La semaine dédiée à la langue maternelle : le kirundi, un tremplin du développement?

La semaine dédiée à la langue maternelle : le kirundi, un tremplin du développement?

Alain Patrick Muheto, Directeur de CEBULAC faisant une déclartion à l’occasion de la journée internationle de la langue maternelle.©akezanet

La journée internationale de la langue maternelle est célébrée le 21 février de chaque année depuis 2000. À l’occasion de cette journée, le Ministère de la Culture et des Sports a fait une déclaration prononcée par le Directeur du CEBULAC (Centre Burundais pour la Lecture et l’Animation Culturelle) M. Alain Patrick Muheto le vendredi 21 février 2020. Cette déclaration a marqué l’ouverture d’une semaine dédiée à la langue maternelle, le Kirundi.

 

Qu’entend-t-on par langue maternelle ?

Par définition, la langue maternelle, dite aussi langue native ou langue première (contrairement à la langue étrangère), est la première langue apprise à la personne dans sa petite enfance.  Autrement dit, c’est la langue qui est parlée à l’enfant à la maison même avant qu’il apprenne à parler. C’est celle que la mère parle à son enfant, celle qui le berce durant toute son enfance et lui évoque l’affection au sein de son cercle familial et de sa société.

Docteur Ferdinand Mberamihigo, enseignant à l’Université du Burundi dans la Faculté des Science Humaines, département  de Langues et Cultures Africaines, fait savoir qu’au Burundi, la langue maternelle est le kirundi en général et le swahili en particulier pour les communautés où le swahili est couramment parlé (cas de Buyenzi dans la ville de Bujumbura).

 

Comment promouvoir le kirundi en tant que langue maternelle?

« Afin de promouvoir le kirundi, le mieux serait de pousser les burundais à aimer cette langue, contrôler comment elle est utilisée, éviter qu’elle se mélange avec d’autres langues, organiser des compétitions d’écriture en kirundi pour multiplier des documents écrits en kirundi. Ce serait mieux aussi de mettre en place un comité d’experts chargé de trouver des mots techniques en kirundi et de créer des applications de téléphones utilisant le kirundi (l’application d’une bible écrite en kirundi par exemple)», propose Dr Ferdinand Mberamihigo.

Et de renchérir : « Il s’avère important de soutenir la littérature burundaise (amayagwa), les clubs culturels utilisant le kirundi et les producteurs de films (amareresi) joués en kirundi. Il faut aussi valoriser et préserver de toute disparition tout ce qui se rapporte à la culture burundaise, servant de référence pour le kirundi »

Pour ce qui est de la mise en place d’un dictionnaire du kirundi, Dr Mberamihigo confie qu’il y a un projet connexe. Cependant, il déplore le manque de moyens suffisants et de recherches qui étaient faites dans différents domaines de la vie par des étudiants lors de la rédaction de leurs mémoires pour l’obtention du diplôme de licence dans l’ancien système.

 

« Ururimi kavukire, ishingiro ry’ubumenyi bushikana kw’iterambere »

(« La langue maternelle, base de connaissances menant au développement »), tel est le thème choisi par le Ministère de la Culture et des Sports pour la célébration de la vingtième édition de la journée internationale de la langue maternelle.

« Ce thème vise à pousser les burundais à comprendre qu’une langue maternelle est une base de développement aussi bien que c’est un outil de communication qui intervient beaucoup dans la transmission des sciences et de la technologie », a affirmé M. Alain Patrick Muheto, le Directeur du CEBULAC, dans sa déclaration du 21 février 2020. Il a ajouté qu’une information transmise dans la langue maternelle (Kirundi) est bien reçue par un grand nombre de gens contrairement à celle relayée en langues étrangères maîtrisées par une minorité.

Docteur Ferdinand Mberamihigo abonde dans le même sens que le Directeur du CEBULAC. Il explique : «Les informations ou les connaissances transmises dans la langue maternelle sont comprises par tout le monde. Par exemple, si on utilise le kirundi pour enseigner aux burundais comment se protéger contre le coronavirus, ils comprendront tous et mieux que si on les prévient en français ou en anglais».

Rappelons que la journée internationale de la langue maternelle a été proclamée par la conférence générale de l’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture (United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization, UNESCO) en novembre 1999.

 

Melchisédeck BOSHIRWA