Impact du COVID-19 sur l’économie : Faustin NDIKUMANA, économiste burundais donne un aperçu

Impact du COVID-19 sur l’économie : Faustin NDIKUMANA, économiste burundais donne un aperçu

Le coronavirus cause des dommages aux quatre coins de la planète. Bien que l’Afrique soit le continent le moins impacté par la pandémie, les effets de celle-ci sont réels en perte de vies humaines et au niveau des systèmes économiques. Vous auriez-vous déjà demandé les conséquences de cette pandémie sur les économies africaines? Qu’en-t-il de ses répercussions sur l’économie burundaise? Et que faudrait-il faire pour se prévenir et limiter les dégâts ?

En vue de présenter son analyse sur l’impact de la pandémie sur l’économie burundaise et africaine en général, Faustin NDIKUMANA, expert en macroéconomie a invité la presse ce vendredi 27 Mars 2020. L’analyse de M. NDIKUMANA intervient dans la perspective d’éclairer l’opinion sur les conséquences qui pourraient surgir sur les économies ; et les solutions à envisager pour prévenir et préparer convenablement une riposte appropriée.

A quoi l’Afrique devrait-elle s’attendre ?

‘’Beaucoup de pays africains vivent de l’exportation des matières premières ou des cultures de rente. Ils n’ont pas de produit manufacturé sur place. Si la demande de ces produits est en baisse suite au COVID-19, ceci pourrait se répercuter sur les économies africaines’’ fait savoir Faustin NDIKUMANA
Pour appuyer ces propos, il sort l’exemple des minerais du Burundi et d’autres cultures destinées à l’exportation: ‘’ Les minerais de GAKARA sont exportées dans les pays développés par les sociétés londoniennes. Le café lui, est exporté aux États-Unis, à Londres et ailleurs. S’il y a confinement, l’impact sera énorme pour les ressources qui provenaient de ses exportations ’’.

Faustin NDIKUMANA en plein explication de son analyse ©Akeza.net

M.NDIKUMANA souligne un autre problème énonçait comme une réorientation de certaines ressources des organisations internationales (l’OMS, l’UNICEF, Fonds mondiale de lutte contre la malaria, la Banque Mondiale,…) en vue de lutter contre la pandémie: « Aujourd’hui on est en train d’assécher les capitaux en les orientant dans la lutte contre cette pandémie. Ceci pourrait occasionner des perturbations dans ces organisations. Les ressources qui étaient destinées aux pays africains pourraient être revues à la baisse ou gelées », précise-t-il.
A cela, Faustin NDIKUMANA ajoute les répercussions qui devraient frapper le secteur touristique dans certaines économies africaines suite à l’arrêt du trafic.

Et le Burundi dans tout ça?

Faustin NDIKUMANA précise que si le confinement est décrété, les entreprises devront arrêter leurs activités, ce qui se répercutera sur le flux des recettes. ‘’Dans notre pays la taxation indirecte a une part plus importante dans les recettes budgétaires soit environ 70%. Si on ne vend pas, les recettes fiscales diminueront substantiellement alors qu’il y a risque d’augmentation des dépenses publiques liées à la prévention et à la lutte contre ce fléau ’’, martèle NDIKUMANA.
Il ajoute : « 70% de la population burundaise fait de l’économie informelle. On vit du jour au jour. Et si on arrête les activités, comment est-ce qu’on va vivre ? Notre économie n’est pas capable de donner des subventions aux entreprises, et des allocations de chômage. C’est pour cela qu’il faut une solution adaptée au Burundi pour faire face à la crise ».
Un autre facteur que Faustin NDIKUMANA met en exergue est le pouvoir d’achat des burundais qui ne leur permettrait pas de constituer des stocks en cas de confinement.

Alors, que propose-t-il comme solution ?

La principale solution que l’économiste priorise est la conscientisation qu’il considère encore comme déficitaire. ‘’Les gens ne sont pas bien informés sur la capacité de frappe du virus. Il faut qu’ils aient certaines informations liées au délai de vie du virus par exemple. Le ministère en charge de la santé a le devoir de donner la vraie information à la population’’.

Faustin NDIKUMANA propose de réduire les mouvements qu’il qualifie de non essentielles (les spectacles, les fêtes familiales,…) mais de garder les mouvements qui entretiennent l’économie.

Il interpelle l’administration, les services policiers de faire un suivi pour voir si les mesures prises sont respectées.

Pour ce qui est du risque de diminution de la taxation indirecte, Faustin NDIKUMANA propose qu’il y ait un réajustement budgétaire en limitant les dépenses. Il ajoute que les mesures soient prises prudemment pour ne pas perturber les structures économiques.

Janvier CISHAHAYO