Économie : Commerce transfrontalier dans l’EAC, quel impact sur l’intégration régionale ?

Économie : Commerce transfrontalier dans l’EAC, quel impact sur l’intégration régionale ?

Lorsque l’on est un pays enclavé comme le Burundi, le commerce aux frontières est un outil économique de choix. Il sert d’une part de moteur de croissance et de développement et d’autre part favorise l’intégration des territoires et des zones. En tant que membre de l’EAC (East African Community), le Burundi effectue de nombreux échanges commerciaux avec ses voisins de la sous-région est-africaine à travers le commerce transfrontalier. Un commerce qui selon une études de l’IDEC serait un facteur d’intégration régionale.

 

Des avantages commerciaux importants

Si le commerce transfrontalier est un des moteurs de croissance, l’exercice de celui-ci au sein de la communauté de l’Afrique de l’Est comporte des avantages commerciaux importants pour le Burundi. En effet, de nombreux accords bilatéraux mais également régionaux sont en vigueur au sein de la sous-région permettant aux commerçants un exercice plus fluide de leurs activités. Ces avantages incarnés par des traités et accords sont dans une certaine mesure des facteurs d’intégration régionale efficace pour les pays membre de l’EAC.

Au sein de l’EAC, le protocole sur l’Union douanière permet la facilitation du commerce à travers la limitation du nombre et du volume de documents commerciaux, la coordination et la facilitation du commerce et les activités de transport, l’adoption des solutions communes aux problèmes entre états membres. Bien évidement ce protocole supprime les barrières tarifaires et non tarifaires et crée un tarif externe commun.

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En plus de l’union douanière, il y a également d’autres protocoles tels que celui sur le marché commun qui garantie la libre circulation de personnes, marchandises et capitaux. Ce qui a pour finalité de faciliter les mouvements aux frontières. Ces avantages associés au commerce transfrontalier favorisent la création d’emplois et une certaine diversité de produits en circulation sur le marché régional, ce qui à la longue approfondit l’intégration au sein de la région.

De façon plus illustrative, l’utilisation des documents de voyage serait un bel exemple. En effet, selon l’étude de l’IDEC qui est le résultat d’une enquête effectuée aux frontières entre le Burundi et la Tanzanie et le Burundi et le Rwanda les commerçants à ces frontières usent le plus souvent de laisser passer et de documents délivré à la frontière que de leur passeport. Seul 18% de personnes enquêtées font usage de leur passeport lors de leur passage à la frontière. On pourrait également citer le «Ujirani Mwema» délivré en Tanzanie qui permet au commerçants de circuler librement au sein de la région frontalière (Ngara pour Muyinga et Kigoma pour Makamba).

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Autant d’avantages qui, en plus de faciliter les échanges aussi bien commerciaux qu’humains, allègent de manière considérable le coût des transactions en termes de taxes, documents et procédures à la frontière.

 

Des difficultés auxquels il faudra remédier

Si de manière générale le commerce transfrontalier constitue de par son essence un gage d’intégration régionale pour le Burundi, celui-ci bute néanmoins à un certain nombre de difficultés qui rendent l’exercice de commerce difficile pour plusieurs commerçants.

Parmi celles-ci nous citerons la méconnaissance des avantages liés à l’intégration du Burundi à la communauté est-africaine. Une ignorance qui ne les laisse pas  profiter de tous ce qu’offre l’appartenance à cette entité régionale en termes d’avantages et de facilitation dans le commerce. Bien évidemment, des tracasseries en tous genres et la lenteur que l’on peut encore observer rendent l’exercice difficile.

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Nous pouvons également citer l’utilisation de la langue et de la monnaie lors des échanges commerciaux aux frontières. En effet, toujours selon l’étude, les échanges commerciaux aux frontières tanzaniennes se font dans 85% des cas en swahili contre 15% en kirundi. Idem pour la monnaie tanzanienne qui est utilisée dans 90% des échanges. En effet, la dépréciation de la monnaie burundaise constitue bien souvent un frein au commerce.

Une série de contraintes et de difficultés qui ralentissent l’intégration régionale du Burundi. Trouver des solution à ces problèmes permettrait d’accroître cette intégration régionale et permette aux burundais de véritablement profiter des avantages d’appartenir à l’EAC. Parmi les pistes de solution, nous avons la stabilisation du taux de change possible par l’accroissement des resserves en devises, la diversification des exportations, l’attraction de davantage d’investisseurs étrangers et la baisse de certaines taxes faciliteraient le commerce ou encore la relance de la coopération. Mais également la facilitation de l’accès aux financement, l’application des traités internationaux et la traduction de ceux-ci en langue nationale seraient à court, long et moyen termes des moyens  d’accroître l’intégration régionale du Burundi au sein de EAC.

 

Moïse MAZYAMBO