Andy MWAG ou l’afro-fusion à la burundaise

Andy MWAG ou l’afro-fusion à la burundaise

Andy MWAG ou l’afro-fusion à la burundaise ©Akeza.net

Passionné de musique et guitariste de talent, Andy Mwag fait partie de ces quelques artistes burundais pour qui la musique live est l’essence même de l’art. Passé par le Kenya, puis le Rwanda, le chanteur qui est de retour au pays natal propose une musique empreinte de ses origines burundaises, tout en gardant une touche d’ouverture à l’international. De l’Afro-Fusion made in Burundi qu’il veut populariser, histoire de rendre à la musique burundaise ses lettres de noblesse.

 

Né à Cibitoke (Bujumbura), André NDABANEZE dit Andy Mwag a grandi à Kamenge. Ayant perdu ses parents très tôt, le jeune Andy est emmené à Bukavu (RD. Congo) où il va poursuivre ses études. C’est là-bas qu’il va faire ses premiers contacts avec la musique. Il apprend à jouer à la guitare grâce à un certain « Mwag » (nom qu’il ajoutera à son pseudo d’artiste quelques années plus tard). « Si je joue à la guitare aujourd’hui c’est grâce à lui », dit-il.

Après avoir obtenu son diplôme d’Etat en 2006, Andy revient à Bujumbura et intègre le centre Jeunes Kamenge. Il se retrouve très vite dans le groupe « Remesha Band » dirigé à l’époque par Kaka Boney, un groupe dans lequel il dit avoir tout appris. Avec ce groupe, il va jouer de nombreux concerts dans les quartiers nord de Bujumbura jusqu’à sa rencontre avec le Père Salésien, un Salésien. Ce dernier, qui s’intéresse à la vie du jeune guitariste, va l’aider à s’inscrire à l’Université du Lac Tanganyika. Le Père Désiré, qui avait un groupe de musique au centre Don Bosco, va offrir une guitare à Andy. « C’était une forme d’honneur pour moi d’avoir une guitare. Je faisais partie des rares guitaristes à en avoir une à l’époque », confie Andy.

 

Buja-Nairobi-Kigali

En 2011, alors qu’il est encore étudiant, Andy Mwag fait la rencontre de Kidum lors d’une soirée en la mémoire de feu Jean Christophe MATATA. Surpris par le talent du jeune guitariste, Kidum lui propose de le suivre au Kenya. Mais Andy ne peut pas le suivre puisqu’il fait encore ses études. Quelques mois après cette première rencontre, Andy va recevoir une invitation de Kidum pour jouer en Tanzanie. Ils vont faire 2 dates ensemble (à Dar es Salam et à Mutwara). De là naitra une collaboration qui va durer quelques années. « Kidum m’a dit de créer un orchestre pour que nous puissions l’accompagner lui lorsqu’il vient au Burundi et au Rwanda », raconte Andy Mwag.

Cette relation tissée avec Kidum va finalement l’emmener au Kenya en 2013. Il jouera pendant un an avec le « Boda Boda Band » de Kidum avant de revenir au Burundi. A Bujumbura, il jouera pendant un an dans différents karaokés (Live Bands) notamment Chez Cyrille à Kabondo, avant de se retrouver au Rwanda. Là-bas, il va monter le groupe Best Beat Band, qui va vite se disloquer. Viendra ensuite le groupe « Viva Beat Band » créé avec d’autres artistes burundais vivant au Rwanda. Celui-ci va jouer dans plusieurs bars de Kigali.

 

Yvan Buruvan, le tour de l’Afrique et l’Afro-Fusion

Andy Mwag fait la rencontre du chanteur rwandais Yvan Buravan en 2016. Le chanteur avait besoin d’un groupe pour l’accompagner lors d’une soirée Saint Valentin. Les 2 artistes vont régulièrement travailler ensemble en studio jusqu’au lancement de l’album d’Yvan Buravan en 2018. Cette même année, Yvan Buravan qui vient de remporter le prix RFI Découvertes invite Andy Mwag à l’accompagner dans sa tournée africaine. Andy va faire le tour de l’Afrique aux côtés de Buravan, une tournée qui s’avèrera révélatrice. Tellement révélatrice qu’il va composer les morceaux de l’album « Nisaidiye », fruit des expériences vécu au fil des ans. « C’est vraiment un ensemble d’expériences que j’ai vécues dans ma vie et aussi de choses que j’ai vues lors de la tournée », explique Andy Mwag.

Même s’il avait déjà des morceaux enregistrés, Andy n’était pas forcément porté sur l’Afro-Fusion. C’est sa rencontre avec le légendaire Claudy Siar qui va littéralement changer la conception de son album. « Lorsque j’ai fait écouter mes chansons à Claudy Siar, il m’a dit que les morceaux étaient bien mais que je pouvais faire mieux. Avec mes qualités de guitariste, j’avais la capacité de faire de meilleurs arrangements et faire de la bonne musique africaine. C’est à partir de là que j’ai décidé de faire de l’Afro-Fusion/World Music », raconte Andy qui va enregistrer son album entre avril 2019 et janvier 2020 avec avec Arnaud GASIGE, un producteur burundais installé au Rwanda.

Pour Andy Mwag, la musique burundaise a beaucoup plus à offrir que les rythmes urbains qui inondent les ondes depuis quelques années. Selon lui, les sonorités burundaises ont une dose d’originalité qu’il faudrait exploiter. « Chaque personne a son originalité. Il y a beaucoup d’artistes qui font de la world music mais la particularité de la musique de notre pays c’est sa culture, ses rythmes. Il y a les tambours qui sont aujourd’hui inscrit au patrimoine de l’UNESCO et je vais chercher quelque chose dans ses tambours. Il y a d’autres instruments traditionnels mais également la guitare qui sera jouée de manière très traditionnelle dans ma musique : C’est de la fusion. « L’idée est de mélanger et de donner une identité propre à ma musique », explique Andy qui veut plus que jamais offrir de l’Afro-Fusion made in Burundi.

 

Covid-19 et retour au pays

Son album en poche, Andy Mwag fait face à un problème de taille. La pandémie de Covid-19 qui touche la planète terre entière. Le Rwanda est en confinement et notre artiste ne peut plus vivre de son art. Il décide alors de revenir au Burundi. On est toujours mieux chez soi dira-t-on. « La situation était tellement stricte et cela ne favorisait pas ma vie. Je vivais à Kigali à cause de la musique et comme on ne pouvait plus jouer, je ne pouvais même plus payer mon loyer. J’ai donc décidé de rentrer avec ma femme », dit-il. Le chanteur va poser ses valises une nouvelle fois à Bujumbura en 2020.

Avec son album « Nisaidiye » déjà prêt, Andy va décider d’organiser un concert de lancement le 21 novembre 2020 à l’Institut Français du Burundi. « Le concert s’est bien passé et ça m’a ouvert beaucoup de portes. Cela m’a donné envie d’enregistrer d’autres chansons », confie-t-il. Le retour d’Andy Mwag au Burundi a permis au chanteur de signer avec le label Kuza Music. Un nouveau venu dans le Buja Fleva avec qui Andy dit bien s’entendre.

« Meu Amor » – Andy Mwag ©DR

Quoi que la situation des artistes ne soit pas des plus optimales (Covid-19 oblige), Andy Mwag reste optimiste pour l’avenir. L’artiste reste convaincu que de meilleurs jours sont à venir. « J’ai la ferme conviction que les choses reviendront à la normale et je me prépare pour que lorsqu’il en sera ainsi je sois prêt », dit-il. Au-delà de cela, Andy Mwag voit sa carrière mûrir dans les années qui viennent. D’ailleurs, l’artiste est actuellement en préparation d’un nouvel album qui pourrait voir le jour d’ici la fin de l’année 2021 ou le début de l’année 2022. En attendant ce nouvel album, le chanteur a récemment sorti un nouveau single nommé « Meu Amor », une balade amoureuse aux sonorités très latines.

Avec sa vision, Andy Mwag s’inscrit dans la même lignée que des artistes comme Canjo AMISI, Christophe MATATA ou Nik Dave. Une musique originale portant le sceau de racines burundaises.

 

Moïse MAZYAMBO