déployer des infrastructures haut débit. Ceci incitera les opérateurs économiques à investir partout dans le pays et du coup fructifier les investissements qui ont été injectés dans le projet COMGOV.

 

Janvier CISHAHAYO